La tempête meurtrière Alex a dévasté une partie des Alpes-Maritimes. Presque un an après son passage, les éditions Gilletta publient un recueil de 14 nouvelles rédigées par des collégiens de Saint-Sauveur-sur-Tinée. Quand l'écriture est thérapeutique...
C'est l'histoire d'un miroir avec un cadre en bois qui appartient à une jeune fille. L'objet sera emporté par la tempête Alex, une nuit d'octobre 2020 dans la vallée de la Tinée. Ces mots ont été écrits par Maëna, collégienne en 5e.
Les nuages ne sont pas comme d'habitude. La pluie arrive, elle n'est pas comme les autres pluies. Des maisons se sont déjà effondrées et ici, il commence a y avoir beaucoup de fuites. Les murs craquent. Elena et ses parents ont peur. Ils partent pour le gymnase avec le chien, le chat, les clés et les papiers de la voiture. C'est alors que beaucoup d'eau envahit la maison, elle passe en force par les fenêtres, le toit et même la porte. Je n'ai pas le temps de réaliser que déjà, la maison s'écroule...
Ils sont 14 au total à avoir participé à un atelier d'écriture dans leur établissement, le collège Saint-Blaise de Saint-Sauveur-sur-Tinée.
Caroline Audibert, et l'atelier d'écriture
Caroline Audibert est Niçoise, elle est journaliste et elle écrit des livres. Quand les éléments se sont déchaînés ce 2 octobre au soir dans les vallées, elle était à Paris pour présenter une nouvelle qu'elle avait écrites sur les inondations meurtrières de 2015 dans les Alpes-Maritimes. Ses parents étaient alors à Saint-Martin-Vésubie et elle a craint le pire pendant deux jours car elle ne parvenait pas à les joindre.
Elle a eu peur, elle a voulu aider et prendre en charge la "dimension émotionnelle et symbolique de l'événement" avec des jeunes privés de collège et parfois de maison.
L'atelier ECRIS TA TEMPETE est né avec des collégiens volontaires. 14 participeront à des ateliers, à partir de février 2021. Il y aura au total cinq, de deux heures à chaque fois.
Des consignes à respecter
Avant de laisser libre cours à leur imagination, les collégiens devront choisir "un personnage" autour du bois. Beaucoup choisiront un arbre de leur jardin ou imaginaire, d'autres un objet du quotidien comme un meuble. Puis ils devront faire une fiche sur ce personnage et écrire les grandes lignes d'un scénario.
La suite ? Des élèves qui ne veulent pas faire de pause, et qui écrivent sur un prunier, un abricotier, un noisetier ou encore un chêne.
Je suis un chêne noir de 130 ans. Je suis imposant. Mon centre est noir et mon tronc aussi. Seules mes feuilles connaissent la clarté.
Pour tous, cet atelier d'écriture permet de poser des mots sur les maux. Caroline Audibert n'est jamais loin.
C'était rythmé, vivant, plein de petits conseils très personnalisés. On partait tout de suite dans un imaginaire en prise avec une émotion qu'ils avaient du mal à traduire avec des mots. Ils m'ont émerveillée, étonnée, on a même travaillé en musique ce qui permet de travailler sur un autre registre.
Les textes sont résilients, optimistes
La récompense, c'est une très belle illustration du dessinateur niçois Edmond Baudoin pour un recueil publié aux Editions Gilletta. Valérie Castera en est la directrice. Elle n'a pas hésité une seconde, à s'engager pour ce projet d'enracinement, de transmission.
Comment hésiter face à cette envie de remettre du lien par rapport à quelque chose de désuni ? C'est d'une telle humanité, d'une telle solidarité que cela n'a pas fait l'ombre d'une feuille !
Et le résultat est là : 63 pages à lire absolument. Car pour eux, comme pour tous les sinistrés et plus largement les habitants des Alpes-Maritimes, avec la tempête Alex ce 2 octobre 2020, il y a un avant et un après.
"Tempêtes " Sous le ciel d'Alex est une oeuvre de mémoire, pour la postérité. Un projet dont le financement est participatif. A découvrir notamment au festival du livre de Nice du 17 au 19 septembre.