"Billet, s'il vous plaît." Cette petite phrase on l'entend de moins en mois souvent dans les trains régionaux. Tandis que les syndicats de la SNCF pointent du doigt le manque d'agents, il semble de plus en plus difficile d'acheter un billet au guichet. Nous l'avons expérimenté.
"Vous savez à quelle heure ça ouvre monsieur ?" nous demande cette Mentonnaise un peu égarée dans la gare de sa ville des Alpes-Maritimes.
Nous lui montrons le panneau indiquant le mouvement de grève affectant les guichets de vente tandis qu’à deux pas de là, la file vers les deux automates permettant d’acheter les précieux sésames s’allonge.
"C’est un coup à rater son train" explique une passagère qui prend un café au kiosque de la gare, elle avoue à demi-mot : "souvent, j’essaie avec la machine mais, ça ne fonctionne pas alors je monte dans le train sans payer."
La gérante de la librairie Relay de Menton qui fait face aux quais précise : "je suis un peu comme un agent SNCF vous savez... On me demande les horaires de train, ou comment fonctionne la machine pour prendre les billets !" Elle ajoute amusée qu’elle est la seule présence « humaine » le plus souvent disponible en gare.
Et c’est vrai que ce jeudi 29 juillet, nulle trace d’un agent de la compagnie ferroviaire ni dans le hall, ni sur le quai. Nous prenons le train pour voir comment cela se passe à bord. Là encore personne.
Ce qui ne surprend pas les syndicats de cheminots.
"Il faut savoir" explique Amélia Silighini du syndicat CGT cheminots Côte d’Azur "que seules cinq grandes gares sont pourvues de guichets, Saint-Raphaël, Antibes, Cannes, Nice et enfin Menton."
A Juan-les-Pins ? Là "disons que ça dépend" explique la syndicaliste. Pas facile de s’y retrouver. D’autant qu’à Nice, un guichet est dédié aux billets régionaux, un autre aux billets TGV, si vous voulez deux billets, il faudra faire la queue deux fois ! Kafkaïen.
"Souvent en panne"
Les automates ne sont pas en odeur de sainteté chez les cheminots. Ils seraient même très décriés. "Souvent en panne", éructe Amélia Silighini et pas simple d’utilisation.
En réalité, selon elle, rien n’encouragerait le client à être en régle. La représentante syndicale ajoute : "sur certaines lignes vous n’avez quasiment aucun risque d’être contrôlé." Ces propos sont-ils exagérés ?
Dans le train, beaucoup de touristes comme cette famille, pour elle pas de problème, l’achat s’est fait avec l’application SNCF qui c’est vrai est relativement bien faite.
Sur les machines, "c’est un peu à s’arracher les cheveux" nous confient ces vacanciers plutôt perdus en gare de Menton-Garavan.
Ici, le bâtiment de la SNCF n’accueille d’ailleurs plus de public, l’accès à la gare se fait par le quai directement.
Aidés par des locaux, ces originaires des Pays-Bas arrivent finalement à acheter leur titre au bout d’un bon quart d’heure. Mais ils ne rateront pas leur train car la police a investi les wagons, ce sera d’ailleurs la seule autorité visible aujourd’hui, eux ne sont pas là pour vérifier les billets mais ils recherchent des passagers sans titre de séjour qui arrivent d’Italie.
Retour en gare de Menton. En temps normal, selon nos informations un à deux guichets sont ouverts chaque jour. Mais à des horaires qui se réduisent comme peau de chagrin.
Ainsi en théorie entre 9h10 et 16h10 il est possible d’avoir un agent faisant de la vente de tous les titres, régional, national ou international. Mais à partir de 15h30 seuls les billets régionaux sont proposés. Pas simple.
La grève des agents de gare et guichetiers est suivie par 50 % du personnel d’après la direction de la SNCF qui n'a pas souhaité faire d'avantage de commentaires sur ce conflit, un mouvement qui devrait durer jusqu’à la fin août.