L'Assemblée nationale a largement adopté mercredi, lors d'un ultime vote, à main levée, la proposition de loi du socialiste Alain Claes et de Jean Leonetti, député-maire d'Antibes ( LR qui sera l'invité du 19/20 Côte d'Azur ce jeudi) accordant de nouveaux droits aux personnes en fin de vie.
L'Assemblée nationale a largement adopté mercredi, lors d'un ultime vote, à main levée, la proposition de loi PS-LR accordant de nouveaux droits aux personnes en fin de vie, plus de dix ans après la loi Leonetti de 2005.
Après un vote au Sénat prévu mercredi soir, le Parlement aura définitivement adopté ce texte, qui prévoit notamment un "droit à la sédation profonde et continue" jusqu'au décès pour certaines personnes, et rendra contraignantes les "directives anticipées", par lesquelles chacun pourra stipuler son refus d'un acharnement thérapeutique.
Deux députés contre
Lors du vote dans l'hémicycle clairsemé du Palais-Bourbon, seuls deux députés (LR) se sont prononcés contre, Jean-Frédéric Poisson, président du Parti Chrétien-Démocrate, et Xavier Breton, autre membre de l'Entente parlementaire pour la famille qui venait de dénoncer le "risque d'euthanasies déguisées".Une avancée historique pour la ministre
Pour sa part, la ministre de la Santé Marisol Touraine a salué "une avancée historique qui place le malade au coeur de la décision", soit "un renversement de logique"."L'engagement du président de la République est tenu", a-t-elle aussi assuré en référence à la promesse de campagne de François Hollande de créer un droit à "une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité", alors que certains à gauche jugent le texte en-deçà de cette promesse."Avant de franchir d'autres étapes, soyons modestes: essayons d'appliquer" cette loi et de la "faire connaître" car "il y a une grande attente" des Français, a aussi plaidé le co-auteur de la proposition de loi Alain Claeys (PS), qui avait
été missionné par François Hollande avec Jean Leonetti (Les Républicains).
Le mal mourir continue déplore le député-maire d'Antibes
Ce dernier, cardiologue de profession et auteur de la loi de 2005 qui avait été adoptée à l'unanimité à l'Assemblée, a constaté que la "culture palliative" s'est développée depuis, mais "le mal mourir continue en France"."Ce texte n'ouvre pas un droit à la mort, à l'euthanasie ou au suicide assisté", a aussi affirmé ce député des Alpes-Maritimes, face aux craintes notamment d'une partie de la droite.
Les groupes socialiste, LR, UDI et du Front de gauche ont globalement apporté leur soutien à ce texte "d'équilibre", à l'heure d'un vote teinté "d'émotion" sur ce sujet intime, comme l'a relevé l'ancienne ministre Michèle Delaunay (PS).
Une loi ambiguë pour certains
Mais les radicaux de gauche et les écologistes, partisans d'une assistance active à mourir, ont de concert regretté une nouvelle fois "un rendez-vous manqué" avec cette proposition de loi qui reste "ambiguë" selon eux, et n'offre pas "la liberté à chacun".L'écologiste Véronique Massonneau a aussi déploré un débat "verrouillé" par la mission confiée à MM. Claeys et Leonetti, d'après elle "par crainte d'une nouvelle mobilisation sociale", comme avec le "mariage pour tous" au début du quinquennat.
Voyant "quelques avancées modestes" dans cette prochaine loi, le socialiste Jean-Louis Touraine, qui avait défendu lors des débats avec plus de 120 députés de son groupe une aide active à mourir, a jugé que "viendra l'heure des compléments nécessaires".