Le sort de l'hippopotame Jumbo du Cirque Zavatta - actuellement à Nice - émeut jusque dans les sphères artistiques de la ville. Le street artiste Toolate en appelle à la signature d'une pétition en ligne pour "sauver l'animal et ses compagnons sauvages".
En noir et blanc, l'animal est attaché, un boulet au pied, et un nez rouge pour amuser. En quelques traits apposés sur un mur du quartier de Magnan, à Nice, Toolate dépeint la vie de Jumbo, un hippopotame de trois tonnes dont les conditions d'accueil au sein du cirque Muller-Zavatta posent de nombreuses questions depuis de nombreux mois.
L'installation de ce cirque à Nice a d'ailleurs fait couler beaucoup d'encre, y compris ce samedi 4 mars.
L'artiste azuréen, qui a donné de l'ampleur à son oeuvre lors du premier confinement, en mars 2020, appelle à signer la pétition de la Ville de Nice pour "sauver l'animal et ses compagnons sauvages".
Ce dimanche 5 mars, à la mi-journée, l'objectif des 15.000 signataires est d'ailleurs en passe d'être atteint.
Discret et désireux de rester anonyme, Toolate a accepté d'expliquer sa démarche et revient sur son engagement à travers le street art, qui s'intéresse aussi bien à la cause animale, qu'à l'environnement ou à la politique internationale.
Qu'est-ce qui vous a décidé à faire cette œuvre sur Jumbo ?
J'avais déjà vu il y a quelques années des images de ce pauvre animal se taper la mâchoire contre la benne à ordure qui lui sert d'étang, depuis, je suis l'ONG One Voice qui se bat pour faire sortir Jumbo de ce cirque dans lequel il vit dans des conditions lamentables.
Quand j'ai appris que le cirque était à Nice illégalement et avait l'intention de donner un spectacle, et ceux malgré l'interdiction de la ville concernant les représentations avec des animaux sauvages, j'étais choqué et j'ai voulu, en tant qu'artiste engagé, alerter un maximum de personnes pour soutenir la pétition "sauvez jumbo", un animal sauvage de 3000 kg n'a rien à faire dans une benne à ordure le jour et emprisonné dans un camion la nuit, il ne faut pas laisser croire à des enfants qu'un hippopotame est heureux dans ces conditions.
Combien a-t-il fallu de temps pour réaliser une telle œuvre ? Quelle en est la méthode, et où est-elle installée précisément?
Le plus souvent, je prends le temps de peindre mes créations, mais faute de temps afin d'alerter le plus rapidement possible, j'ai imprimé ma création que j'ai réalisée sur un iPad, en grand format 2 mètres par 1. J'ai ensuite découpé le papier et je l'ai collé directement sur le mur. L'œuvre se situe sous un tunnel à Magnan, sous la voie rapide. Je trouve le lieu parfait, car il se situe entre deux écoles, les enfants interagissent beaucoup avec le dessin, je trouve important de les sensibiliser sur la maltraitance animale, un enfant informé ne voudra pas aller au cirque.
Cette forme d'art hors les murs dérange-t-elle à votre avis, ou bien est-ce devenu un élément incontournable de nos paysages urbains ? Une de vos œuvres a d'ailleurs été enlevée par les services municipaux...
Il est clair qu'à Nice, la brigade anti tag est très efficace, le street art tel que je le pratique reste un art très éphémère... mais le plus important pour moi, c'est que le message soit passé. Il est vrai que je préférerais voir plus d'artistes s'exprimer sur les murs plutôt que de voir des publicités à tous les coins de rue. Il faudrait peut-être créer la brigade anti pub. "Make art not ads" est ma devise préférée.
Voir cette publication sur Instagram
Obey, Banksy... Le street art oscille entre un héritage esthétique et un message plus militant. Quel héritage revendiquez-vous ?
Il y a plusieurs formes et plusieurs styles dans le street art. Je considère que la beauté de l'art est dans le message et pas dans l'esthétique. J'ai choisi d'être engagé et de passer des messages, mais j'apprécie également toutes les autres formes d'art, chacun est libre de s'exprimer comme il le souhaite.