Depuis le 1er janvier, Moventis, une société espagnole, est le nouveau délégataire des transports publics urbains et scolaires dans tout le bassin de Grasse dans les Alpes-Maritimes. Bus en retard, en avance, bondés ou absents, ou encore qui empruntent un circuit différent, les usagers sont désemparés face au nouveau plan du réseau. Ils ont lancé une pétition.
Dorothée Prat habite Mouans-Sartoux dans les Alpes-Maritimes depuis 5 ans, et dans le bassin grassois depuis bien plus longtemps. Entre son travail et sa vie de mère de famille, depuis le début de l'année, elle court toute la journée. Car ses 3 enfants vont au collège et au lycée en bus. Et la ponctualité, explique-t-elle au téléphone, "c'est en option sur le réseau Sillages". La liste des griefs est longue, et elle n'est pas la seule. Sur les réseaux sociaux et le groupe "Tu sais que tu viens de Grasse", les doléances se multiplient.
Quelqu’un sait il pourquoi le 5 ne passe pas ? Aucun bus depuis 40 mn et pourtant les nouveaux horaires indiquent 2 bus sur cette tranche horaires... Le chauffeur du centifolia confirmait qu’il était derrière lui… c’était il y a 20 mn et toujours aucun 5 ! S’est il perdu ? Cela devient ubuesque !!!
Poste d'une internaute
Des commentaires par centaines sont enregistrés et vont tous dans le même sens. Certaines lignes ont été modifiées ou supprimées, et les abonnements souscrits ne correspondraient pas aux besoins initiaux.
C'est une honte !!!!! ???? Ce matin, j'attends le bus C direction Peymeinade pour rentrer chez moi après ma nuit de travail. J’arrive à m’organiser pour arriver à prendre celui de 07h50 à l’arrêt des Casernes. J’attends, j’attends et j’attends pour finalement me rendre compte qu’il n’est jamais passé. Pendant mon attente et rouge de colère j’appelle #sillages, conclusion, ils n’avaient aucune information concernant le bus qui devait passer à cette heure-ci, le « pourquoi il n’est pas passé ». J’ai dû finalement attendre le prochain qui était à 09h45.
Poste d'une internaute
Un changement de délégataire depuis le 1er janvier
2023, c'est l'année d'un nouveau délégataire pour le transport public urbain et scolaire du bassin grassois. La Communauté d'Agglomération du Pays de Grasse a confié à la filiale française de la société espagnole Moventis l'exploitation et la gestion de ce service public pour les dix prochaines années.
L'agglomération concerne 100 000 habitants, la flotte est constituée de 70 bus.
Une période d'adaptation pour le délégataire
Fabien Vian est directeur de la régie Sillages, le réseau de transport en commun de la Communauté d'agglomération du Pays grassois. Pour lui, ce changement de délégataire après appel d'offres constitue un changement sans précédent avec trois engagements : la rationalisation du réseau urbain, le maintien de la grille tarifaire et le développement des lignes scolaires, mais il y a forcément en ce début d'année une période d'adaptation.
Le délégataire, par la voix de Jean-François Delgado directeur de Moventis pays de Grasse, rappelle son côté qu'entre l'attribution du marché et la reprise du réseau, il n'y a eu que deux mois : le temps de commander une nouvelle flotte de bus électrique et moins polluante (45 sont déjà arrivés à Grasse sur les 70 prévus) avec un système de géolocalisation pour le suivi des véhicules.
Plus de lignes scolaires
Moventis explique avoir analysé la fréquentation des bus avec un constat : certaines lignes urbaines étaient empruntées à 90 % par des collégiens et des lycéens. Or, une jurisprudence du Conseil d'État en date du 23 décembre 2022 impose des transports spécifiques pour les scolaires avec des places assises pour tous.
Du coup, il y a depuis le 1er janvier 31 autocars pour eux, contre 20 précédemment, avec un passage renforcé aux horaires d'école. Effet domino : moins de lignes urbaines...
Une pétition
Moventis précise que les usagers sont invités à faire part de leurs observations sur la page Facebook de l'entreprise et que toutes sont étudiées avec attention. Quant aux abonnements, ils peuvent être adaptés aux besoins au bureau Sillages.
Dorothée Prat de son côté, continue à compiler les mécontents et elle a lancé une pétition en ligne. Elle est adressée à la communauté d'agglomération et à l'exploitant et elle a déjà recueilli plus de 330 signatures.
"Les bus ne passent pas aux heures indiquées, les enfants restent des heures à attendre un bus qui ne vient jamais, on les empêche de payer en espèce leur ticket dans le bus, les bus bondés ne prennent pas les voyageurs" est-il précisé dans la pétition.
Les signataires souhaitent revenir aux horaires et aux trajets d'avant le 1er janvier 2023 et une concertation pour un nouveau réseau à la rentrée prochaine.