Établissements pénitentiaires à Nice, Grasse, Draguignan et Toulon : " on ne doit pas partir travailler sans savoir si on va rentrer le soir"

Après la mort de deux agents de la pénitentiaire mardi dans l'Eure, un mouvement de blocage des établissements pénitentiaires a débuté à travers la France. Celui-ci est très suivi sur la Côte d'Azur.

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L'heure est au deuil et à la solidarité dans l'ensemble des établissements pénitentiaires de France. Sur la Côte d'Azur, le mouvement est très suivi, de nombreuses prisons ont été bloquées depuis très tôt ce mercredi matin par les personnels pénitentiaires.

Pour rappel, ce mardi 14 mai, deux agents ont été tués dans l'Eure et trois autres ont été grièvement blessés au niveau du péage d'Incarville en Normandie. Alors qu'ils transportaient un détenu pour une extraction judiciaire entre Rouen et Evreux, leur fourgon a été violemment attaqué.

Le prisonnier, connu pour des affaires liées au trafic de stupéfiants, est toujours en fuite avec ses complices.

Unité et solidarité des personnels de la pénitentiaire

À Nice, Toulon, Draguigan et Grasse, tous sont mobilisés. Les maisons d'arrêt, centres pénitentiaires et autres établissements, comme le Service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP) à Nice, tournent au ralenti.

Des barrages filtrants et des blocages ont été mis en place depuis 6 heures du matin et des dizaines de personnels sont sur place. Selon les syndicats, il y aurait environ une cinquantaine de personnes sur les sites de Grasse et Draguignan, 70 pour Nice et environ une centaine pour Toulon.

Johann Bataillé, syndicat de l'Ufap-Unsa justice SPIP 06 explique cette mobilisation : "On est dans la résignation, on montre notre soutien aux familles et aux personnels." 

Dans de nombreux établissements pénitentiaires, une minute de silence a été organisée à 11h, c'est aussi le cas dans les tribunaux judiciaires de Nice, Grasse et Toulon, en hommage aux fonctionnaires tués et blessés. 

C'est toute la famille pénitentiaire qui est émue et touchée. Ça aurait pu être n'importe quel collègue. Ça nous prend aux tripes.

Nordine Souab

Délégué UFAP UNSA justice

Des revendications et la poursuite du mouvement ?

Cet événement tragique a lieu alors que les personnels pénitentiaires alertent sur leurs conditions de travail depuis plusieurs années. " On ressent beaucoup de tristesse et de la colère aussi, de ne pas pouvoir exercer notre travail dans des conditions satisfaisantes", atteste Hervé Segaud, secrétaire général adjoint FO justice affecté à la maison d'arrêt de Grasse.

Plusieurs revendications sont évoquées par les personnels pénitentiaires : la révision du protocole de sortie lors des extractions pour des raisons de justice, médicale ou autre, et la limitation des sorties.

On ne doit pas partir au travail le matin sans savoir si on va rentrer le soir.

Philippe Abime 

Délégué régional FO justice

Les syndicats considèrent qu'un grand nombre d'extractions pourraient être limitées, "quand on sort, on se met en danger", raconte Silfio Sébastien, secrétaire local FO justice du centre pénitentiaire Toulon-la-Farlède. " Nous, ce qu'on demande, c'est de limiter les sorties et aussi d'utiliser la visio dans certains cas, comme c'était le cas pendant la période covid et ça marchait très bien."

Une délégation intersyndicale pénitentiaire doit être reçue cet après-midi par le garde des Sceaux à 14 heures.

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