TooLate est un habitué des provocations et des coups d'éclat sur la Côte d'Azur. En ce mois de juin et d'élections, il pousse une fois encore un coup de gueule via son art pour attirer l'attention de tous des décès quasi-quotidiens de migrants pendant leur traversée en bateau de la Méditerranée.
La Mort surveille les plages. Une silhouette sombre sur une chaise haute sur une plage de Menton (Alpes-Maritimes), à la frontière italienne, face à la Méditerranée : la grande faucheuse qui scrute l'horizon et repère ceux qui sont en difficulté, en position de se noyer.
Cette installation "Deathguard" est signée du street artist Toolate. L'homme veut rester anonyme, c'est donc un pseudo, il a fait des Alpes-Maritimes sont terrain de jeu, mais il est coutumier des performances "choc".
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Et sur la vidéo postée sur les réseaux sociaux, un chiffre : 923.
923 migrants sont morts en Méditerranée depuis le début de l'année.
En 2023, la traversée de cette mer a coûté la vie à 3.129 personnes, noyées ou portées disparues.
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Dans un communiqué, l'artiste dénonce une Méditerranée, cimetière à ciel ouvert.
Les États-membres de l’UE se sont également dérobés à leur devoir de secours en mer aux personnes en détresse. La suppression des capacités européennes de recherche et de sauvetage, accompagnée par leur externalisation à des garde-côtes non-européens, ont fait de la Méditerranée un lieu où les naufrages et les décès évitables sont devenus quasi-quotidiens.
Toolate, street artistdans un communiqué
Face aux résultats des élections européennes, l'artiste s'alarme. "Les résultats des dernières élections européennes sont très inquiétants pour la suite, les partis d'extrême droite progressent dans plusieurs pays de l'UE. Les fascistes et conservateurs défendent des politiques anti-sociales, discriminatoires. Combien de morts supplémentaires en Méditerranée faudra-t-il pour que les États européens remettent en cause leur politique inhumaine ?"
Le poids des mots, le choc des installations
Toolate - trop tard en anglais - n'est pas un inconnu sur la Côte d'Azur. Sa tapette à touristes avait fait grand bruit l'été dernier. Ses conseils ?
- Placer le piège dans une zone infestée par les touristes (le bord de mer par exemple) ;
- Fixer un appât sur la partie droite de la tapette : cornets de glace, gaufres au sucre, crêpes au nutella, produits locaux... ;
- Attendre que le nuisible se fasse piéger ;
- Profiter d’une ville propre sans pollution et sans déchets !
Pour réduire le tourisme de masse sur la Côte d’Azur, j’ai installé des tapettes à touristes. J’espère pouvoir faire disparaître un maximum de nuisibles d’ici la fin de l’été. #streetart #nice pic.twitter.com/UTR495M4Bz
— TOOLATE street artist (@newsfromtoolate) July 11, 2023
Autre œuvre située près de la plage, il y a deux ans : un gigantesque paquet de cigarettes rempli de 10.000 mégots ramassés sur la plage. Sur la vidéo, une musique "Requiem pour un con", de Serge Gainsbourg et, sur le paquet, un message : "voici l'œuvre d'un paquet de gros cons".
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Décidément, le respect de l'environnement est essentiel pour l'artiste. Déjà, pendant le Covid-19, l'abandon de masques sur la voie publique l'avait profondément contrarié, au point qu'il a organisé une exposition à Paris avec les masques chirurgicaux usagés.
Chaque masque est encadré. Ici un rouge à lèvres, là, des traces de transpiration. Pour Toolate, chaque oeuvre est le fruit d'un contributeur inconnu, celui qui a jeté le masque. L'oeuvre "d'un connard" ou "d'une connasse", un titre provocateur que l'on peut lire sur la légende, à la mesure de sa colère face au manque de civisme.
Toolate, un street artist en colère. Il compte vendre des cartes postales sur son site, les bénéfices seront revendus à SOS Méditerranée.