Seulement cinq des 21 films présentés lors de cette 75ème édition du Festival de Cannes ont été réalisés par des femmes. La parité est donc encore loin d’être respectée. Mais elle progresse malgré tout dans les compétitions parallèles comme à la Quinzaine des Réalisateurs notamment.
Parité vous avez dit ? Pour cette 75ème édition du Festival de Cannes, c'est encore loin d'être acquis.
Cette année encore, seulement cinq réalisatrices sont à l'affiche de cette prestigieuse compétition, sur un total de 21 films : Valeria Bruni Tedeschi avec Les Amandiers, Claire Denis avec Des Etoiles à minuit, Kelly Reichardt avec Showing Up, Charlotte Vandermeersch et Felix Van Groeningen avec Le Otto Montagne, Léonor Serraille avec Un petit frère.
Un chiffre record pour le Festival de Cannes, mais qui demeure encore insuffisant : "Un film c'est très difficile à monter mais quand on est une femme, on le sait, c'est encore plus dur, c'est un combat de tous les jours. Il est primordial d'apporter plus de soutien aux femmes", réagit Ana Girardot, actrice française.
Un jury presque paritaire
Si la Sélection officielle reste le maillon faible, la parité est davantage respectée du côté du jury. Cette année, elles sont quatre sur neuf membres : Rebecca Hall, Deepika Padukone, Noomi Rapace et Jasmine Trinca.
A noter tout de même, à trois reprises, les femmes ont été plus nombreuses que les hommes : en 2009, 2014 et 2018.
11 femmes réalisatrices sur 23 à la Quinzaine des réalisateurs
En ce qui concerne les sélections parallèles, là-aussi, ça s'améliore. "Je suis dans une sélection où il y a beaucoup de femmes, cette année. J’estime qu’ils ont bien fait leur devoir. Pour ce qui est de la Sélection officielle, c’est leur problème. Mais c’est un combat qui n’est pas gagné", confie Charlotte Le Bon.
La comédienne française est venue présenter son premier long-métrage, Falcon Lake , au Festival de Cannes. " Une histoire d’amour et de fantôme", résume-t-elle.
J’avais l’impression qu’avec la réalisation j’allais pouvoir trouver une certaine forme d’indépendance mais finalement, je me suis rendue compte très vite qu’il y a toujours une étape où l’on doit se confronter aux opinions des gens, notamment pour le financement. C’est l’étape que j’ai le plus détesté mais pour ce qui est du côté créatif, j’ai adoré, j’ai vraiment pris mon pied, pour moi c’est une révélation totale.
Charlotte Le Bon, réalisatrice de Falcon Lake
Son film est en compétition à la Quinzaine des réalisateurs. Dans cette sélection parallèle, 11 films ont été réalisés par des femmes sur un total de 23.
Parité également presque respectée pour la sélection Un Certain Regard dans laquelle 9 films sur 19 ont été signés par une réalisatrice.
41% des films à Cannes réalisés par des femmes cette année
D'après une étude de la Commission supérieure technique de l'image et du son (CST), au total, 41% des films présentés au Festival de Cannes, cette année ont été réalisés ou co-réalisés par des femmes.
Engagée dans la parité, la CST étudie la représentation des femmes dans les productions françaises de la Sélection officielle du Festival de Cannes.
"Il reste tant à faire ! Je pense que la chose la plus prometteuse que je vois c'est qu'on ne veut plus être passives, nous ne laissons plus les autres décider de notre vie. Nous montrons que nous ne voulons pas être réduites au silence", confie l'actrice oscarisée Viola Davis au micro de France 3 Côte d'Azur.
Des évènements pour parler de la place des femmes dans le monde de la culture
L'actrice et productrice américaine a été récompensée durant ce 75ème Festival de Cannes par le prix Women in Motion. Ce prix "récompense la singularité et l’engagement de femmes qui, dans le domaine des arts, contribuent à transformer notre vision du monde".
Une distinction lancée par le groupe de luxe Kering en 2015. Son objectif : "mettre en lumière les femmes du cinéma, devant et derrière la caméra".
Car il faut dire qu'elles sont nombreuses à militer pour faire avancer cette cause. C'est le cas également de l'actrice, scénariste, réalisatrice et chanteuse française, Agnès Jaoui.
"Quand elle était dans le jury (en 2017), on a eu beaucoup de discussions pour faire avancer la cause des femmes. On a parlé notamment de la composition des comités de sélection. Ce qu'il faut savoir c'est qu'il ne s'agit pas seulement de manière statistique de savoir quel est le pourcentage de réalisatrices. Il s'agit de réellement de comprendre quel est le processus qui fait que des films qui sont réalisés par des femmes arrivent jusqu'à nous", exprime Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes.
Agnès Jaoui s'était justement exprimée sur son expérience en tant que jurée de l'édition 2017. Un an après, elle regrettait la place accordée aux femmes pendant l'événement, "il n'y a pas assez de femmes qui y sont célébrées". Avant de préciser : "Les rôles des femmes dans les films que j'ai vus étaient généralement très peu intéressants, peu développés. "
Julia Ducournau, deuxième femme de l'histoire palmée en 2021
L'an dernier, elles étaient donc quatre femmes en lice pour la Palme d'or dont trois françaises : Mia Hansen-Love, Catherine Corsini et Julia Ducournau. C'est Julia Ducournau qui avait raflé la ¨Palme d'or avec son film Titane.
Avec cette récompense, elle devient la deuxième réalisatrice de l'histoire du festival à recevoir le prix depuis Jane Campion, couronnée en 1993 pour La Leçon de Piano, ex-aequo avec un autre film.
Enfin, 2022 marque une nouvelle présidence pour le Festival de Cannes. Dès le 1er juillet prochain, Iris Knobloch prendra la place de Pierre Lescure et deviendra la première femme à présider le Festival de Cannes. L’ancien journaliste de 76 ans a occupé le titre de président du Festival depuis 2014, durant deux mandats.