Migrants : des négociations à Menton pour trouver un "centre d'hébergement temporaire", mais pas un "camp d'accueil"

La préfecture des Alpes-Maritimes est en discussion avec la Ville de Menton pour trouver un lieu d'accueil temporaire pour les migrants arrivant à la frontière. Avant leur retour en Italie.

De la bouche-même du préfet des Alpes-Maritimes, c'est un "bug de communication". Alors que l'île italienne de Lapedusa a connu la semaine dernière un afflux de migrants d'une ampleur sans précédent, les équipes préfecturales étaient en visite sur lundi matin à Menton. En compagnie de responsables de la Protection Civile, ils ont passé en revue différents sites dans l'optique d'y héberger des migrants en provenance d'Italie. Le stade Jean Rondelli a fait partie des sites visités.

La préfecture prévoirait-elle de réquisitionner un lieu pour y installer un camp d'accueil pour migrants en provenance de Lampedusa ? La nouvelle est allée vite, trop vite pour les services de l'Etat, qui ont rapidement démenti cette "fake news" sur leurs réseaux sociaux :

Selon la préfecture, ce site devrait permettre "d'augmenter temporairement les capacités du local de police pour les étrangers en situation irrégulière interpellés, avant leur remise aux autorités italiennes".

Le local actuel de la police, centre Saint-Louis, se situe à l'entrée de Menton venant d'Italie :

En fin de journée, le préfet a donné une conférence de presse pour préciser le projet :

Il n'y a aucune réquisition en cours pour la création d'un camp de migrants à Menton, ni ailleurs dans les Alpes-Maritimes.

Bernard Gonzalez, préfet des Alpes-Maritimes

Un site d'hébergement temporaire avant les reconduites à la frontière

Le projet qui se dessine à Menton, sans rapport avec la situation à Lampedusa ? C'est ce qu'affirme le représentant de l'État, pour qui il faut plutôt y voir le "résultat des renforts annoncés la semaine dernière par le ministre de l'Intérieur", Gérald Darmanin, personnellement en visite à Menton.

"Les moyens supplémentaires qui ont été accordés à la préfecture et à la police aux frontières nous amènent à avoir une efficacité accrue en matière d'interceptions de migrants et de récupération d'étrangers en situation irrégulière", affirme Bernard Gonzalez.

Et le préfet donne les chiffres : sur le terrain, plus de 200 policiers, gendarmes et douaniers, et 120 militaires de l'opération Sentinelle. 1500 interpellations dans la semaine du 8 au 14 septembre. Et, conséquence, jusqu'à une centaine de personnes à abriter quotidiennement dans l'attente d'une reconduite à la frontière.

"Nous avons contacté une association de protection civile pour qu'elle vienne en appui de la PAF dans des locaux qui restent à définir, pour être encore plus opérationnels dans les procédures de non-admission, pour remettre ces personnes aux autorités italiennes dans les meilleurs délais".

Le site exact de cette "extension" des locaux de la PAF n'est pas encore fixé. Il devra être à proximité des locaux actuels de Saint-Louis. Quelle forme prendra-t-il ? Ce pourra être "des Algeco", mais la préfecture n'exclut pas des "formules plus souples comme des tentes, sur des terrains à trouver."

Un hôtel de Menton réquisitionné pour les mineurs isolés

De son côté aussi, le maire de Menton Yves Juhel, dans un communiqué, "dément toute installation de camps de migrants sur la commune de Menton, en particulier sur le stade Rondelli, qui n’a pas d’assainissement, est en zone inondable et soumis à de forts coups de mer".

Dans ce même communiqué, la Ville de Menton confirme que "pour faire face à l’afflux annoncé de migrants clandestins, une parcelle municipale à côté du poste frontière et des services de la police aux frontières pourrait être mise à disposition."

Cette solution transitoire permettrait de gérer administrativement une centaine de clandestins adultes qui cherchent à venir en France sans titre de séjour, de façon à ce que leur demande soit étudiée.

Communiqué de la Ville de Menton

La commune précise en revanche qu'elle s'opposera à toute installation de tentes sur son territoire, ainsi qu'à toute nouvelle réquisition d'hôtel.

Car la précédente réquisition est toute récente : vendredi dernier, la préfecture a pris la décision de réquisitionner un hôtel Ibis situé justement à Menton pour l'hébergement d'urgence d'une cinquantaine de mineurs non-accompagnés, problématique à laquelle le Département des Alpes-Maritimes a du mal à faire face. Ce lundi sur place la réquisition n'était pas encore effective, mais elle devrait durer 30 jours. Sur ce point, la ville n'a pour l'heure pas fait de commentaire.

Le message de "fermeté" de Gérald Darmanin

Dans ce contexte qui met à rude épreuve la solidarité européenne, le ministre de l'Intérieur français doit se rendre ce lundi soir à Rome. Invité de la matinale sur Europe 1, Gérald Darmanin a affirmé que "la France ne s'apprête pas à accueillir" une partie des migrants.

Le ministre affirme également vouloir porter en Italie un message de "fermeté" : "Ce que nous voulons dire à nos amis italiens, qui je crois sont parfaitement d’accord avec nous, [c’est] que nous devons protéger les frontières extérieures de l’Union européenne et surtout tout de suite regarder les demandes d’asile, et quand elles ne sont pas éligibles les renvoyer dans leur pays", a-t-il dit.

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