Nicole Ferroni offre "un vers" et sa tournée "allez vers" dans les bars de Marseille du 23 au 27 mars sur une idée originale du théâtre du Gymnase. L'humoriste originaire d'Aubagne revient sur ses terres, entre accent du sud et autodérision, tout en jouant avec les mots pour parler des maux de la cité phocéenne.
8h30, le café de la banque dans le 6e arrondissement de Marseille est noir de monde en ce jeudi. Ce n’est pas tous les jours que l’on peut côtoyer une humoriste avant d’aller bosser.
Sur une scène quasi improvisée, Nicole Ferroni ambiance le public assis et debout face à elle.
Elle fait la part belle aux clichés liés à Marseille, ceux qui nourrissent une certaine réputation, le "Marseille bashing" comme dirait l'ancien maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin. Certains n'en perdent pas une miette, téléphone à la main.
"Le cliché c’est aussi l’a priori, c’est-à-dire qu’est-ce que la France retient de Marseille ? Voilà, alors est-ce que l’un d’entre vous peut me proposer un premier cliché?" , lance l'humoriste à son public.
Et ce ne sont pas les clichés qui manquent. Prenez la bonne mère par exemple. Nicole Ferroni en parle avec une pointe d’accent et beaucoup de tendresse.
"ô Bonne Mère !!! Mais à chaque pied, il y a huit orteils, ô Bonne Mère !!! Ce que cela va nous coûter en vernis, ô Bonne Mère ! Mais heureusement, les vernis c’est nous qui le sommes, d’avoir cette Bonne Mère, qui dorée de la tête aux pieds, tient dans son bras droit un million d’habitants, avec le même amour qu’elle tient dans l’autre bras son enfant".
Les textes sont de son cru, mais dans le projet qui consiste à "aller vers" les cafés, initié par le théâtre du Gymnase, elle ne s’interdit pas d’interpréter ceux des autres.
"Ce que je trouve intéressant dans ce projet, c’est à la fois de réaborder les clichés de Marseille, mais aussi d’en montrer la face B. C’est-à-dire apporter un autre regard, sur ce que l’on peut penser de Marseille. Et de faire soit de l’auto-dérision, soit une critique un peu poussée", explique Nicole Ferroni.
Selon les thèmes le ton se fait plus grave, le rythme s’accélère, comme celui où elle évoque les règlements de comptes, les balles et les ballons.
"À Marseille, il y a des ballons ronds et des balles pointues, il y a des ballons qu’on vise et des balles qui fusent, des ballons qu’on tire, et des balles qui tuent. Il y a des penalties et des peines tout court ".
Dans le public, ses textes font mouche. Certains lui expriment même toute leur reconnaissance, comme cet homme qui vient la voir à la fin de la représentation.
" Merci pour votre texte avec les balles et les ballons, j’ai perdu un de mes anciens élèves y a trois jours environ, justement à cause d'une histoire de foot qui a mal tourné, vous savez ce que c’est les quartiers nord".
Dimanche prochain, l’intégralité de cette tournée dans les bars marseillais sera proposée à 8h30 "aux Grandes Tables de la Friche" de la Belle de Mai.
