Comment expliquer la présence de polluants éternels PFAS dans la neige et sur les pistes de ski ?

Une étude publiée il y a plusieurs mois révélait la présence de ces substances néfastes pour la santé dans plusieurs stations de ski des Alpes. Une proposition de loi est débattue ce jeudi 4 avril à l'Assemblée nationale pour interdire la présence des PFAS dans de nombreux objets du quotidien et notamment dans les farts pour les équipements de ski.

Ils sont appelés "les polluants éternels". Les PFAS, qui regroupent des milliers de substances sont aujourd'hui responsables d'une pollution invisible. Ces polluants, qui peuvent mettre des centaines d'années à se dégrader dans l'environnement, sont très prisés pour leur résistance à la chaleur, à la corrosion et la lumière depuis les années 1940.

La liste est longue, ils sont présents dans de nombreux objets du quotidien : cosmétiques, vêtements sportifs et autres textiles, ustensiles de cuisine, détergents, enduits et peintures, emballages alimentaires...

Des PFAS dans le fart...

Et on les retrouve même sur les pistes de ski ! Une étude publiée il y a quelques mois par l'institut James Hutton d'Aberdeen et l'Université de Graz en Autriche a démontré leurs existences sur plusieurs pistes de stations de ski des Alpes autrichiennes.

Les recherches effectuées sur le sujet ont en effet révélé la présence de 14 PFAS différents comme le mentionne le Guardian.

Ces substances ont été retrouvées dans les sols à des altitudes élevées. Et pour cause, ces polluants résultent de l'utilisation de fart. C'est un produit qui a été longtemps appliqué sur la semelle des skis pour permettre qu'ils glissent mieux et plus vite.

"On ne peut pas utiliser n'importe quel moyen chimique pour assouvir ses envies et surtout en pleine nature, en pleine montagne. Cette pollution invisible est bien réelle", atteste François Veillerette, porte-parole de l'association de protection de l'environnement Générations Futures.

L'utilisation de fart contenant du fluor a été interdite par les fédérations internationales de ski et de biathlon en mars 2023 et dans certaines autres stations. Son usage est prohibé et contraint certes, mais les résidus de PFAS sont toujours là...

Des substances toxiques pour la santé et l'environnement

Ils sont aujourd'hui un sujet de préoccupation majeur en raison de leurs conséquences sur la santé et sur l'environnement. Leurs présences dans la neige peuvent faire craindre par exemple, lors de la fonte, que les PFAS rejoignent les sols pour ensuite s'infiltrer dans les nappes phréatiques. " Ces substances polluent largement les milieux, les sols, les sédiments, les aliments, jusqu'à se retrouver dans nos organismes ou ceux des animaux", détaille le porte-parole de l'association.

C'est leur effet toxique sur la santé humaine qui inquiète aussi largement. Les expositions à ces substances seraient en effet à l'origine de plusieurs pathologies. " Cela engendre des risques cancérogènes, une baisse de la fertilité, problèmes et cela peut aussi diminuer la réponse immunitaire...", explique François Veillerette.

Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), agence de lutte contre le cancer de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a classé en décembre 2023 deux des PFAS les plus répandus comme "cancérogènes pour les humains" et "cancérogènes possibles".

En cause : l'acide perfluorooctanesulfonique (PFOS) et l'acide perfluorooctanoïque (PFOA), les plus étudiés jusqu'alors dans cette grande famille. Ils sont respectivement interdits en Europe depuis 2019 et 2009.

Pour le PFOA, auparavant classé "cancérogène possible", les dernières observations font état "d'indications suffisantes" de cancer parmi des animaux de laboratoire, "d'indications fortes" d'autres risques comme l'immunosuppression, et de cas "limités" de tumeurs rénales ou de cancers du testicule chez l'homme, selon l'agence de l'OMS.

Si "les connaissances sur les risques sanitaires associés aux différents PFAS sont insuffisantes, voire absentes", des "effets nocifs et toxiques sur le métabolisme humain ont été observés pour plusieurs PFAS", a résumé l'Inspection générale de l'environnement et du développement durable (IGEDD) française au printemps 2023.

De nombreuses enquêtes journalistiques et rapports associatifs ont été effectuées ces dernières années sur la présence de PFAS dans l'eau et dans l'organisme humain comme dans cet article de France 3 Auvergne-Rhône Alpes. 

Une proposition de loi à l'Assemblée nationale

Les députés se penchent jeudi 4 avril sur une proposition de loi visant à restreindre la fabrication et la vente de produits contenant des PFAS. Son adoption est incertaine face aux réserves du camp présidentiel. Ce projet est porté par le député écologiste Nicolas Thierry.

La version présentée dans l'hémicycle prévoyait ainsi d'interdire à compter du 1ᵉʳ janvier 2026 tout ustensile de cuisine, produit cosmétique, produit de fart ou produit textile d'habillement contenant des substances per- et polyfluoroalkylées, à l'exception des vêtements de protection pour les professionnels de la sécurité et de la sécurité civile.

L'ensemble des textiles seraient concernés par l'interdiction à compter du 1ᵉʳ janvier 2030. Autres mesures, l'obligation de contrôler la présence de PFAS dans l'eau potable sur tout le territoire et l'application du principe pollueur-payeur avec une taxe visant les industriels qui en rejettent. Les ustensiles de cuisine ont déjà été enlevés de cette liste après la mobilisation devant l'Assemblée nationale de salariés de l'entreprise Seb qui demandaient le retrait de cette proposition de loi.

L'Agence européenne des produits chimiques a publié en 2023 un projet d'interdiction allant dans le sens d'une restriction large des PFAS. Mais "cette initiative est conditionnée à un long processus décisionnel et pourrait aboutir dans le scénario le plus favorable à l'horizon 2027-2028", expliquait à l'AFP Nicolas Thierry.

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