Dans Point Cult’ ! Au programme de cette émission : neuf jeunes sur scène sans fard ni tabou. Ils racontent leurs premières fois, leurs rapports à la sexualité, à la religion. Des jeunes qui n’étaient pas des comédiens à l’origine.
Ils passent de l'ombre de la banlieue aux projecteurs de la scène.
Neuf jeunes racontent leur vie, l'histoire de leurs parents, leurs premières fois. Des « héros anonymes » qui n’étaient pas des comédiens à l’origine mais qui ont accepté de vivre cette aventure théâtrale.
Ahmed Madani s’est inspiré de leurs parcours, de leurs témoignages pour créer une pièce, « Incandescences ». On y découvre une jeunesse forte, drôle, sensible et décomplexée ou plutôt, qui fait ose faire face à ses complexes.
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Pudiques dans leurs baskets blanches
Le dramaturge a voulu composer un « corpus sociologique ». Il a invité une centaine de jeunes des quartiers populaires à raconter leur histoire, celle de leurs parents, qui ne sont pas nés en France ou ont connu l’exil.
Des jeunes pudiques dans leurs baskets blanches qui laissent tomber leurs pudeurs pour exprimer leur première fois, leurs plaisirs ‘coupables’, leurs impuissances, leurs souffrances face aux violences qu’ils ont subies.
Un petit copain trop jaloux, un collègue qui dérape, un amour impossible, un mariage forcé… une coutume d’un autre temps et pourtant toujours d’actualité dans leur vie d'aujourd'hui.
Voilà ce qui fait la trame d'"Incandescences", un canevas de plusieurs vie saisies sur le vif.
Sur scène, ils deviennent des personnages
Depuis 10 ans, le metteur en scène triture ces questions, interroge les jeunes pour mieux interroger notre société. Des jeunes qui, selon lui, sont confrontés à toute une série de crises : sanitaire, financière, technologique, identitaire.
« Incandescences » s’inscrit dans une trilogie, après « F(l)ammes » et « Illuminations ».
"On arrive à la figure symbolique"
Il explique sa démarche et ses difficultés : « Des fois ils ont du mal à rentrer dans mon récit car ce n’est pas leurs mots (…) Ils sont des personnes et sur scène ils deviennent des personnages ».
Le théâtre lui permet de sortir du documentaire qui aurait pu émerger de tous ces parcours de vies : « J’ai des heures de récit et je peux ressortir 3 lignes. Un récit qui les implique et qui les dépasse. A la fin, on arrive à la figure symbolique. »
Parmi eux, Aboubacar Camara qui alternait entre un petit boulot comme livreur de pizza à Cergy et des cours de théâtre au conservatoire. Sur scène, il confie ses ébats amoureux dans des lieux inconfortables... perturbés par l'appel à la prière.
Izabela Zak, jeune blonde aux yeux bleus d’origine polonaise, casse les clichés d’une jeunesse des quartiers qui ne serait que colorée. La jeune comédienne de 24 ans nous explique qu’on lui demande rarement ses papiers d’identité.
Pour ce projet, elle ne se sentait pas "légitime", car elle n'a jamais subi les contrôles au faciès de ses collègues de scène.
En quelques clics, la rencontre a lieu
Pour cette jeune génération, le poids des traditions religieuses ou culturelles s’ajoute à l’hyper-modernité du numérique, qui ne connaît pas de frontière et surtout pas de barrière.
Avant, il fallait l’accord des parents des deux familles pour commencer une relation. Maintenant, en quelques clics, la rencontre a lieu.
Et pour les plus curieux, l’éducation sexuelle s’est déroulée grâce au porno diffusé sur internet. Une éducation rapide, violente et brutale qui a plongé certains et certaines directement dans le monde des adultes, sans passer par des étapes nécessaires.
Au fil des répétitions et des représentations, le groupe de jeunes s'est transformé en troupe. Cette épreuve de la scène les a transformés, elle les a fait grandir sans les trahir. Comme un rituel de passage à l'âge adulte, mais de manière incandescente.
