Une association écologiste s’était tournée vers le Conseil d’Etat pour demander l'arrêt des travaux. Tranquillité des riverains et des randonneurs contre la passion du motocross... Un difficile dilemme au cœur de la vallée de la Roya.
S'achemine-t-on vers la fin de la polémique entre les pro motocross et les amoureux de la nature tranquille à La Brigue ? Un projet de loisirs a généré beaucoup de tensions dans le petit village de 700 habitants.
Au cœur de la vallée de la Roya, le maire avait donné son autorisation pour la création d'une piste de moto-cross dans le vallon du Rio Secco.
"Un projet ni fait, ni à faire"
Les riverains étaient inquiets du bruit et du trafic qu'auraient pu générer une piste de motocross sur les sentiers de montagne. Ils voulaient stopper le projet... C'est chose faite !
Le maire de La Brigue a décidé d'abandonner le projet. Une décision qui intervient à la suite de la décision du Conseil d'Etat, survenue à la fin mars. La plus haute juridiction administrative en France a statué sur une non-recevabilité et recommande de ne pas y donner suite.
Une petite victoire pour l'association Roya Expansion Nature , agréée par la préfecture pour les compétences environnementales, qui recense environ 80 adhérents. "C'est une très bonne chose, il serait peut-être temps qu'à La Brigue, on respecte la légalité, a réagi Jean-Marc Tagliaferri, membre de l'association. Le gros problème, ce n'est pas seulement le bruit, c'est que le projet n'était ni fait ni à faire."
Bataille judiciaire
Pour combattre ce projet, l'association avait demandé des référés "mesure utile" auprès du Tribunal administratif. Un expert avait été mandaté pour établir que le défrichement avait commencé, sans autorisation préalable. Le début d'une bataille judiciaire.
L'association avait demandé l'arrêt de tous les travaux de déboisement, jusqu'à ce qu'il y ait des études officielles et "l'autorisation de défrichement suivie d’un permis d’aménager légal et définitivement valide".
Roya Expansion Nature s'est notamment appuyée sur la législation concernant les zones naturelles dans lesquelles certaines plantes sont protégées. Or, la région du Rio Secco est riche en biodiversité.
Pour l'association Roya Expansion Nature (REN), cette initiative était un non-sens écologique et un danger pour la tranquillité des habitants. Leur pétition en ligne avait récolté plusieurs centaines de signatures.
Sur l'origine du projet de piste de motocross, Jean-Marc Tagliaferri, explique : "C'était quelques pères de famille qui voulaient que leurs ados s'amusent avec des motos électriques... mais il y a déjà un circuit à Tende."
Eviter les embâcles
Contacté, le maire de La Brigue, a pris acte de la décision du Conseil d'Etat. Daniel Alberti a reçu le courrier en mars. Il précise que l'association "Riders du Rio", porteuse du projet, a jeté l'éponge au mois de mai.
Selon lui, la zone déboisée est une piste étroite, parallèle au futur circuit, qui devait servir pour le passage des secours en cas d'accident sur ces sentiers escarpés.
Il affirme aussi qu'il va déposer un dossier auprès de la préfecture et de l'Office National des Forêts pour défricher cette zone à l'automne.
Car, en cas de crue, les arbres déracinés par la force du courant, pourraient créer des embâcles et obstruer le pont situé en contrebas du village. Les ravages de la tempête Alex sont encore dans toutes les mémoires.
Difficile "mixité" sur les sentiers de montagne
L'élu est aussi un peu amer sur l'abandon du projet. Il s'inquiète aussi de la "mixité" des engins qui roulent à des vitesses différentes sur des pistes non sécurisées : "Les VTT avec assistance électrique et les motocross roulent déjà à côté des randonneurs." Reste le préjudice financier. La commune écope d'une amende de 3 000 euros.
Quant à l'association, elle doit payer les frais d'experts qui s'élèvent à plus de 4 000 euros, le rapport se trouve ici. La solution la moins coûteuse pour les deux parties serait de trouver un accord. Et retrouver une certaine harmonie tout là-haut dans la montagne.