Dans un courrier au maire de Sotchi, les villes jumelées de Menton et de Baden-Baden en Allemagne, suspendent leur jumelage avec la ville russe. D'autres communes de la Côte d'Azur sont aussi associées à des villes russes.
Plus de jumelage pour Menton avec la Russie... au moins jusqu'à la fin de la guerre en Ukraine.
Dans un courrier adressé au maire de Sotchi, les villes jumelées de Menton dans les Alpes-Maritimes et de Baden-Baden en Allemagne, annoncent suspendre leur jumelage avec la ville russe jusqu'à ce que la pleine souveraineté de l'Ukraine soit rétablie.
Un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux et signé par le maire DVD de Menton, Yves Juhel et la maire de la ville du sud-ouest de la Forêt-Noire, Baden-Baden.
Les villes de Menton et de Baden-Baden condamnent avec la plus grande fermeté la guerre d'agression menée par la Russie contre l'Ukraine. Le président Poutine ne respecte pas le droit international et accepte sans hésitation la mort d'innocents. Face à la guerre en Europe, nous ne pouvons pas et ne voulons pas rester neutres. Nous sommes attachés aux valeurs de liberté, de démocratie et d'état de droit.
Yves Juhel et Margret Mergen.
"On ne pouvait pas rester comme ça"
Patrice Novelli, responsable des jumelages à la mairie de Menton, explique : "nous avons reçu un courrier de la ville de Baden-Baden avec qui nous sommes jumelés et qui est aussi jumelé avec Sotchi en Russie. Ils nous ont proposé de condamner l'attitude de la Russie envers l'Ukraine en mettant en sommeil les relations de jumelage que nous avions avec Sotchi."
L'adjoint précise qu'à l'origine, en juin 1966, c'était un jumelage France-URSS car à l'époque Sotchi faisait partie de l'empire soviétique. Un rapprochement entre deux cités balnéaires, l'une sur les bords de la Méditerranée et l'autre près de la mer Noire.
Un jumelage sur le papier car il y avait peu de relations entre les deux villes. Menton est plus liée avec Baden-Baden en Allemagne et Montreux en Suisse.
C'est une décision symbolique mais on ne pouvait pas rester comme ça.
Patrice Novelli
Association culturelle, linguistique et apolitique
Contactée, la présidente de l'association Menton-Sotchi, amicale France-Russie, Etiennette Boutou minimise les contacts avec la ville russe : "Il est certain qu'on n'avait plus de contacts avec la ville de Sotchi depuis quelques années. Un dernier voyage avait été organisé pour rencontrer la mairie avec une délégation de Jean-Claude Guibal (ancien maire de Menton)... il y a 3 ou 4 ans, avant le Covid."
"Nous y étions allés en mars et la délégation de Sotchi était venue l'été. Mais on n'avait plus de contacts linguistiques avec la mairie. J'avais essayé de relancer un peu, mais sans succès", explique la présidente.
L'association a rapidement pris fait et cause pour soutenir les Ukrainiens. Une collecte de 500 euros a même été organisée pour le Secours Populaire. Une position clairement affirmée lors de la dernière assemblée générale, le 12 mars dernier, en arborant les couleurs du drapeau ukrainien.
Etiennette Boutou affirme : "c'était pour bien expliquer qu'on était pour les Ukrainiens et du côté des opposants à la guerre en Russie car là-bas, la censure et la propagandes sont très fortes."
Elle précise que cette association qui compte 80 adhérents était et restera culturelle, linguistique et apolitique. Elle s'intéresse plus aux grands écrivains russes comme Dostoïevski ou Tolstoï, ou aux œuvres de Prokoviev pour l'Opéra... un compositeur qui avait à l'époque maille à partir avec la censure stalinienne.
Les conférences et les spectacles musicaux sont maintenus, exclusivement avec des thèmes russes ou ukrainiens.
Au début de la guerre, la messagerie de l'association a reçu quelques messages d'insultes, trois ou quatre "mais surtout des personnes qui se demandaient quelle était notre position", précise la présidente.
Etiennette Boutou le martèle : "C'est la culture avant tout qui doit être un élément de paix. On n'a rien à voir avec les Russes, partisans d'une guerre atroce."
Cette association ne reçoit plus de subventions de la mairie de Menton.
Qu'est-ce qu'un jumelage ?
On voit souvent le panneau à l’entrée des municipalités, le jumelage entre villes est courant mais pas forcément connu.
Le principe est de rassembler les efforts des villes jumelles pour qu’elles puissent avancer sur des points communs :
- promouvoir les échanges linguistiques, le tourisme, la culture,
- approfondir les connaissances entre les deux villes,
- soutenir des projets et conserver une certaine amitié qui profite aux deux villes jumelles.
Dans la région PACA, d'autres villes sont jumelées avec des villes russes :
- Arles (Bouches-du-Rhône) avec Pskov, depuis 1976
- La Valette-du-Var (Var) avec Novotcherkassk, depuis 1992
- Sanary-sur-Mer (Var) avec Noguinsk : le drapeau a été retiré dès le 24 février. "Sans vouloir faire offense à Noguinsk, notre ville jumelle que nous n’entendons pas renier, symboliquement, notre municipalité a ainsi décidé de retirer dès demain le drapeau russe de l’Office du Tourisme, en soutien à l’Ukraine et à la paix en Europe comme dans le monde." , explique la ville sur son compte Facebook. Noguinsk est une ville proche de Moscou, le jumelage avait été signé en 2010.
- Toulon (Var) avec Cronstadt, depuis 1998
Nouveau jumelage avec Lviv
Le 14 mars dernier, le maire (LR) de Cannes, David Lisnard officialisait lui un nouveau jumelage avec la ville de Lviv en Ukraine. De retour d'un voyage de quelques jours dans le pays en guerre, l'élu nous précisait que "ce partenariat doit permettre de fluidifier et d’adapter l’aide alimentaire cannoise au plus près des besoins de la population et des milliers de réfugiés que cette ville accueille chaque jour et de construire l’avenir."
La ville de Cannes a malgré tout conservé "un pacte d'amitié" avec Moscou initié en 1998.
David Lisnard est le président de l’Association des Maires de France.