Les voies ferrées de la Roya voient circuler des trains tout droit sortis du passé. La locomotive Belphégor, ce vendredi 25 novembre, a retrouvé les hauteurs maralpines après plusieurs décennies tandis que, ce 3 décembre, c’est un autre train historique de la vie de la vallée qui pointera le bout de son nez.
Belphégor, un fantôme tout droit sorti du passé, a été acheminé ce vendredi 25 novembre sur les voies ferrées de la vallée de la Roya pour terminer sa course à Breil-sur-Roya (Alpes-Maritimes).
Plus connue dans la vallée de la Roya sous le doux nom de Lucie, cette locomotive CC 80001 est un prototype à turbine à gaz construit par Renault en 1959.
Elle a fait son grand retour à Breil-sur-Roya grâce au concours de la Société nationale des chemins de fer français. Hébergée dans un hangar de Flins (Yvelines) jusque-là, elle était sur une voie de garage, son ferraillage et sa destruction étant prévus.
Trois locomotives pour tracter
L'opérateur national a finalement concédé à l'Ecomusée du Train des Merveilles la possibilité de lui céder cet appareil et de le faire convoyer dans la vallée. Belhpégor - ou Lucie -, qui ne peut plus rouler par ses propres moyens, a été accompagné par trois locomotives pour la tracter.
C'est un véhicule en mauvais état, mais c'est un véhicule hautement symbolique.
Michel Braun, secrétaire de l'Ecomusée du Train des Merveilles
Le cortège ne pouvant dépasser les 80 km/h, le périple de cette locomotive a duré quelques jours depuis les Yvelines, où elle était alors stationnée. Le coût de l'opération ? Quelque 25.000 euros, pris en charge par la SNCF.
Ce sont bien les passionnés de l'Ecomusée qui sont parvenus à obtenir le rapatriement sous bonne escorte de cette pièce historique de la vie de la vallée, grâce à l'aval de la CMR, la cellule du matériel radié de la SNCF.
Une locomotive pour se reconstruire
Belphégor est déployé sur les rails français en 1968 et prend part à la reconstruction de la ligne ferroviaire passant par Breil-sur-Roya, rouverte en 1979. Elle est baptisée Lucie par les habitants de la Roya qui voient à cette époque d'un très bon œil l'arrivée de cet outil mécanique.
Ses deux moteurs diesel de 1.550 chevaux déploient une puissance particulièrement appréciée sur cette voie ferroviaire escarpée.
Créée en 1928, la ligne Nice-Breil/Vintimille-Cuneo a subi les affres du second conflit mondial et prendra des décennies à être remise pleinement en fonction. La faute aux destructions commises par la retraite des troupes allemandes, après le débarquement en Provence en août 1944, sur les ponts et autres ouvrages facilitant la circulation des trains entre les deux pays transalpins.
Lien franco-italien
Ce samedi 3 décembre, c'est un autre trait d'union entre les vallées italiennes et françaises qui va circuler d'un pays à l'autre.
Une locomotive diesel D445, dans sa version historique, avec ses trois voitures "centorporte" va rallier Breil-sur-Roya, au départ de Vintimille, en passant par Fontan, Saint-Dalmas-de-Tende, mais aussi la Brigue ou Limone (Italie).
Ce trajet exceptionnel se fera notamment à l'occasion d'une cérémonie de jumelage entre Breil et la ville italienne de Borgo.
Bientôt un vrai musée ?
Cette activité ferroviaire laisse augurer de nouvelles ambitions pour l'Ecomusée du Train des Merveilles, situé à Breil-sur-Roya.
Son secrétaire, Michel Braun, l'affirme : ces passionnés qui font vivre le patrimoine de la vallée comptent bien aller chercher des fonds européens pour développer cet écomusée pour le transformer en musée pérenne avec, en ligne de mire, la date de 2028. C'est cette année-là que sera célébré le centenaire de la ligne ferroviaire.
En attendant, les membres de cette structure associative vont devoir s'affairer pour remettre en beauté Lucie. Ils lanceront bientôt une cagnotte en ligne pour financer la réfection de cette locomotive qui nécessite, au bas mot, "deux ans de boulot". Sans compter une enveloppe d'environ 20.000 euros, nécessaire pour mener ce projet à bien.
Quand on aime, on ne compte pas pour la vallée de la Roya !