On l'appelle la rose de mai. Cette plante à parfum, la centifolia, se récolte à cette période de l'année, mais les cueilleuses devront se tenir à bonne distance et respecter des règles sanitaires en vigueur. Inédit !
Sur les trois hectares du domaine de Manon, en contrebas de Grasse, les roses "centifolia" s'ouvrent progressivement.
L'heure est au ramassage des fleurs utilisées en parfumerie, et la récolte bat son plein.
Cette année n'est pas tout à fait comme les autres, la faute à l'épidémie de Covid-19.
Les saisonniers sont sur les lieux, toujours les mêmes depuis de longues années, une quizaine, en plein coeur d'un ramassage qui dure un gros mois.
Masques chirurgicaux, visières, il faut être équipé pour cueillir à la main au petit matin la fleur odorante.
C'est le groupe LVMH qui a fourni les équipements, puisque la récolte est prévendue au parfumeur Dior.
Carole Biancalana explique aussi que tout ce qui est d'ordinaire mutualisé sera désormais individuel.On fournit à chacun une petite banane individuelle avec à l'intérieur, des gants, un gel hydroalcoolique.
Cette année, chaque tablier de récolte est personnel, idem pour les sacs de ramassage. Tout est indiqué avec un code couleur et il nous faut éviter tout contact.
Un ramassage organisé "rangée par rangée"
Du coup pour le ramassage, il n'est pas question d'être face-à-face. Nous sommes séparés de 4 rangées, précise-t-elle.
Les conditions de travail sont forcément dégradées : pas facile de ramasser les fleurs avec un masque, nous dit-elle, on a mal à la tête avec une visière au bout de deux heures car ça serre le crâne, on respire mal avec le masque chirurgical et on perd cette fragrance exceptionnelle de cette fleur à parfum.
Désinfection systématique
La récolte commence au petit matin, et débute avec... un petit café. " Là encore, il faut faire attention". Tout ce qui est collectif est désinfecté plusieurs fois par jour, le coin à café, les toilettes, les poignées de porte. C'est une grosse contrainte qui risque d'être chronophage mais on n'a pas le choix.Et la convivialité ...
Mais ce qui désole le plus Carole, c'est cette nécessaire distance. Pas d'embrassades cette année, pas de photos non plus comme on a l'habitude de faire. On se connaît tous depuis longtemps, ça, ça va manquer.Mais nous sommes prêts.
Ce sera moins convivial c'est sûr, mais comme chaque année, nous produirons plusieurs tonnes de cette fleur si particulière, prisée par les grands parfumeurs.
Une récolte... et des ondées
Un peu plus loin, chez les Garnerone, l'heure est aussi à la récolte.
On prend la fleur entre deux doigts, avec le pouce au milieu, le petit bruit indique que la centifolia est coupée sans la faire souffrir
indique Caroline, au milieu des champs. C'est à la fin du XIXe siècle que cette famille a planté les premières fleurs et, depuis, la tradition est respectée. Philippe, arrière-petit-fils, organise les opérations. La récolte en est à la moitié et les récentes pluies n'altèrent pas la molécule odorante. Les gouttes alourdissent simplement la fleur, ce qui rend le rendement moindre.