Un décret français, paru le 1er février dernier prévoit qu'un résident monegasque souhaitant se rendre au-dela de 30km de son domicile, donc concretement entrer sur le territoire français, doit présenter un test PCR de moins de 72 heures ou justifier d'un motif impérieux. Pas simple.
Franc refroidissement des relations entre la principauté monégasque et la France depuis le 1er février dernier.
En cause, un décret imposant à tout monégasque souhaitant se rendre au-delà de 30 km de son domicile, donc concrètement d'entrer sur le territoire français, de présenter un test PCR de moins de 72 heures ou de justifier d'un motif impérieux.
Les principes:
— Ambassade de France à Monaco (@LaFranceaMonaco) February 3, 2021
1️⃣ obligation de justifier d’un test PCR négatif si on se déplace en France depuis ?? ou un pays frontalier.
2️⃣ 2 exemptions:
? pas besoin de test si vous vous déplacez dans un rayon de 30 km.
? pas besoin de test si déplacement professionnel urgent ou fréquent.
De quoi donc, sérieusement, faire grincer les dents des résidents monégasques.
Une mesure qu'ils trouvent "un peu exagérée". Selon certains "30 km ce n'est pas si loin que ça pour se faire tester à tout bout de champs..."
C'est un peu exagéré, quand-même !
Le Conseil national monégasque, l'équivalent de notre Assemblée nationale, tente d'apaiser les tensions du moment.
Il s'en remet à la convention de voisinage franco-monegasque signée en 1963 qui établit clairement ce genre de disposition dans l'article 2.2.
En France, le régime d'entrée et de circulation des étrangers titulaires d'un titre de séjour monégasque est identique à celui qui s'applique aux étrangers titulaires d'un titre de séjour français.
Une disposition bilatérale rappelée sur le compte Twitter de la sénatrice Les Républicains Dominique Estrosi-Sassone.
?En ma qualité de Présidente du groupe d’amitié entre la France et Monaco, j’ai écrit au Premier Ministre afin de lui demander de réexaminer la décision unilatérale de la France relatif aux nouvelles règles applicables sur le territoire français pour les voyageurs étrangers. pic.twitter.com/svqG25yzpa
— Dominique Estrosi-Sassone (@Dominiq_Estrosi) February 5, 2021
Le bon espoir du gouvernement monégasque
Interrogé, Stéphane Valeri, Président du Conseil national, " a bon espoir que le bon sens l'emporte et que nos amis des Alpes-Maritimes puissent librement venir en principauté et que les résidents monégasques puissent se rendre en France."
Il ne doute pas que le gouvernement français reconnaisse l'imbrication des deux pays. Une imbrication prévue par des accords bilatéraux dont fait partie la convention de voisinage franco-monégasque de 1963 qui prévoit clairement ce type de mesure.
Au nom de l'application de ce traité, j'ai bon espoir que le bon sens l'emporte
A situation sanitaire tendue, mesures difficiles
Les Alpes-Maritimes sont très impactées par l'épidémie de coronavirus, le taux d'incidence au 4 février par habitant est de 450 pour 100 000 alors que la moyenne nationale est de 366. Depuis le 1er février, 118.851 personnes ont été vaccinées en région Provence Alpes et Côte d'Azur.
Chez nos voisins monégasques, la situation est qualifié de grave selon Pierre Dartout, ministre d’État (chef du gouvernement) de la principauté de Monaco.
La situation est grave, elle mérite beaucoup de vigilance.
Le taux d'incidence monégasque est très élevé au regard de la petite superficie de ce pays : 436,84 contre 523 pour les Alpes-Maritimes et 213,6 pour France.
66 patients covid sont hospitalisés. Un tel chiffre n'a jamais atteint, même durant la première vague (28).
Depuis le début de la crise sanitaire, 18 personnes sont décédées de la Covid.
De nouvelles mesures sanitaires annoncées par le chef du gouvernement de la principauté de Monaco
Elles sont au nombre de quatre pour la sphère publique :
-Les commerces ne seront pas fermés, mais leur fréquentation doit être plus rigoureuse. Le ratio de 4m² par client passe à 6m² ;
-Désormais les rassemblements de plus de 6 personnes sont interdits (contre 10 jusque présent) ;
-Le télétravail est rendu obligatoire pour tous les postes qui le permettent à partir du 8 février et ce jusqu'au 19 février, tant dans le secteur privé que public ;
-Les tests PCR pourront être effectués au centre national de dépistage sans ordonnance pour les résidents. Ils seront gratuits.
Monaco est le pays d'Europe où le taux de recours aux tests est le plus important.
En paralèlle, 4 recommandations sont vivement recommandées dans la sphère privée.
-Limiter à 6 personnes les rassemblements dans la sphère privée ;
-Limiter les pauses cigarettes café ou repas ;
-Limiter à 2 personnes par caddies dans les grandes surfaces
-Avancement des horaires d'ouverture des magasins le matin
Le variant anglais circule dans les Alpes-Maritimes, il n'y aurait pas de raison, qu'il ne circule pas à Monaco.
En conséquence, à partir de lundi, tous les tests PCR positifs monégasques seront passés au détecteur de variant et envoyés à Lyon pour un séquencage du génome et du type de variant.
Concernant les visiteurs étrangers, un test PCR de moins de 72h est exigé pour toute personne en provenance d'un pays étranger sauf pour la France, convention de voisinage franco-monegasque oblige.
Retour sur l'histoire : le précédent de 1962
Si le couple franco-monégasque coule, en général, des jours plutôt heureux, le précédent de 1962 rappelle aux plus jeunes que par le passé tout n'a pas été toujours rose entre les deux gouvernements.
Les plus anciens, eux, ne l'ont pas oublié.
Le sujet qui fâchait à l'époque ; une divergence de vue sur l'épineuse question de la fiscalité qui avait, violemment, opposé les deux pays et en l'occurrence le Général de Gaulle et le prince Rainier.
Une querelle résolue par la voie diplomatique.