Sécheresse : à Châteauneuf-Grasse, le maire s'insurge contre les gros consommateurs d'eau

Emmanuel Delmotte, le maire, épingle plusieurs propriétaires célèbres de sa commune, qui explosent leur consommation en eau, alors que des restrictions préfectorales sont toujours en cours. Il souhaite trouver un terrain d'entente pour réduire leur usage de la ressource.

Le maire de la commune de Châteauneuf-Grasse (Alpes-Maritimes), Emmanuel Delmotte, a préféré prendre les devants. Il ne veut pas que la situation de l'été dernier ne se reproduise. Alors que de nombreux habitants ont appliqué les arrêtés préfectoraux et réduit leur consommation en eau au cours de cette période de sécheresse, d'autres ne l'ont pas respecté...

Il s'agit de grands propriétaires de résidences secondaires qu'il nomme les "VIP". Des personnalités de Scandinavie et d'autres pays étrangers qui ont occupé des postes notables. Il y aurait parmi eux Silvio Berlusconi, ancien président du conseil italien selon Nice Matin.

"Je ne veux pas que ce soit de nouveau l'agriculture qui trinque au cours de l'été, alors que ce n'est pas ce secteur qui gaspille le plus d'eau dans ma commune", raconte Emmanuel Delmotte, aussi vice-président en charge du développement rural dans la communauté d'agglomération de Sophia-Antipolis.

Cinq gros consommateurs 

Le maire s'est rendu compte de cette surconsommation bien après l'été, suite à la consultation d'une liste qui communiquait les chiffres des différents gros consommateurs dans le département. "Je ne m'attendais pas à une surconsommation à cette échelle", atteste-t-il. 

Les propriétés concernées font au minimum 10 hectares, avec piscine et arrosage automatique sur la végétation.

On est déjà une commune excédentaire en consommation d'eau, mais eux peuvent utiliser jusqu'à 2 000 m3 par semaine. Alors que la moyenne nationale pour un foyer est de 120 m3 par an !

Emmanuel Delmotte, maire de Châteauneuf-Grasse

Alors que le département des Alpes-Maritimes a en partie été placé en niveau d'alerte sécheresse renforcée, le maire ne veut plus laisser passer de tels comportements... Il est par exemple interdit d'arroser de jour comme de nuit, de remplir sa piscine, mais aussi de laver sa voiture ou son bateau.

Mais Emmanuel Delmotte se sent assez désemparé. Pour lui, les amendes n'ont pas d'impact sur ces propriétaires, elles représentent "une goutte d'eau pour eux". Le montant peut s'élever à 1 500€ et au double en cas de récidive, "mais ça ne résoudra pas le manque d'eau", selon lui.

Trouver des solutions alternatives

Le maire espère faire évoluer les mentalités et trouver un terrain d'entente avec les cinq propriétaires. L'été dernier, la commune de Fayence, dans le Var, avait réduit de force le débit d'une propriété qui ne respectait pas les restrictions, par le biais d'un service communautaire. "Je ne vois pas comment, juridiquement, je pourrais couper ou réduire certaines personnes en particulier", ajoute t-il.

J'aimerais que ces cinq propriétés réduisent de 30 à 40% leur consommation en eau

Emmanuel Delmotte

Il affirme avoir pu échanger avec plusieurs d'entre eux. Il envisage la réalisation d'un audit par Suez à domicile, pour réduire leur consommation en eau, sans contrainte pour autant que possible.

"Nous attendons les retours du maire et le bilan de ses discussions avec eux, pour mener des opérations et les accompagner au mieux. On ne connaît rien des propriétés actuellement ", explique le directeur de l'agence Suez des Alpes-Maritimes, Emmanuel Carrier.

Mais ce que le maire espère surtout, c'est une prise de conscience et un changement des pratiques. "Étant donné le contexte, ce serait déjà bien si 3 propriétés sur 5 font des efforts. Je pense qu'ils vont le faire, mais à leur vitesse", espère-t-il.

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