PFAS. Dans la vallée de la chimie, "on est en terrain hostile", l'inquiétude monte alors que le Parlement étudie un projet de loi

Ce jeudi 4 mars, l'Assemblée nationale va examiner une proposition de loi sur les "polluants éternels". À Pierre-Bénite, au sud de Lyon, la pollution aux microparticules des entreprises Arkema et Daikin, révélées par une série d'article, ne cesse d'inquiéter les riverains.

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Alors que ce jeudi 4 avril, la question des PFAS s'impose au Parlement à l'occasion d'une niche des écologistes, au sud de Lyon l'inquiétude demeure pour les riverains des usines Arkema et Daikin.

"Concrètement tout est pollué"

"On est en terrain hostile", assure Claude Grizard, habitante de Oullins-Pierre-Bénite. Son jardin se trouve à 800 mètres de la plateforme industrielle où les entreprises produisent des polymères fluorés. Une production qui manipule des PFAS, des polluants dits "éternels", car presque indestructibles. Une pollution révélée par les médias.

Émilie Rosso, journaliste à France 3 Rhône-Alpes a ainsi consacré de nombreux articles, fruit d'un long travail d'investigation. Des articles cités à l'Assemblée nationale, lors des questions au gouvernement mercredi 3 mars, et qui ont eu "l'effet d'une bombe" pour Claude Grizard. Elle a arrêté de boire le jus des raisins de son jardin et soupçonne ses fleurs d'être empoissonnées. Elle a participé au lancement du collectif citoyen PFAS contre Terre en mars.

"On savait que l'environnement dans la vallée de la chimie n'était pas clean", assure la riveraine, mais depuis la série d'enquêtes journalistiques, "c'est confirmé : concrètement tout est pollué aux PFAS : l'eau, l'air, les sols..."

"Mettre en lumière"

Ce jeudi 4 avril, une proposition de loi présentée par l'écologiste Nicolas Thierry, député de Gironde, doit être soumise aux votes des parlementaires. Objectif : restreinte la fabrication et la vente de produits contenants des "polluants éternels". Une loi contestée par des industriels comme Seb, entreprise spécialisée dans les poêles et autres outils de cuisine, qui a appelé ses salariés à manifester devant l'Assemblée nationale hier après-midi

Les médias "ont eu le mérite de mettre en lumière un problème que le tissu associatif dénonçait depuis un moment", rappelle Maxime Jeanjean, docteur en épidémiologie environnementale à l'Institut écocitoyen de Fos-sur-Mer a qui la Métropole de Lyon a confié une étude d'impact sanitaire.

Quelle réglementation ?

La plate-forme industrielle a réalisé propres mesures et la préfecture a lancé "des campagnes massives de prélèvements",énumère Maxime Jeanjean. La Direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (Dreal) a contrôlé les rejets de 150 sites industriels en Auvergne-Rhône-Alpes, sans attendre que le gouvernement émette des consignes en ce sens, ce qui lui vaut d'avoir été qualifié de "territoire pilote" par l'Etat.

En parallèle, l'Agence régionale de Santé (ARS) a enquêté dans les réseaux d'eau potable "en anticipation de la réglementation" nationale, comme le souligne son site internet. Et elle a enjoint une cinquantaine de collectivités d'agir pour faire repasser les taux de PFAS sous les seuils de référence européens.

Problème, il n'existe pas de normes réglementaires sur les PFAS, une famille qui compte des milliers de molécules présentes dans de nombreux objets de la vie courante, vêtements imperméables, cosmétiques, emballages...

Si une proposition de loi débattue jeudi vise à presque les interdire à partir de 2025 en France, seules quelques molécules, les PFOA et PFOS, classés cancérogènes avérés ou possibles, sont interdites au niveau européen.

Une extension qui inquiète 

Pour cette raison, la préfecture ne peut que "recommander" - depuis peu - de ne pas consommer les œufs, fruits ou légumes produits aux alentours de Pierre-Bénite. Et faute de pouvoir légalement bloquer un projet d'extension de l'usine Daikin,elle a dû se contenter d'encadrer son fonctionnement par arrêté.

"Cette extension, ça nous a tués, s'exaspère Claude Grizard. L'État est très complice de cette pollution, il ne met pas les moyens". En l'absence de normes, les industriels invoquent leur "respect de la réglementation"chaque fois qu'ils sont mis en cause.

Bruno Bernard, Président de la Métropole de Lyon, "déçu" par ses rencontres avec Arkema, a fait saisir la justice civile, pour tenter de faire appliquer le principe de "pollueur-payeur". Une enquête judiciaire est également en cours après des plaintes de mairies, associations et citoyens pour "mise en danger de la vie d'autrui" ou "écocide".

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