À l'occasion du festival international de jeux de Cannes, qui se tient ce weekend, focus sur une tendance qui s'impose dans le monde ludique : la coopération. La règle est simple : tout le monde gagne ou tout le monde perd ! Sans éclipser les jeux compétitifs, les jeux collaboratifs sont de plus en plus développés.
Unlock, Kosmopolit, Mysterium.. Tous ces jeux de plateau ont un point commun : ils sont coopératifs. Tous les joueurs gagnent ou perdent, l'unité fait donc la force et la compétition entre joueurs est atténuée.
À l'occasion du festival international de jeux de Cannes, qui se tient ce weekend, où sont attendus 100 000 visiteurs, on vous parle de cette tendance dans le monde du jeu.
"Il y a 20 ans, il n'y avait que des jeux coopératifs pour enfants", se rappelle Patrick Ruttner, qui a ouvert sa boutique-café il y a 27 ans, dans le 13e arrondissement de Paris. "L'offre en jeu pour adultes est beaucoup plus grande aujourd'hui."
Le jeu coopératif a le vent en poupe ces dernières années, en même temps que le jeu de société gagne en popularité, "il est passé d'une activité pour enfants à un loisir d'adultes, tout à fait respectable". Les ventes auraient même augmenté de 13% par rapport à 2020 selon le festival.
Apaisement autour du plateau
"Quand j'accueille un couple, je ne vais pas les faire s'affronter autour d'un plateau", s'amuse Patrick Ruttner, qui apprécie les scènes de joie autour du "game" quand les joueurs ont gagné contre... Le jeu.
Éviter les conflits, mais aussi faire jouer des personnes qui pourraient craindre l'échec, voilà ce que permettent les jeux collaboratifs. Mais pas d'angélisme pour autant, explique le gérant :
Il peut y avoir des tensions, quand les joueurs ne se comprennent pas. Dans une bonne partie, même les perdants doivent être contents.
Patrick Ruttner,
Les jeux compétitifs restent cependant les plus demandés du côté des ludothèques, explique Antonin Mérieux de l'Association des Ludothèques Françaises. "La demande de jeux collaboratifs est surtout faite par les parents ou les enseignants, il y a évidemment une dimension pédagogique."
Du retard à rattraper
Collaboratif ou compétitif, il en faut pour tous les goûts. Après de nombreuses années où peu de jeux collaboratifs ont été créés, "les éditeurs sont friands des jeux coopératifs" explique Antonin Boccara, auteur de jeu.
"Sur les quatre prototypes de jeu que je vais présenter aux éditeurs, trois sont coopératifs", calcule ce créateur de 29 ans, venant du Lot, pour présenter ses créations au festival.
Il tient cependant à préciser : "Je ne veux pas absolument faire du collaboratif, je fais selon mes envies, ce que j'aimerais avoir en tant que joueur."
Le coopératif participe à la démocratisation du jeu de société. On vit dans une société très compétitive, beaucoup de gens ne veulent pas jouer par crainte de l'échec.
Antonin Boccara, créateur de jeux
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D'ailleurs, pour trouver un éditeur, faire un jeu collaboratif n'est pas la recette miracle. "C'est même plus dur de faire un bon jeu coopératif", prévient-il.
Alors, que faut-il pour un bon jeu ? "Il faut créer un espace où chacun à sa part d'initiative, avec par exemple des cartes cachées, pour éviter qu'un joueur prenne toutes les décisions."
Une tendance de fond
"J'ai l'impression que depuis 4 ans on me parle d'un boom du jeu coopératif", analyse l'auteur. La tendance n'est donc pas nouvelle, mais continue de progresser.
C'est d'ailleurs Antoine Boccara qui a créé le jeu en édition spéciale, qui sera offert au pass VIP du Salon international des jeux à Cannes : Fiesta de Los Juegos, un jeu... coopératif.
Pour mettre à l'honneur les jeux coopératifs, le Salon international des jeux à Cannes, leur dédie une exposition pour en expliquer leur histoire et leurs spécificités.
Article publié une première fois en février 2022.