Les deux mois d’enfermement liés à la crise sanitaire ont modifié les projets immobiliers de nombreux Français. Une pièce de bureau supplémentaire, un balcon ou un jardin… Illustration avec la reprise du secteur immobilier dans les Alpes-Maritimes.
Être enfermé pendants deux mois dans un petit espace avec toute sa famille, faire ses audioconférences au milieu des enfants qui crient, ne pas pouvoir profiter du soleil et de l’extérieur… Le confinement a pu être une rude épreuve pour certains et leur donner envie de changement dans le foyer et le quotidien.
Un extérieur et une pièce de bureau
À Nice, la période de confinement a amené Yoan Kraus et sa compagne à changer leurs critères d’achat. Le jeune couple en recherche d’appartement garde un mauvais souvenir des deux mois de télétravail.
Ca été très très très compliqué de travailler dans la même pièce en aillant chacun des réunions en audio. Pour notre futur appartement, on a changé notre fusil d’épaule et on cherche actuellement un trois pièces, avec un pièce de bureau, parce que le télétravail risque continuer.
Ce constat, de nombreux habitants des Alpes-Maritimes le font. Une pièce aménageable en bureau est de plus en plus demandée aux agents immobiliers. « La période de confinement a permis de se rendre compte de certaines choses. Les gens ont besoin d’espace et de commodités. Ils se posent la question : est ce qu’on veut toujours acheter une belle voiture ou plutôt se donner plus de confort chez soi ? », remarque Vito Schiavone, conseiller immobilier SwissMed Immo.
Marc Wyler, vice président de la FNAIM (Fédération nationale de l’immobilier) des Alpes-Maritimes complète : « On remarque l’effet "une chambre pour une voiture". C’est-à-dire, qu’avant, dans un couple, il fallait deux voitures pour que chacun aille travailler. Demain, peut être que l‘un des deux restera à la maison et le financement qui était dédié au quotidien pour la voiture, l’essence, l’assurance, etc … sera reporté sur une nouvelle pièce. »
Selon la présidente du réseau ORPI, un tiers des ses clients a modifié les lignes de son projet immobilier. « Ils veulent plus d’espace et surtout un extérieur. On a une très grosse demande pour des balcons, terrasses et jardins ».
Le confinement a remis le logement au centre des intérêts des français. C’est une reprise de conscience que la qualité de vie passe par le logement - Marc Wyler, vice président de la FNAIM 06.
Des prix stables et une baisse des crédits accordés
Au sortir du confinement, les agents immobiliers sont loin d’avoir une offre de biens fournie. Les restrictions les ont empêché de prospecter pendant plus de deux mois. Autre écueil, la remontée assez forte des taux d’intérêt qui risquent de réduire le pouvoir d’achat des potentiels acheteurs.
« Niveau budget, on va devoir faire des concessions, réalise Yoan Kraus. On était parti sur un extérieur et une pièce de bureau. Finalement, on va peut être faire des concessions sur l’extérieur pour se focaliser sur le bureau. »
Les professionnels de l’immobilier craignent que les banques ne resserrent l’octroie des crédits, en cette période économique instable. « C’est une vraie interrogation que nous avons, que les banques ne jouent pas le jeux » note sur FranceInfo Christiane Fumagalli, présidente du réseau ORPI.
On a eu des retours de potentiels acheteurs pour qui le chômage partiel des derniers mois a été un motif de refus de crédit de la part des banques. Elles sont prudentes, ça peut s’entendre, mais on doit réaliser que les conditions économiques ont changé. Avoir vécu deux mois de chômage partiel, c’est monnaie courante aujourd'hui.
Selon les professionnels de l’immobilier le confinement va donc modifier le marché, mais les prix devraient rester stables. « Les vendeurs sont en majorité des gens qui réalisent une vente pour acheter ensuite. Ils ne sont pas enclins à baisser les prix », analyse la présidente du réseau ORPI.
Selon elle, il faudra attendre l’automne pour voir un éventuel effet du confinement sur les prix.
L’effet du confinement en chiffres
Avant que la crise sanitaire ne bouleverse tout, l’immobilier en PACA avait connue une bonne année 2019, avec une hausse des prix limitée à environ 2%. Le coût moyen du mètre carré s’établissait à 3 500 euros environ pour une maison, dans l’ancien comme dans le neuf.
Il était de de 4 200 à 5 200 euros pour un appartement.
Certains secteurs géographiques cependant, ont vu leur cote flamber, comme le 2 e arrondissement à Marseille. D’autres ont continué à fortement augmenter, comme Cannes. Parmi les tendances très marquées, les agents immobiliers notent le ralentissement du marché du neuf. L’an dernier, le nombre de permis de construire octroyés a baissé de près de 5 % dans les Alpes-de-Haute-Provence et les Alpes-Maritimes.
Dans un marché à flux tendu, les marges de négociation des acheteurs se sont rétrécies. Enfin, alors que les faibles taux d’intérêt ont dopé le marché immobilier pendant 4 ans, la situation risque de s’inverser avec une hausse très nette depuis le début de l’année, accélérée par le confinement.
Concernant le secteur locatif au niveau national, l’agence immobilière digitale Flatlooke a mené une étude pour connaître la répercussion du Covid-19 sur le secteur immobilier. Elle a constaté une certaine stabilité des loyers, pas d’augmentation des impayés et un impact plus faible sur le marché locatif en zone verte qu'en zone rouge.