L'eurodéputée Manon Aubry s'est vue refuser, ce jeudi, l'entrée dans le centre d'accueil de la Police aux frontières (PAF) de Menton, où sont enfermés certains migrants traversant la frontière italienne. Une décision arbitraire selon la responsable France insoumise, la PAF se défend.
La police aux frontières a-t-elle outrepassée ses prérogatives en interdisant l'accès centre d'accueil de la Police aux frontières (PAF) de Menton à la eurodéputée Manon Aubry ? La responsable France Insoumise a trouvé porte close lorsqu'elle est allée rendre visite aux personnes retenues dans les locaux de la PAF pour constater leurs conditions de détention.
Son mandat de députée lui octroie d'ordinaire le droit de visiter à tout moment un lieu de privation de liberté : les locaux de garde à vue, les lieux de rétention administrative, les zones d'attente, les établissements pénitentiaires et les centres éducatifs fermés. Cette disposition, prévue dans le code de procédure pénale, permet même au parlementaire d'être accompagné de journalistes.?Alerte: la police aux frontières de Menton m'a refusé l'accès au lieu d'enfermement des migrants à la frontière italienne malgré le droit pour les parlementaires de visite des lieux de privation de liberté.
— Manon Aubry (@ManonAubryFr) October 31, 2019
Personne ne peut avoir accès à cet espace de non droit @place_beauvau ? pic.twitter.com/pEIkOzQDbF
Et pourtant, la police aux frontières de Menton lui a opposé une fin de non-recevoir : "La police ne veut pas que l'on voit les conditions dans lesquelles sont enfermés des dizaines de migrants qui passent la frontière italienne, surtout des personnes qui sont enfermées là des heures sans véritablement savoir ce qu'il se passe", a-t-elle dénoncé sur Franceinfo.
"Un zone de mise à l'abris", selon la PAF
Mais la PAF n'a pas tardé à réagir par une pirouette juridique : le poste de police de menton ne serait pas un centre de rétention, mais une zone de mise à l'abris des réfugiés."Il y a un texte qui dit que les députés sont autorisés à visiter les locaux de garde à vue, les centres de rétention, les zones d'attente…", explique à nos confrères Agnès Leroll, de la Coordination d'actions aux frontières intérieures. "Mais comme ce lieu-là n'a pas ce statut, même s'il y a des gens enfermés, ça en fait un des seuls lieux où personne ne peut faire un droit de regard, même les élus."
L'interdiction d'entrée des élus dans ces lieux aurait fait l'objet d'une note interne de la Direction centrale de la Police aux frontières, citée par le fonctionnaire ayant refusé l'accès à la parlementaire.
La députée européenne vient d'entamer une grande randonnée à vélo à travers le continent : "1000 bornes dans une Europe en berne". Son voyage a débuté à Marseille, le 28 octobre, où elle s'est entretenue avec des scientifiques spécialistes du climat.Le refus est motivé par une note interne du 02/05 à la DG de la police aux frontières qui qualifie ces lieux de "mise à l'abri face aux conditions météorologiques" (sic!) et interdit aux parlementaires de visiter sans information préalable les postes de Menton et Montgenevre. pic.twitter.com/l00RCzc79T
— Manon Aubry (@ManonAubryFr) October 31, 2019