Condamné à neuf ans de prison pour viol sur son petit-fils revenu depuis sur ses accusations, l'ancien maire de Vence : Christian Iacono saura aujourd'hui si la justice ouvre la voie à une éventuelle réhabilitation en saisissant la Cour de révision.
Celle-ci est seule à même de pouvoir annuler la condamnation et ordonner un nouveau procès.
Lors de l'audience à huis clos le 27 mai devant la Commission de révision des condamnations pénales, l'avocat général avait préconisé le rejet de la requête de l'ancien élu, qui a toujours clamé son innocence.
"Comme si, avait déploré Me Gérard Baudoux, l'un des avocats de M. Iacono, lorsque quelqu'un accuse, il est crédible et lorsque quelqu'un innocente, il ne le serait plus".
"Il nous semble que les rétractations de Gabriel, indubitablement, constituent un élément nouveau de nature à engendrer le doute sur la culpabilité de Christian Iacono", avait ajouté l'avocat, sortant de l'audience "avec espoir".
L'ancien élu a été condamné en première instance en 2009, puis en appel en février 2011, à 9 ans de prison pour le viol de Gabriel, aujourd'hui âgé d'une vingtaine d'années et père d'un jeune enfant.
Mais en mai 2011, l'affaire avait connu un spectaculaire rebondissement : le jeune homme était revenu sur ses accusations, maintenues pendant 11 ans et portant sur des faits qui se seraient déroulés entre 1996 et 1998 dans la villa de Christian Iacono à Vence, alors que l'enfant avait entre cinq et huit ans.
Le 23 janvier 2012, la Commission de révision avait rejeté la demande de suspension de peine de Christian Iacono et ordonné un supplément d'information.
Contexte familial conflictuel
Celui-ci a apporté de nouveaux éléments et confirmé les rétractations de son petit-fils et qu'elle étaient "exemptes de toute manipulation" et n'étaient pas lié à un quelconque intéressement financier, selon l'avocat.
Les investigations menées dans ce cadre avaient également éclairé la Commission sur les raisons qui ont pu conduire Gabriel à accuser son grand-père dans un contexte familial conflictuel.
Il avait en effet expliqué avoir porté ces accusations par volonté de "rapprocher (ses) parents après leur divorce et d'être au (coeur) des attentions de tout le monde".
"Personne ne m'a poussé à l'incriminer. Pour autant je n'ai pas menti. J'y croyais vraiment. Et puis j'ai pris du recul et de la maturité", avait-il dit après son revirement.
"J'ai peut-être effectué une transposition, désigné mon grand-père à la place de quelqu'un d'autre", avait-il avancé, avant d'estimer n'avoir jamais été violé.
Après avoir purgé au total 16 mois en quatre séjours sous les verrous, Christian Iacono a été remis en liberté le 5 avril 2012. Les modalités de sa libération conditionnelle lui interdisent de s'exprimer dans la presse.
Depuis 1945, seuls huit condamnés pour des crimes ont été acquittés au terme d'une procédure de révision, dont une seule fois en 2011 dans une affaire sexuelle.
Loïc Sécher, condamné en 2003 à 16 ans de réclusion pour le viol d'une adolescente qui, après l'avoir accusé, a finalement avoué avoir menti, a été acquitté au terme d'un procès en révision le 24 juin 2011.
Abdelkader Azzimani et Abderrahim el-Jabri pourraient être les suivants, la Cour de révision ayant annulé mi-mai leur condamnation pour des meurtres après les aveux de deux autres suspects.