Venise, ses canaux, ses gondoles... Ou pas. Les basses marées de ces derniers jours dans la lagune ont mis à sec certains canaux de la ville d'Italie. Ce spectacle insolite de gondoles échouées sur des bancs de vase est-il lié au réchauffement climatique ?
À sec ! Ou presque ! Venise n'est plus en ce moment cette carte postale faite de palais bordés par des canaux aux reflets changeants.
En cette fin du mois de février, c'est plus "gondoles échouées sur des bancs de vase" le sujet des clichés des touristes.
Réchauffement climatique ?
Forcément, l'actualité liée à la sécheresse et au réchauffement climatique pousse à se poser la question d'un possible lien.
Il s'agit là pourtant d'un phénomène "absolument normal", a expliqué mardi à l'AFP Alvise Papa, responsable du centre de prévision des marées de Venise.
Environ 70% des phénomènes de basse marée surviennent justement en cette période, de janvier à février. Jusqu'en 2007-2008, on assistait à cela tous les ans, puis nous n'avons plus eu de basses marées comme celles enregistrées ces derniers jours
Alvise Papa, responsable du centre de prévision des marées de Venise.AFP, 21 février.
Interrogé par l'AFP sur un lien éventuel entre la situation actuelle et l'épisode de sécheresse touchant une partie de l'Europe ou le réchauffement climatique, l'expert a répondu par la négative.
"Ça fait environ 20 jours qu'en région méditerranéenne, il y a un anticyclone, et donc, une haute pression atmosphérique", explique à Franceinfo Luigi Cavaleri, chercheur à l'institut des sciences maritimes de Venise.
Les basses marées ne suffisent pas à assécher les canaux, mais cette année, elles sont accompagnées d'une pression atmosphérique élevée au sein d'un anticyclone empêchant l'arrivée de perturbations. Les perturbations hivernales, accompagnées de vent et de pluie, amplifient habituellement l'amplitude des marées, ce qui n'est pas le cas cette année.
Les fondations des immeubles longeant certains canaux sont mises à nu, suscitant la curiosité des touristes :
La Cité des Doges est d'habitude menacée par le phénomène inverse de l'"acqua alta", une marée particulièrement haute qui inonde régulièrement la célèbre place Saint-Marc.
Depuis octobre 2020, un système de digues artificielles baptisé MOSE (Moïse en italien) est d'ailleurs déclenché dès que la montée des eaux de la mer Adriatique atteint une cote d'alerte de 110 cm.
Selon les experts, la situation devrait revenir à la normale rapidement. Cette "marée basse" à l'avantage de permettre de faire un 'check-up' de l'état des immeubles.
Avec AFP