Le maire de Mandelieu, Sébastien Leroy, maintient son projet de rendre le port du masque obligatoire. Contre l'avis du ministre de l'Intérieur Philippe Castaner qui juge la mesure juridiquement douteuse.
Acte I : les maires, Christian Estrosi et David Lisnard en tête, rivalisent d'inventivité et de rapidité pour être les premiers à dégainer le masque pour tous.Acte II : Rappel à l'ordre du ministre de l'Intérieur. Philippe Castaner estime le 9 avril que des arrêtés municipaux obligeant au port du masque étaient contestables d'un point de vue légal et médical, et demande aux préfets de retirer les mesures en question.
Acte III : Sébastien Leroy, maire de Mandelieu-la-Napoule, se rebiffe, et explique que dans sa municipalité, c'est lui le patron.
Des arrêtés municipaux contestables
C'était ce jeudi matin, devant la mission d'information de l'Assemblée Nationale portant sur l'épidémie de coronavirus. Le ministre de l'Intérieur Philippe Castaner fustige des arrêtés aux "bases juridiques [...] pour le moins incertaines" et aux principes "contestables". Il en profite pour mettre en cause le port du masque en lui-même, dont l'efficacité n'aurait pas été démontrée pour faire face à l'épidémie.
Et je confirme que chaque Cannois sera doté d'un masque en tissu à la norme AFNOR S76-001. Production en cours par notre manufacture du modèle tri-couche validé par la Société française d’Hygiène Hospitalière (SF2H): 1 viscose entre 2 couches de coton avec grande masse surfacique
— David Lisnard (@davidlisnard) April 6, 2020
Habituées des coups d'éclat médiatiques, Nice et Cannes travaillent depuis des jours à la fourniture d'un masque pour chaque habitant. La métropole de Nice assure pourtant n'avoir jamais envisagé de rendre ce masque obligatoire avant la fin du confinement. Et permet à l'opposition municipale d'ironiser.
Il s'en passe des choses en trois jours ! @cestrosi envisageait de rendre le port du masque obligatoire à tous les niçois.@CCastaner dit non. Rétropédalage du maire de Nice pour soutenir cette décision.
— Saber Gasmi (@Saber_Gasmi) April 9, 2020
À vouloir faire du zèle dans la communicat°, on finit par se prendre un mur. https://t.co/71GLSr0vAz
Pas d'ordres à recevoir de l'administration
Pourtant sur cette affaire, David Lisnard et Christian Estrosi se sont fait voler la vedette par le maire de Mandelieu-la-Napoule. Sébastien Leroy l'affirme haut et fort : il n'a pas d'ordre à recevoir du ministre. "Un maire doit prendre toutes les mesures qu'il estime nécessaires, pour protéger sa population", assène-t-il, tout en restant bien sûr dans le cadre de la loi.
Lui aussi fait travailler 150 couturières d'arrache-pied et espère bien être en mesure de fournir d'ici huit à dix jours un masque à chacun des 23.000 habitants de sa commune. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'il prendra un arrêté rendant obligatoire le port du masque à Mandelieu-la-Napoule, promettant ainsi d'aller à l'encontre des volontés ministérielles.
Le maire d'Antibes, Jean Leonetti, rappelle de son côté qu'il est beaucoup trop tôt pour envisager ce genre de mesure. Pour lui, elle "pourrait même s’avérer contre-productive si elle était interprétée comme une pratique alternative au confinement qui reste encore nécessaire." La priorité reste donc le bon confinement de tous, et doter les habitants de masques risque de semer la confusion et de nourrir les disparités territoriales et sociales. Tout le monde ne pourra pas avoir de masque. Ce en quoi il rejoint l'analyse du gouvernement.
Pour le ministre il s'agit en effet d'un sujet "d'égalité territoriale, parce que certaines communes peuvent avoir les moyens d'équiper l'ensemble de leur population en masques, quand d'autres ne l'auraient pas." L'important est donc, répète-t-on, d'attendre sagement la fin du confinement. Une chose est certaine : le port du masque n'empêchera pas une certaine cacophonie.