Chaque année, 70 tonnes de citrons labellisés sont produites dans le secteur de Menton dans les Alpes-Maritimes. Pour éviter que la production ne soit pas à la hauteur cette année en raison de la sècheresse, l'IGP accepte exceptionnellement des fruits de calibre plus petit.
Une peau dense et épaisse, une acidité modérée et une grande douceur en bouche : le citron que l'on cultive depuis le XVe siècle sur le terroir mentonnais a, paraît-il, une saveur inimitable.
Depuis 2015, cette particularité est distinguée par une IGP, Indication géographique protégée. Ce label européen en fait un produit unique. 66 producteurs peuvent s'en prévaloir à Menton et sur les communes voisines de Castellar, Gorbio, Roquebrune-Cap-Martin et Sainte-Agnès.
Le citron de Menton ne pousse que dans les vergers habilités. Il murit sur l’arbre, se récolte à la main, ne subit aucun traitement après récolte et n’est enrobé d’aucune cire.
Mais son cahier des charges, très strict, impose aussi à chaque fruit candidat à l'IGP un calibre précis : entre 53 mm et 90 mm de diamètre pour que le citron ressorte de la station de conditionnement avec le précieux label.
Et c'est bien cette règle qui faisait craindre, avant l'hiver, que la récolte 2023 ne soit pas à la hauteur. Lors d'une année classique, ce calibrage permet de mettre sur le marché environ 70 tonnes de fruits labellisés.
Mais cette année, en raison de la sécheresse, beaucoup de fruits sur les arbres sont plus petits. Patrice Mazzafera, agrumiculteur sur les hauteurs de Menton, le constate lors de ses récoltes quotidiennes.
Il manque 800 litres de pluie au mètre carré.
Patrice Mazzafera, producteur de citrons de Menton
Ce producteur est contraint d'avoir recours à l'irrigation pour compenser le manque de pluie. Sa production tient ses promesses en termes de qualité, mais tous les fruits ne sont pas à la taille requise.
Cette année on peut passer en IGP des fruits de calibre inférieur à 50 mm. Ce n'était pas le cas l'année dernière. Pour nous, c'est une vraie aubaine.
Cette modification exceptionnelle du cahier des charges de l'IGP Citron de Menton devrait en effet permettre de repêcher une partie de la production. L'Association pour la promotion du citron de Menton s'en réjouit :
Grâce à cette dérogation, on a déjà pu conditionner deux tonnes de plus en IGP que l'année dernière, ce qui fait que la saison est correcte.
Stéphane Constantin, directeur de l'Association pour la promotion du citron de Menton.
Ces fruits labellisés, bien que plus petits, présentent évidemment les mêmes qualités gustatives que les plus gros. Ils serviront à la fabrication de produits transformés à commencer par la confiture.
Si cette adaptation exceptionnelle a permis d'assurer les volumes de récolte cette année, la profession reste pessimiste pour les saisons futures si la sécheresse perdure.
La situation ne tient qu'à un fil. On est inquiets pour l'avenir.
Patrice Mazzafera
Car les systèmes d'irrigation existants ne suffiront pas à compenser le manque d'eau sur le long terme. La pluie reste indispensable pour que le citron continue d'ensoleiller les collines mentonnaises.