Festival de Cannes : des personnes en réinsertion professionnelle recyclent les affiches pour en faire de la maroquinerie

A Cannes-la-Bocca, une seconde vie est donnée aux affiches du Festival de Cannes. Elles prennent la forme de sacs, pochettes et paniers qui sont fabriqués et vendus sur place par des personnes en insertion professionnelle.

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Impossible de rater la silhouette de Jim Carrey qui monte les marches, quand on passe devant la boutique Résines Estérel Azur, rue Saint-Vincent-de-Paul à Cannes-La-Bocca. Alors qu'il était placardé sur tous les murs de la ville au mois de mai dernier, cette fois Jim Carrey se retrouve... sur un tablier ! Celui-ci a été confectionné à partir de la fameuse affiche du 75e Festival de Cannes.

L'association Résines (RESeau d’Initiatives Numériques et d’Ecologie Solidaire) Estérel Azur a vu le jour en 2000. Initialement destinée à réutiliser le bois récupéré après la tempête de 1999, elle s'est peu à peu reconvertie dans la récupération de bâches événementielles. MIPIM, festival de la danse, NRJ Music Awards et bien sûr le plus célèbre des événements cannois, le festival du film : tout y passe !

"L'objectif c'est l'insertion professionnelle"

L'association récupère toutes les affiches sous forme de bâche et les transforme en sacs cabas, pochettes à maquillage, petits paniers ou encore tabliers. Tout est "made in Cannes" : l'atelier de couture se situe juste derrière la boutique. Les machines à coudre sont utilisées par des personnes en réinsertion professionnelle.

Lors de notre visite, Amel est en train de travailler sur un gros sac cabas à l'effigie des NRJ Music Awards : "Au début, je ne faisais que des petits objets, les pochettes et les paniers, mais maintenant je suis passée aux éléments plus grands comme le sac cabas". Avant son arrivée à Résines Estérel Azur, il y a 7 mois, elle n'avait jamais touché à une machine à coudre.

Depuis la crise sanitaire, Amel, 41 ans, percevait le RSA. Avec cette place chez Résines Estérel Azur, elle a pu découvrir un nouveau métier et bénéficier d'une aide pour trouver un poste stable.

"L'objectif n'est pas de les former aux métiers de la couture, explique Yann Le Ruyet, chargé de développement de l'association. L'objectif c'est l'insertion professionnelle : on accompagne les gens en recherche d'emploi qui n'ont pas travaillé depuis longtemps pour qu'ils trouvent un stage ou un emploi qui leur correspond au mieux tout en faisant une activité productive : la couture ou le repassage à la blanchisserie." En général, les contrats d'emploi chez Résines Estérel Azur n'excèdent pas la durée d'un an.

Nathalie, 57 ans, est dans la maison depuis trois ans déjà. Elle a trouvé dans la couture une nouvelle passion. Cette ancienne secrétaire a été licenciée lorsque la société dans laquelle elle travaillait a fermé. Cela lui a permis de constater qu'elle ne voulait plus être secrétaire : elle préfère bien plus fabriquer des sacs en jean, comme celui qu'on retrouve dans la boutique.

Derrière la caisse, on retrouve Hanane, 36 ans, originaire d'Algérie, qui vit au Cannet depuis 6 ans. "Je n'avais jamais réussi à trouver un travail en France, raconte-t-elle. C'est mon assistante sociale qui m'a parlé de l'association. Ma passion, c'est la vente. Alors, après quelque temps passé à l'atelier couture et repassage, j'ai pu me mettre à la vente en boutique."

Si les journées peuvent être calmes en ce mois de janvier, Hanane révèle que pendant la période des fêtes, la boutique a connu un certain succès. D'ailleurs, il ne reste quasiment plus d'articles fabriqués à partir de l'affiche du festival de Cannes. "C'est ce qui marche le mieux", reconnaît Yann Le Ruyet.

Les événements cannois ne sont pas les seuls à se retrouver transformés en objets du quotidien. On trouve aussi des bouées pour enfants issues d'un déstockage d'une marque de sport, des sacs et des trousse faites à partir de pantalons en jeans amenés par des particuliers et de sacs de café en toile de jute.

Chaque année, environ soixante personnes passent par l'association Résines Estérel Azur pour trouver un emploi durable tout en étant salariés. "Il n'y a pas de profil type, explique Yann Le Ruyer. Les salariés peuvent avoir 20 ans comme plus de 60."  Comme pour les affiches, il n'y a pas d'âge pour commencer une seconde vie !

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