À Grasse, le blocage de la maison d'arrêt par le personnel pénitentiaire se répercute sur les conditions de vie des détenus

Au troisième jour de la mobilisation des agents pénitentiaires, des voix s'élèvent parmi les familles de détenus pour dénoncer un quotidien détérioré au sein de la maison d'arrêt. L'administration admet que ne subsiste qu'un "service minimum".

Depuis l'attaque mortelle d'un fourgon de transport de détenu dans l'Eure mardi 14 mai, le mouvement de contestation du personnel pénitentiaire se poursuit dans les prisons françaises.

À la maison d'arrêt de Grasse (Alpes-Maritimes) comme à Nice ce vendredi, le blocage de l'établissement est total.

Pas d'entrées. Pas de sorties. Pas d'extractions de détenu. Pas de visites.

À l'intérieur de l'établissement, plus de 700 détenus (708 précisément au 1ᵉʳ janvier 2024), dont le quotidien dépend directement du personnel pénitentiaire.

Repas et suivi médical sont-ils assurés ?

Ce vendredi, plusieurs proches de détenus s'alarment. "Mon mari n'a plus à manger ! Il ne reçoit pas la gamelle" affirme Linda*, dont le frère est en détention provisoire. "Il se plaint des cafards dans sa cellule ! Il me dit que les gardiens ne passent plus, même pas pour ramasser les poubelles !"

Les détenus paient les pots cassés par un détraqué qui fait des conneries. Les gardiens ont raison, mais ce n'est pas pour ça qu'il faut les laisser crever de faim !

Linda, sœur d'un détenu

à France 3 Côte d'Azur

Cette jeune femme est plus inquiète encore pour l'état de santé de son frère. "Depuis plusieurs mois, il souffre d'un problème aux reins. Ils devaient l'emmener à l'hôpital, mais le transport a été annulé". Linda affirme également que les médecins ne peuvent pas rentrer dans l'établissement.

Lucie* aussi se dit très préoccupée par les conditions de détention de son mari. "Il n'a plus de promenade. Pas de sport. Depuis deux jours il ne mange que des pâtes blanches qu'il se fait chauffer. C'est quoi cette punition ?"

Nous avons donc posé la question aux représentants des agents mobilisés devant les portes de la maison d'arrêt de Grasse. Hervé Ségaud, délégué FO Pénitentiaire, dément formellement l'absence de repas : "Ils ont bien sûr à manger ! Et le médecin rentre. La livraison de médicaments vient de rentrer à l'instant".

Nous ne voulons pas mettre l'établissement en difficulté !

Hervé Ségaud, FO pénitentiaire

à France 3 Côte d'Azur

Pour le reste, il reconnait que le blocage de l'établissement, "blocage total", a des conséquences sur quotidien des détenus : "ils sont privés d'activités, de parloir".

Un "service minimum " assuré selon l'administration

Du côté de l'administration pénitentiaire, on assure qu'à Grasse, comme d'ailleurs à Nice, "les repas sont bien distribués". Par "repas" s'entend ce que les détenus appellent la "gamelle", un déjeuner et un dîner qui chaque jour assurent une alimentation de base. Beaucoup de détenus ont recours à la "cantine", payante, qui leur permet de commander et d'acheter des produits supplémentaires. Cette "cantine" n'est semble-t-il pas assurée par le personnel.

Dans l'ensemble des établissements de la région, le service minimum est assuré.

Direction interrégionale des services pénitentiaires PACA Corse

à France 3 Côte d'Azur

Ce "service mininum" comprend officiellement "les repas, la délivrance de médicaments et la cantine pour le tabac. Les équipes médicales entrent à la maison d'arrêt de Grasse. Et les promenades y ont repris jeudi après-midi", nous confirme l'administration.

Reste que la tension semble bel et bien monter entre les murs de la prison, où faute d'accord écrit entre l'intersyndicale et le ministère de la Justice, la mobilisation des agents pénitentiaires pourrait bien s'installer dans la durée.

Les prénoms ont été modifiés.

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