Un film iranien ne sera pas prophète en son pays. Le ministre de la Culture en Iran, Mohammad-Mehdi Esmaïli, a décidé d'interdire purement et simplement la diffusion de "Leila et ses frères", réalisé par Saeed Roustaee.
Le régime des mollahs n'est définitivement pas très friand de la programmation du Festival international du film de Cannes. Encore moins de ses propres talents du 7e art. Ce jeudi 22 mai, le gouvernement iranien a décidé d'interdire la projection du film "Leila et ses frères", réalisé par Saeed Roustaee.
Le réalisateur était sur la Croisette en mai dernier pour monter les marches et présenter son film, mais il ne pourra pas faire de même en Iran.
Le long métrage "a été interdit par l'Organisation cinématographique du pays conformément à la loi", a indiqué le ministre iranien de la Culture, Mohammad-Mehdi Esmaïli, cité par l'agence officielle Irna, l'agence de presse officielle du pays.
Un film primé sur la Côte d'Azur
"Leila et ses frères" a participé à la 75e édition du Festival du Film qui s'est tenu à Cannes, il y quelques jours. Ce long métrage de près de trois heures, dresse le portrait d'une famille pauvre au bord de l'implosion, dans un Iran plongé dans une profonde crise économique.
Les autorités cinématographiques iraniennes ont indiqué avoir interdit le film "jusqu'à nouvel ordre" pour avoir "enfreint les règles en participant sans autorisation à des festivals étrangers (...) à Cannes et ensuite à Munich".
Selon l'Organisation, le film ne peut obtenir un permis de diffusion, compte tenu du "refus" du réalisateur de "corriger" son ouvrage, comme le ministère lui avait demandé.
Sans ces corrections, le film a tout de même a reçu le prix FIPRESCI, du jury de la Fédération internationale de la presse cinématographique. Le film concourrait pour la Palme d'or de cette 75e édition qui a été remportée cette année par le Scandinave Ruben Östlund, Triangle of Sadness.
Pas une première
Début juin, l'Iran a annoncé également avoir protesté auprès de la France contre la sélection par le festival de Cannes du film "Les nuits de Mashhad" d'Ali Abbasi, un autre film iranien, qui raconte l'histoire d'un tueur en série de prostitués dans la principale ville sainte du pays.
L'actrice iranienne Zar Amir Ebrahimi y a d'ailleurs remporté le prix d'interprétation féminine à Cannes cette année pour son rôle de journaliste pugnace dans ce thriller.
La république islamique d'Iran avait alors qualifié ce choix de "biaisé" et de "politique". Peut-être des compliments au vu des attentes filmographiques du régime iranien.