Selon l'Anas, la société qui gère le réseau routier italien, il reste "environ 240 mètres" du nouveau tunnel à creuser. Dans la vallée de la Roya, les habitants commencent à trouver le temps long et attendent impatiemment le retour des visiteurs étrangers.
"Le creusement du nouveau tube du tunnel de Tende progresse." L'Anas, la société qui gère les routes nationales italiennes, se veut rassurante sur ce chantier qui dure depuis maintenant huit ans.
"L'étanchéité, le revêtement en béton et la construction du radier progressent également", poursuit l'Anas, contactée par France 3 Côte d'Azur. "Ainsi que le creusement des 13 'by-pass'", ces accès de secours qui permettront des liaisons (piétons et véhicules) entre les deux tubes.
Selon l'avancée mesurée la semaine dernière, 1 844 mètres ont été creusés du côté italien, 1 136 mètres du côté français.
Au total, environ 240 mètres du nouveau tunnel restent à creuser.
Anas
Quant au tunnel historique, "des consolidations sont en cours afin de permettre son agrandissement et de l'amener aux dimensions du nouveau tube".
En parallèle de ces avancées, les travaux pour construire le viaduc côté français qui remplacera la route détruite par la tempête Alex ont commencé "en décembre 2022".
L'Italie à moitié prix
Dans la vallée de la Roya (Alpes-Maritimes), les habitants commencent à trouver le temps long. Car, au-delà du retard occasionné par une affaire politico-judiciaire il y a quelques années, depuis le passage de la tempête Alex une nuit d'octobre 2020, il n'est plus possible de relier directement par la route le Piémont voisin.
Seule la route des 46 lacets peut être ouverte aux beaux jours, moyennant une circulation très réglementée.
Un chamboulement pour toute une vallée, tant dans son quotidien que dans son économie.
Pour certains habitants et professionnels de la Roya, aller chez le voisin italien avait certains avantages.
Pour réparer nos machines agricoles (tracteurs, tronçonneuses...), nous allions à Cuneo car, là-bas, la mécanique, c'est moitié moins cher !
Jean-Louis Molinaro, propriétaire d'un camping
"Aujourd'hui, pour y aller, on met 3h30, en passant par Vintimille, Imperia et le col de Nava", poursuit Jean-Louis Molinaro, le propriétaire depuis 12 ans du camping Le Pra Réound à La Brigue.
Julia Bonnet, elle, allait en Italie chercher du foin pour sa cinquantaine de chevaux. La responsable des Randonneurs du Mercantour a donc dû démarcher "d'autres fournisseurs".
On a réussi à trouver du foin de meilleure qualité et à un coût avantageux dans les Alpes-de-Haute-Provence.
Julia Bonnet, propriétaire de chevaux
Mais, "pour les céréales, je préfère les prendre dans le Piémont car elles sont produites localement et, même s'il faut faire un long détour, le coût reste moins élevé qu'en France".
Seul accès par le train
Pour les courses et les démarches du quotidien, il reste le train. Mais les grèves de ces dernières semaines en France ont perturbé ce moyen de transport. Exemple avec les collégiens de Saint-Dalmas-de-Tende, qui devaient skier cet hiver à Limone trois jours par semaine.
On a annulé 4 semaines sur les 10 prévues. Alors on a pris la décision d'aller à Auron, mais cela faisait 3h de route aller et 3h retour, alors que la station de ski de Limone est à 15-20 minutes du collège !
Malo Cherrin, professeur d'EPS
Résultat, seuls les 32 collégiens de la "section ski" ont pu s'y rendre 3 mercredis de suite. "La route, ça les fatigue, certains ne sont pas venus à toutes les séances", poursuit Malo Cherrin, leur professeur de sport. "Même pour moi, car je me levais à 5 h 30 et rentrait chez moi à 21 h 30 !"
Où sont les touristes étrangers ?
Et puis, il y a le tourisme. "Il nous manque la clientèle suisse et allemande, qui venait en juin et septembre, hors saison. Aujourd'hui, ils passent ailleurs et s'arrêtent... ailleurs", regrette le Brigasque Jean-Louis Molinaro.
Ce que confirme l'office du tourisme de Tende. "Les touristes d'Europe du Nord qui aiment les randonnées et les parcs nationaux ne peuvent plus venir chez nous", complète Carole Tosello.
C'est une perte incommensurable pour nous. Sans compter les Italiens qui ont des résidences secondaires ici. Certains viennent avec le train, mais ils sont moins nombreux.
Carole Tosello, référente office de tourisme à Tende
Aujourd'hui, l'office du tourisme dénombre entre 16 et 18 000 visiteurs par an ; ils étaient entre 18 et 24.000 avant la crise sanitaire et la tempête Alex.
C'est peu dire que la fin des travaux du tunnel et du viaduc est grandement attendue. Selon l'Anas, le nouveau tube du tunnel de Tende devrait rouvrir à la circulation "d'ici octobre 2023". Le viaduc au nord de Tende devra donc être, lui aussi, terminé pour cette date. Quant au tunnel historique, agrandi et remis aux normes, il faudra attendre "juin 2025".