Le collectif "Tous ensemble contre l’antenne 5G à la Papet’" vient de déposer un recours en mairie contre l'installation de deux antennes Free sur la commune. Des représentants politiques locaux veulent mieux encadrer la loi autour de ces installations.
"On s'est privé pour venir ici. Mon mari a construit la maison. Je ne vois pas pourquoi on vient nous gonfler avec ces antennes !" Danielle et Miroslav Lavrencic habitent dans leur maison, quartier de la Papeterie à Tourrettes-sur-Loup (Alpes-Maritimes), depuis le milieu des années 1970.
Free a décidé d'installer une antenne 5G de 30 mètres de haut à 50 mètres de leur maison, sur un terrain privé. Au-delà de leur vue gâchée, le couple de septuagénaires craint surtout pour sa santé. "On n'a plus l'âge de faire la samba. On se dit qu'on aura des problèmes de santé. Je prends des médicaments, mon mari aussi. Tous ces rayons-là vont nous venir dessus. À notre âge, on est faibles", explique Danielle Miroslav.
Tout le quartier est inquiet depuis que le maire a autorisé l'implantation en avril. Une deuxième est en projet dans le quartier Saint-Arnoux.
Collectif
Certains habitants se sont constitués en collectif pour déposer un recours contre la décision. "Tous ensemble contre l'antenne 5G de la Papet'" a officiellement demandé l'arrêt du projet au maire, voilà quelques jours, avec le sentiment d'être David contre un Goliath de la téléphonie.
"C’est l’anarchie totale. Le problème c'est que, pour le moment, les opérateurs ont carte blanche du gouvernement. On n’est pas égaux devant ces projets-là. Eux ont la mainmise sur l’installation. On ne comprend pas pourquoi ils veulent s’installer ici, la couverture est excellente", s'insurge Stephane Bonnouvrier, un membre du collectif.
On se bat contre un mur, contre les lobbies, contre l’argent !
Stéphane Bonnouvrier, membre du collectifà France 3 Côte d'Azur
Frédéric Poma, le maire de Tourrettes-sur-Loup, a été mis devant le fait accompli par l'opérateur voilà plus d'un an. Il a autorisé l'installation de deux antennes sur sa commune à contre-cœur. "Je n’ai pas trop eu le choix puisque je savais que, si je refusais de signer la déclaration préalable, de toute façon, Free irait au tribunal et qu’il y a une jurisprudence qui fait que tous les maires ont été déboutés. Et évidemment, ce sont plusieurs milliers d’euros engendrés pour la commune pour un résultat qui n’aboutit à rien."
Les politiques s'en mêlent
Alertés sur le sujet, le député (Droite républicaine) de la 7e circonscription Éric Pauget et la sénatrice (LR) Alexandra Borchio-Fontimp souhaitent réfléchir à un projet de loi pour mieux encadrer ces installations d'antennes-relais. L'idée serait de redonner plus de pouvoir aux maires sur ces décisions, et de mieux consulter les populations concernées.
Face à la prolifération des antennes 5G sur nos communes, une réunion de travail a été organisée ce mardi à Tourrettes-sur-Loup. 🗼📡
— Eric PAUGET (@EricPAUGET1) August 20, 2024
Nous nous sommes retrouvés à l’initiative de monsieur le maire, Frédéric POMA, la sénatrice des AM, @AlexndraBorchio et 3 collectifs de riverains… pic.twitter.com/ozUCL4FENI
La commune dispose déjà de trois installations relais. La semaine dernière, le maire a reçu une nouvelle demande, de Bouygues cette fois-ci.
"Absorber le trafic internet"
Pour les opérateurs, la multiplication des antennes en France est justifiée par une course à la technologie et l'explosion de la demande. Les Français consomment en moyenne 16 Go de data par mois, principalement sur les smartphones.
"L'idée, c'est de pouvoir s'adapter et d'avoir des antennes-relais qui peuvent absorber le trafic qui est extrêmement important. On ne savait pas en 2011 que la 4G allait exploser à ce point-là. D'un côté, on nous dit, vous mettez beaucoup d'antennes alors que, il y a trois ans, on se plaignait qu'il y avait trop de zones blanches", explique Olivier Riffard, directeur général adjoint de la Fédération française des télécoms.
On court sans arrêt après la consommation des Français : Netflix, TikTok, Instagram, des partages des vidéos, des likes, des photos... C'est ça qui congestionne la bande passante des opérateurs.
Olivier Riffard, DGA de la FFTà France 3 Côte d'Azur
Contacté, Free n'a pas répondu à notre sollicitation.
(Avec Audrey Lalli, à Tourrettes-sur-Loup)