Depuis lundi 24 juin, le 3677 permet d'entrer directement en communication avec un agent pour signaler un cas de maltraitance animale. Le vétérinaire et ancien député de Vence Loïc Dombreval nous explique ce dispositif qu'il a en grande partie initié.
"Un animal en danger n'est pas nécessairement un animal maltraité, mais un animal maltraité est toujours en danger" explique Loïc Dombreval. Le Vençois, vétérinaire de formation, député LREM des Alpes-Maritimes jusqu'en 2022, est à l'origine de la loi contre la maltraitance animale promulguée le 30 novembre 2021.
Aujourd'hui retiré de la vie politique, il continue de militer pour le bien-être des animaux, notamment en tant que président du Conseil National de la Protection Animale. Le CNPA qui vient de lancer le 3677, numéro d'appel d'urgence pour signaler les cas de maltraitance :
🎉 C’est un grand jour pour la protection animale en France ! Aujourd'hui marque le lancement du 3677, à l’initiative du CNPA : le numéro national de signalement de maltraitance animale.#SOSMaltraitanceAnimale #ProtectionAnimale pic.twitter.com/gwZ3dJ1o6u
— Conseil National de la Protection Animale (@LeCNPA) June 24, 2024
Le 3677 n'est pas un numéro vert, mais un numéro non surtaxé, qui doit permettre de collecter et filtrer les signalements. Car aujourd'hui, les appels sont nombreux, mais dispersés (commissariat, mairie, association de protection animale...), parfois inopportuns, et souvent malveillants.
"Souvent, lorsqu'un chat est bloqué en haut d'un arbre par exemple, les gens ont tendance à directement signaler un acte de maltraitance. Or, ça n'en est pas un" commente Loïc Dombreval.
Selon le CNPA, près de 60% des appels pour maltraitance concerneraient en réalité des querelles de voisinage ou autres incidents. Pour mieux lutter contre ces violences, il faut donc commencer par trier ces appels. Pour ce faire, six agents travaillent depuis plusieurs mois déjà sur une plateforme externalisée et basée à Paris.
Près de 1000 appels le premier jour
Lundi 24 juin, le 3677 a reçu près de 1000 appels en moins de 24h. Soit 30 fois plus que ce que déclarent les forces de l'ordre en un mois. Pour cette première journée de mise en service, les six agents en charge du 3677 sont débordés.
"Nous sommes lucides, et nous savons que tous les jours ne seront pas comme le jour de lancement", concède Loïc Dombreval. "Il y avait parmi ces appels beaucoup de messages d'encouragement, ce qui nous motive, mais ce n'est pas à comptabiliser" ajoute l'ancien député des Alpes-Maritimes.
Depuis deux ans, il travaille avec son équipe à l'élaboration de ce numéro national. "C'est un travail colossal, surtout pour la recherche de fonds" confie-t-il. Car l'État n'intervient pas dans le financement de cette plateforme. "Nous collaborons pour l'instant avec une trentaine de structures et trois grandes villes, mais nous aurons rapidement besoin de plus, car chaque appel nous est facturé".
Les fonds servent donc à payer les appels, mais aussi à rémunérer l'équipe d'experts qui travaille chaque jour, notamment avec l'aide de l'IA, au traçage des personnes violentes et à la collecte d'informations. "Nous attendons environ 30 000 appels par an, et nous envisageons, à terme, d'ouvrir 24h sur 24" explique le vétérinaire.
Une ambition à la hauteur des besoins. Car aujourd'hui, à cause du manque de centralisation des données, la plupart des chiffres concernant la maltraitance animale sont approximatifs. Les difficultés d'accès à un serveur vocal ou encore la multiplicité des interlocuteurs sont autant de facteurs dissuasifs pour les témoins de violences. Selon une étude menée par le site Woopets auprès d'un échantillon de 3000 personnes, 42% des interrogés trouvent les démarches de signalement trop fastidieuses.
Uniformiser les aides sur le territoire
Ce numéro de téléphone devrait faciliter les décomptes des violences, et permettre de clarifier la situation à l'échelle nationale. "On va régulièrement solliciter des rendez-vous avec l’État pour leur communiquer les chiffres qu’on va collecter, au fur et à mesure, afin de faire avancer la cause animale. Il faut pouvoir répondre aux besoins de façon précise sur tout le territoire et adapter les budgets. Car aujourd'hui, il y a une protection animale à deux vitesses : beaucoup d'aides à Paris ou dans les grandes villes, et très peu dans les provinces" dénonce Loïc Dombreval.
Selon les données actuelles, près de 45 000 animaux abandonnés ou maltraités auraient été pris en charge par la SPA en 2023.