La Principauté a finalement obtenu ce qu'elle voulait : pouvoir charger un client à l'aéroport de Nice. En face, les professionnels français ont réussi à négocier certains points, comme le nombre de vignettes pour les taxis.
L'annonce était triomphante et en même temps mytérieuse. Il y a tout juste une semaine, la préfecture des Alpes-Maritimes et le gouvernement de Monaco envoyaient un communiqué commun. "Les autorités monégasques et françaises sont parvenues à finaliser un dispositif permettant aux professionnels du transport de personnes de travailler sur les deux territoires."
Et ? C'est tout. L'annonce tenait en quelques lignes et n'apportait aucune précision sur le contenu de cet accord. Il aura fallu attendre ce vendredi et la publication de six arrêtés au Journal de Monaco, l'équivalent du Journal officiel français, pour connaître les détails.
On y apprend notamment que le nombre de vignettes concédées par Monaco a légèrement augmenté : 400 vignettes pour les VTC français (300 jusqu'au 31 octobre et 100 pour les deux derniers mois de l'année) et 28 vignettes pour les taxis (contre 20 initialement).
Ce macaron permettra à son détenteur français de pouvoir prendre en charge un client sur le territoire de la Principauté, à la condition que la course ait été déclarée en ligne auprès des autorités monégasques deux heures auparavant. Le tarif est fixé à 660€ pour une autorisation qui court jusqu'à la fin de l'année. Il faudra également renseigner plusieurs données concernant l'entreprise de transport et signer une charte qualité (tenue du chauffeur, maîtrise d'une langue étrangère, avoir un permis toujours valide...).
Fin du "chacun chez soi"
En parallèle, la Principauté a obtenu ce qu'elle voulait : la prise d'un passager à l'aéroport Nice Côte d'Azur pour 28 véhicules monégasques et la possibilité de pouvoir charger un client partout ailleurs sur le territoire français.
Depuis jeudi 13 avril, les professionnels monégasques peuvent de nouveau charger aux aéroports de Nice Côte d’Azur. Au même moment, les premières vignettes pour travailler sur le territoire monégasque sont distribuées aux taxis et VTC français qui sont éligibles.
Ministère d'État
Ce qui n'était plus le cas depuis octobre dernier. Les professionnels français ayant manifesté à plusieurs reprises contre ce système de vignette perçu comme injuste, c'était le principe du "chacun chez soi" qui prévalait. Pour les transporteurs monégasques, impossible donc, officiellement, d'aller chercher un client en France, même pour le conduire à Monaco.
"Cet hiver, nous avons eu plus de travail", indique Fabrice Cavallera, le président du Syndicat des taxis de Nice, sans pour autant "certifier" que cela est la conséquence du "chacun chez soi".
Désormais, un taxi ou une grande remise (l'équivalent d'un VTC) monégasque peut donc travailler sur le sol français. Mais "dans une certaine mesure", tempère-t-on du côté du Ministère d'État.
Seules les courses au motif sanitaire et aux aéroports [du groupe Aéroports de la Côte d'Azur] sont pratiquées par les professionnels monégasques, et ce, dans le but de servir les résidents de la Principauté. Il ne s’agit en aucun cas d’aller sur le territoire français pour prendre en charge des clients étrangers à la Principauté.
Ministère d'État
Revoyure en octobre
Du côté des conducteurs français, la colère provoquée par l'annonce de la réinstauration de la vignette à Monaco fin mars semble s'être un peu apaisée.
Le chacun chez soi convenait à 90% de la corporation. 10% avait besoin de travailler de manière occasionnelle sur le territoire monégasque. Il a fallu trouver un consensus pour tout le monde.
Fabrice Cavallera, président du syndicat des taxis de Nice
"Le travailleur monégasque, pour travailler en France, n'a aucune déclaration à faire et n'a pas de contrainte administrative ou financière", fait remarquer Fabrice Cavalerra.
Sur le fond, on a trouvé que le nombre de vignettes pour les VTC étaient suffisants.
Sabrina Sebena, présidente de l'Union des VTC 06/83
"On a pu travailler avec le gouvernement monégasque sur des points précis, comme la loi des 8h", poursuit Amaury Manoukian, chargé de communication de l'Union des VTC 06/83. Cette "loi" permet à un chauffeur français n'ayant pas de vignette de pouvoir récupérer son client à Monaco dans un délai de 8h après sa dépose.
Les négociations pourront reprendre une fois la saison estivale terminée. Sabrina Sebena conclut : "Nous avons demandé une clause de revoyure au mois d’octobre".