Il y a deux semaines, l'arrivée des circassiens sur un terrain de Nice avait créé de vives tensions avec le maire Christian Estrosi. Lors d'une médiation, le maire de Menton a posé trois conditions pour accueillir le cirque sur ses terres. Seront-elles respectées ?
L'arrivée s'est faite en convoi, sous escorte de la police municipale. Ce lundi matin, la caravane jaune et rouge du cirque Zavatta a pris place à Menton dans les Alpes-Maritimes.
Les circassiens revenaient d'une étape et de deux représentations données à Blausasc, dans l'arrière-pays niçois. "Carton plein, ça s'est très bien passé !", affirme Alexandre Muller, le directeur du cirque.
Premiers curieux
Ce trajet est la suite d'une installation qui avait créé la polémique à Nice il y a deux semaines entre la troupe et le maire Christian Estrosi.
Sur le bord de mer mentonnais, face à la vieille ville, l'arrivée du cirque s'est faite sans encombre, sous le regard des premiers curieux.
Quand j'étais gosse, on regardait le cirque à la télévision. Le nom Zavatta m'a marqué !
Un Mentonnais
"Moi, j'aime bien voir des animaux", poursuit un autre habitant, Mentonnais d'adoption, croisé devant le stade Rondelli. "Et ce n'est pas parce qu'ils sont en cage qu'ils sont maltraités."
Bien-être animal
Cette question du bien-être animal et du recours à des animaux sauvages était au cœur de la passe d'armes médiatique et judiciaire entre les circassiens et le maire de Nice. Ce dernier mettant notamment en avant une loi de 2021 "visant à lutter contre la maltraitance animale et conforter le lien entre les animaux et les hommes".
Ce texte interdit "dans les établissements itinérants, la détention, le transport et les spectacles incluant des espèces d'animaux non domestiques", après "un délai de sept ans à compter de la promulgation de la loi".
L'interdiction sera donc effective en 2028. Pas tout de suite.
Pour apaiser les tensions et trouver une solution, une réunion est organisée en préfecture. Le maire LR de Menton, Yves Juhel, accepte d'accueillir le cirque sur ses terres, moyennant trois conditions, dont celle d'une absence de numéros avec des animaux sauvages.
Les conditions seront-elles respectées ?
Sur place, quand on évoque cette condition de numéros sans animaux sauvages, la discussion se tend. Après plusieurs minutes de négociations, voici la réponse du directeur du cirque Zavatta, in extenso :
Les animaux, on va les garder avec nous jusqu'à tant que la loi nous le permettra. C'est notre propriété. Notre spectacle, c'est un spectacle pédagogique. On explique la vie des animaux, ce qu'ils mangent, ce qu'il fait dans sa vie, d'où ils viennent... On pourra voir des lions, des tigres, des chameaux, des dromadaires, des singes, un hippopotame...
Alexandre Muller, directeur du cirque
Une liste d'animaux sauvages. Dans cette discussion avec le directeur, impossible de savoir si ces animaux seront visibles sous le chapiteau ou uniquement dans la ménagerie. Toutefois, jamais il ne nous dira explicitement qu'aucun animal sauvage ne sera montré sous le chapiteau, conformément aux négociations organisées en préfecture le 6 mars dernier.
Des représentations sous surveillance
De son côté, la mairie assure qu'elle restera vigilante quant aux trois conditions qu'elle a posées.
S'il y a spectacle, il n'y aura pas de spectacle avec des animaux sauvages. Si nous constatons, dès le premier soir, un spectacle avec des animaux sauvages, nous interdirons la suite des manifestations du cirque Zavatta.
Patrice Novelli, adjoint au maire en charge du bien-être animal
En attendant, les circassiens poursuivent l'installation de leur chapiteau et font la promotion de leurs représentations dans les rues de la ville. Le premier spectacle est prévu ce vendredi à 18h. Si tout se passe bien, le cirque restera à Menton jusqu'au dimanche 26 mars.