Hakim Ajimi mort asphyxié lors de son interpellation à Grasse en 2008 : "La cicatrice est toujours ouverte"

La clé d'étranglement va-t-elle disparaître des modes opératoires de la police ? Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner l'a annoncé ce 8 juin. La technique d'immobilisation avait été mise en cause dans la mort d'Hakim Ajimi à Grasse il y a 12 ans. Ses proches réagissent.

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"Dès qu'on entend parler d'une histoire comme ça, ça revient tout-de-suite. La cicatrice est toujours ouverte."

Hatem Ajimi est visiblement ému. Sous son pull, il cache encore le T-shirt qu'il nous dévoilera à la fin de notre entretien : en imprimé, le visage de son frère Hakim, jeune homme décédé suite à son interpellation par la police à Grasse il y a 12 ans.

On connait la douleur. C'est pour ça qu'on soutient les familles d'Adama Traoré, de Georges Floyd. Ils sont loin, mais notre coeur est avec eux.

Hakim Ajimi avait 22 ans.

Ce 9 mai 2008, ce Tunisien qui présente un léger déficit mental est interpellé en pleine rue à Grasse. Il vient de gifler l'employé d'une agence bancaire. Le jeune homme se rebelle. Les policiers parviennent à l'immobiliser à terre, lui passent les menottes, utilisent les techniques de la compression thoracique et de la clé d'étranglement, cette dernière étant maintenue pendant plus de 6 minutes. Lorsqu'on l'emmène dans le véhicule de police, des témoins diront qu'il avait déjà "le visage bleu". Les experts conclueront à une mort par asphyxie.

Il était menotté par les mains et par les pieds. Jamais il n'aurait dû mourir.

Walid Klai avait rapidement pris la tête du Comité Justice et Vérité pour Hakim Ajimi. Aux côtés de la famille endeuillée, ce comité n'a eu de cesse de réclamer la lumière sur les causes et les responsabilités dans la mort du jeune homme.

C'est vraiment cette utilisation de la violence, démesurée, inutile, qui a amené ce jeune homme à y laisser la vie.

Jugés par le tribunal correctionnel de Grasse puis la cour d'appel d'Aix-en-Provence, les policiers impliqués dans l'interpellation seront finalement condamnés le 11 février 2013 pour usage excessif de la force. Pour les deux policiers de la brigade anti-criminalité, 18 et 24 mois de prison avec sursis. 6 mois avec sursis pour un policier municipal.

Mais la technique de la clé d'étranglement alors en cause restera en vigueur, et enseignée dans les écoles de police.

La clé d'étranglement abandonnée ?

Et c'est donc 12 ans plus tard que son abandon est annoncé par Christophe Castaner. 

Lundi 8 juin 2020, le ministre de l'Intérieur prend une série de décisions après les manifestations qui se sont déroulées dans toute la France contre les violences policières.

A leur origine, l'affaire de la mort de Georges Floyd aux Etats-Unis, d'Adama Traoré en 2016 dans le Val d'Oise. A la mort de Cédric Chouvat en janvier 2020 lors d'un contrôle de police à Paris, une mission est créée.

Ces mesures, visant à mettre un terme aux "violences" et au "racisme" dans la police, provoquent un tollé au sein de l'institution. Le syndicat Alliance écrit directement au ministre, pour demander notamment le maintien de la clé d'étranglement :

A Paris, ou encore à Nice, des policiers jettent leurs menottes à terre pour protester contre les annonces du ministre.

Ce vendredi 12 juin, soit quatre jours après ses annonces, Christophe Castener serait prêt, selon BFMTV, à revenir sur l'abandon de la clé d'étranglement.

Quitte à décevoir une fois de plus les aspirations du Comité Justice et Vérité pour Hakim Ajimi à ce que l'"on tire les leçons du passé".

 

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