"Merci du fond du cœur", le message de la maman du bébé sauvé par ce pompier lors des intempéries en Côte d'Azur

Gabriel, 4 mois, est évacué sain et sauf par un pompier samedi soir à La Roquette-sur-Siagne, dans les Alpes-Maritimes, après une journée d'angoisse sous la pluie pour ses parents et sa famille.

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La pluie tombe ce samedi matin sur la Côte d'Azur. Presque aucun dégât n'est à signaler, Mery Zavaglia prend la route avec son compagnon et son bébé de 4 mois direction La Roquette-sur-Siagne. Elle a accepté de nous raconter cette journée interminable pour elle, ses proches et son petit Gabriel.

Cette habitante de Cannes-la-Bocca se rend, comme chaque samedi, chez ses parents pour un déjeuner en famille. Ce jour-là, elle n'a pas regardé les informations mais sa sœur la met en garde, la pluie semble s'intensifier. 
 

 

Une journée d'angoisse


La maison familiale est située près du chemin de l'hôpital, à la Roquette-sur-Siagne. La Siagne est à quelques dizaines de mètres de là et, sur la route, en passant devant ce fleuve côtier, Méry s'exclame : " on ne va pas rester longtemps ". La jeune femme se rappelle alors un mauvais souvenir, cette maison avait déjà été inondée en 1994. 
 
A peine arrivée, elle constate que les regards d'eau pluviale débordent. Son beau-frère sort et s'exclame : " elle est là ". L'eau arrive, comme une petite vague de plage, d'une dizaine de centimètres de hauteur. Le jardin est rapidement recouvert et la famille se réfugie à l'intérieur de la maison. 

" En trente minutes, on passe d'une vague à un petit torrent "


raconte Mery Zavaglia. L'eau commence à entrer dans la salle de bain puis elle remonte par le carrelage à travers les joints.
 


14 heures, coupés du monde


A ce moment, la famille monte rapidement à l'étage avec la poussette et quelque chose à manger. "Je n'avais pas prévu d'apporter à manger pour mon petit, il venait de manger avant de partir et on ne comptait pas rester longtemps" raconte Mery.

Heureusement, il y a des petits-suisses chez ses parents, pour faire patienter le petit et économiser la nourriture la maman décide de tremper la tétine dedans et de lui donner petit à petit. Une manière aussi de calmer l'angoisse qui pourrait aussi toucher le petit âgé de 4 mois seulement si cette situation s'éternise.

Il est 14 heures, il n'y a plus d'électricité et la Siagne monte encore dehors, à ce moment-là il faut appeler les pompiers. Méry filme la montée des eaux à travers la fenêtre.
 

 
Difficile de les joindre, ils reçoivent des milliers d'appels à l'aide ce samedi. Pendant ce temps, l'eau est montée à 60 centimètres de hauteur dans la maison. 
 

19 heures, les pompiers arrivent


"L'attente est interminable" pour Mery et sa famille. Le téléphone coupe, puis enfin un appel : les pompiers proposent de l'aide. " On viendra en barque " disent-il à la famille. Mery n'est pas rassurée avec le courant important dehors. 

Il est maintenant 19 heures, les sapeurs-pompiers des Alpes-Maritimes s'apprêtent à intervenir. Méry prévient, " la route est pleine de trous et ils ne sont pas visibles " un camion peut se retourner rapidement s'il roule dans un de ces trous et est emporté par le courant.

Vers 20 heures, une lumière dans la nuit, les pompiers arrivent sur une embarcation à coque. Les habitants de la maison entendent un bruit sourd, comme si l'embarcation raclait le sol.

Ils l'apprendront plus tard mais un drame a été évité de justesse. 

Les pompiers ont heurté un talus, lors du choc, l'un d'entre eux a été projeté hors du bateau, il s'est accroché de justesse à la branche d'un figuier tout proche. Sans ce réflexe, il aurait été emporté par le courant. 

Hors de question pour Mery Zavaglia de monter dans cette embarcation avec son petit. Les pompiers préviennent la famille, il y a trop de courant, ils ne peuvent pas évacuer avec le bateau 
 

22 heures, l'heure de l'intervention


Le niveau baisse, " on essaie alors de se rassurer comme on peut " dit Mery Zavaglia. Les pompiers décident d'approcher un camion de la maison, le véhicule longe le mur pour éviter les trous et ainsi tout risque d'accident. 

Enfin, le camion est garé, un pompier sort pour évacuer les occupants.

Je me suis dit (...) que je laisse mon enfant aux mains d'un homme que je ne connais pas " pense à ce moment Mery. 


Elle donne son petit Gabriel mais n'a pas la force de regarder le sapeur-pompier qui s'éloigne. Avec l'enfant dans les bras, l'homme enjambe les jardinières pour accéder au camion, il faut éviter l'eau toute proche et surtout le courant.
 

"J'ai pleuré tant que je pouvais" nous raconte-t-elle, à ce moment, l'émotion ressurgit. Mery ne peut s'empêcher de verser à nouveau quelques larmes lorsqu'elle repense à cette scène.

Petit à petit, toute la famille monte dans le camion, du petit de 4 mois aux grands-parents âgés de 73 et 68 ans. A l'intérieur, tous sont à l'étroit et personne ne se sent vraiment en sécurité. " J'étais tétanisée " ajoute la jeune femme. 

Pourtant c'est elle qui se retrouve devant, à guider les pompiers, dans le noir, pour sortir du terrain et retrouver une route plus stable. Le petit Gabriel est dans les bras de son grand-père, Umberto Zavaglia, ancien sapeur-pompier à la retraite. 

Cette évacuation s'est déroulée en 1/4 d'heure qui a duré une éternité"


précise Mery Zavaglia. A la caserne de Pégomas, un pompier donne un biberon et du lait pour le petit qui peut enfin retrouver des forces. 

La famille est évacuée vers l'école Jules Ferry, c'est alors que tous comprennent qu'ils sont en sécurité. La pression se relâche : " on s'est tous senti fatigués comme si on avait couru 14 marathons " détaille Mery. 

La famille repense à la maison inondée, aux meubles et à l'électroménager à jeter : " Tant pis, ça n'est que du matériel. On s'est vite dit que nos vies, on n'aurait pas pu les racheter. "

Vers minuit, un ami évacue tout le monde vers le domicile de Mery et de son compagnon à Cannes-la-Bocca pour tenter de dormir et de terminer cette journée qui a duré mille ans.
 

"Je les remercie du fond du cœur"


Mery Zavaglia a un message à adresser aux sapeurs-pompiers : "Je les remercie du fond du cœur. Ils ont sauvé mon bébé. Un grand merci et un profond respect".

Elle a découvert cette photo de son bébé dans les bras du pompier sur les réseaux sociaux du service départemental d'incendie et de secours des Alpes-Maritimes. 
 
Mery était dans son lit, son cousin l'a identifié sur cette image, elle confie " j'ai de nouveau pleuré".
 

"Je n'ai pas réfléchi" 


Cette photo a aussi surpris et touché le sergent Gilbert Baldicchi, le pompier qui a porté secours au petit Gabriel. Quelques jours plus tard, sa fille lui montre la trace de son exploit diffusée sur Facebook. Mais si le sergent est fier, il reste humble:

Cela aurait pu tomber sur n'importe qui, c'est tombé sur moi mais des dizaines d'hommes ont sauvé des vies cette nuit-là.


Joint au téléphone mercredi soir, il nous a raconté ce sauvetage. "Je n'ai pas eu le temps de réfléchir, j'ai fait sortir tout le monde", se remémore-t-il. L'intervention est d'autant plus dangereuse que le camion, approché au plus près du domicile de la famille Zavaglia, se trouve sur un terrain meuble. Embourbé, le véhicule manque de se renverser. Le drame est évité et le sauvetage a pu avoir lieu. 

Le SDIS a publié ce jeudi soir une vidéo dans laquelle le secouriste a retrouvé la famille de Gabriel :

Aujourd'hui, le sergent Baldicchi et la famille Zavaglia vont bien. Quant au petit Gabriel, il s'épanouit comme le montre cette image du bébé souriant.
 

Cette photo et son histoire resteront comme un symbole de ces hommes et ces femmes qui ont réalisé plus de 1300 interventions lors de ce week-end d'intempéries sur la Côte d'Azur.
 
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