Côte d'Azur : la sécheresse hivernale, un phénomène climatique déjà bien connu des anciens

Sécheresse hivernale, deux mots qui vont si mal ensemble ! Pourtant, depuis quelques jours, cet oxymore est utilisé un peu partout pour nous alerter sur la situation inquiétante que nous vivons à cause du manque de pluie. Il est vrai qu'habituellement, le terme de sécheresse est plutôt employé en plein été mais pas en plein mois de février.

Si la situation que nous vivons, à l'heure actuelle, peut nous paraitre inédite, une simple recherche dans les archives vidéos de France 3 Côte d'Azur nous permet de relativiser.

Ainsi, un reportage du 4 novembre 1971, à Mougins dans les Alpes-Maritimes, relate également un épisode de sècheresse hivernale. L'agriculteur interviewé s'inquiétait déjà de devoir arroser massivement ses champs.

"On doit continuer d'arroser comme on l'a fait tout cet été alors que, normalement, les pluies d'automne auraient du arriver".

Agriculteur, novembre 1971

Ina

De même, en janvier 1981, à Ollioules, dans le Var, près de Toulon, un producteur de tulipes s'inquiète, lui aussi, d'une sécheresse en plein hiver. Une inquiétude d'autant plus légitime, qu'avec le froid, il lui faut chauffer ses serres mais également arroser copieusement ses plantations. Bilan, ses frais de fonctionnement explosent. Le système agricole est déréglé. On parle déjà de restrictions d'eau, de pénuries et même de risques d'incendie.  

En 1983, même motif, même punition ! Pas une seule goutte d'eau durant tout le mois de décembre et janvier. Les agriculteurs ne sont pas encore habitués à ce genre de phénomènes. 

La sécheresse hivernale n'est donc pas un phénomène récent !

Au début des années 80, la météorologie ne disposait pas encore d'historique qui permettait de mesurer le nombre et la fréquence des épisodes de sécheresse.

Un constat, qu'Eric Gilli, hydrogéologue à Nice et professeur à l'Université de  Paris 8 confirme : "Aujourd'hui, nous disposons de systèmes informatiques qui peuvent calculer 23 milliards de millions de données par seconde ! Malheureusement, nous ne sommes capables d'en traiter que 22 millions par jour. Et, sur ces 22 millions nous sommes incapables d'analyser les phénomènes en dents de scie".

 Epiphénomène ou basculement généralisé ?

Selon Météo France : "Les jours et désormais les semaines sans pluie s’enchaînent. Avec déjà 23 jours avec un cumul de précipitations quotidiennes agrégé à l’échelle de la France inférieur à 1 mm, le record hivernal de 1989 est battu (22 jours du 22 janvier au 12 février 1989)." Ce communiqué date du 13 février. 10 jours de plus sans pluie sont donc à ajouter !

Des conséquences en cascade !

Les conséquences d'un tel épisode sont nombreuses. Parmi elles, la non attribution de permis de construire dans l'arrière-pays de Fayence durant les 4 années à venir, car on craint, là-bas, de ne pouvoir arriver à subvenir aux besoins en eau de la population. Une situation inédite, qui pose la question de la légalité d'une telle décision.

Là où la situation pourrait-être, désormais, inquiétante, c'est pour les mois à venir et notamment cet été car tous les facteurs à risque vont s'accumuler : 

 Les nappes phréatiques sont au plus bas et vont-elles se régénérer à temps ?

 La région subit sa quatrième semaine sans pluie. Cela va t'il perdurer ?

 Une hausse des températures avec le retour d'El Nino.

Il est assez facile de dire que l'on se dirige vers une méchante sécheresse cet été. La tendance au réchauffement est claire. On ne sait pas si cela va accentuer la sécheresse ou, à l'inverse, augmenter l’humidité due à l’évaporation des sols.

Eric Gilli, hydrologue.

Ce que l'on sait, c'est que l'on ne sait rien !

Dès lors s’offrent à nous deux approches. Celle de la modélisation où ce sont les ordinateurs qui parlent, et/ou, celle plus naturaliste où l’on se tourne vers le passé et on fait parler les anciens. Et les anciens agissent en bon père de famille... Il faut donc essayer de comprendre pourquoi on manque d’eau et tenter de sortir de notre consommation à flux tendus ; et d’essayer de trouver collectivement des solutions pour que nous ne soyons plus en manque d'eau permanent.

Eric Gilli, hydrologue.

Le chantier est ouvert…. Il est toujours bon d'écouter les anciens. 

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