Tempête Alex : deux députés font le bilan des reconstructions et tirent les enseignements de la crise

Un peu plus de deux ans et demi après cette catastrophe naturelle, les députés Alexandra Masson (RN) et Philippe Pradal (Horizons) ont mené une mission "flash" sur l'après tempête-Alex grâce à plusieurs auditions et un déplacement dans la vallée de la Roya. Objectifs : faire le bilan des reconstructions et tirer les enseignements de la gestion de cette crise.

Quelles leçons tirer de l'après-tempête Alex ? Que mettre en place pour que la mise à l'abri, l'aide et la reconstruction soient encore plus rapides et efficaces si une telle catastrophe naturelle devait se reproduire ?

La députée de la quatrième circonscription des Alpes-Maritimes Alexandra Masson (RN) et celui de la troisième circonscription Philippe Pradal (Horizons) ont rendu ce mercredi le rapport de leur mission "flash".

Téléphone satellitaire et kit de survie

"L'aspect le plus marquant qui ressort de l'ensemble des auditions est la rupture des communications", détaille Philippe Pradal devant les députés de la Commission du développement durable. "Sans moyen satellitaires, des maires ont été dans l'incapacité de communiquer avec la préfecture" créant un "flou sur les dégâts".

C'est là l'un des premiers enseignements à prendre en compte de la tempête Alex : les communes qui peuvent être isolées doivent être équipées "systématique[ment] avec des moyens satellitaires préalablement testés". Il y a une semaine, la commune de Breil-sur-Roya a inauguré une antenne de télécommunication autonome.

En début d'année, c'est une solution d'urgence que l'opérateur Orange a testé dans plusieurs communes sinistrées.

De quoi pallier toute interruption de communication. Lors de la tempête Alex, plusieurs communes ont été coupées du monde pendant plusieurs jours. Un souvenir traumatisant pour les habitants qui l'ont vécu.

"Un des messages que l'on veut passer, c'est d'améliorer la communication entre les habitants des vallées touchées et les services qui interviennent sur ces territoires", expliquait à notre micro Daniel Cottalorda, le président de l'association Roya développement, juste avant son audition par Philippe Pradal et Alexandra Ardisson à Breil-sur-Roya.

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Les députés Alexandra Masson et Philippe Pradal dans la Roya pour une mission parlementaire sur la reconstruction post-Alex ©Loïc BLACHE / Laurent MENEY / Florence TOUITOU / France 3 Côte d'Azur

Le député de la troisième circonscription recommande également, "comme en Finlande", "de disposer de trois jours de moyens de survie (nourriture, alimentation électrique, eau, bougie...) pour faire face au temps nécessaire à l'intervention des premiers secours".

Et aujourd'hui, la reconstruction ?

Dans les semaines qui ont suivi la tempête, les deux députés font un constat d'une "réactivité des secours et des bénévoles", poursuit Alexandra Masson, lors d'une conférence de presse. "Un préfet a très vite été nommé pour la reconstruction, mais pas que. Il accompagne aussi le projet pour redynamiser les vallées."

Et aujourd'hui, où en est-on de la reconstruction ?

Plus de 80% de la reconstruction a été faite.

Philippe Pradal, député

Il reste néanmoins de gros chantiers, comme la fin des travaux du tunnel de Tende. "On nous annonce des délais qui, j’ai bien peur, ne seront pas tenus", craint Alexandra Masson. Pour l'heure, la date de la fin du creusement du nouveau tunnel n'est pas encore connue. "Il est vraiment vital que ce tunnel rouvre au plus vite", poursuit la députée de la quatrième circonscription.

Du côté de la Vésubie, Philippe Pradal assure qu'"aucun marché n'a été résilié" suite à l'ouverture en avril d'une enquête préliminaire pour "détournement de fonds publics", "escroquerie", "faux et usage de faux". "Les travaux ont repris à peu près partout. Là où ça n'a pas repris, c'est à cause de sujets d'ordre administratif et non financier."

Le direct de leur restitution :

Prise en charge par les assurances

Du côté de la prise en charge des dégâts des particuliers par leurs assurances, près de 14 000 dossiers ont été ouverts.

Il reste 3% des dossiers à clôturer, à cause d'un contentieux ou des transactions qui n’ont pas abouti.

Alexandra Masson, députée

Dans le détail, 72% des dossiers concernaient une habitation, 25%, un bien professionnel et agricole et 3%, un véhicule.

"Deux cas particuliers à Breil-sur-Roya sont à signaler", écrivent les parlementaires dans leur synthèse.

Des habitants et la commune, propriétaires de plusieurs biens situés dans le centre historique de la ville "n'arrivent à rien obtenir des assurances".

Ces dernières "estiment que les sinistres sont dus à des mouvements de terrain, et que d’autres bâtiments avaient subi des dégâts par le passé ; le lien avec la tempête Alex ne serait donc pas établi". Et ce, malgré le classement de Breil-sur-Roya en état de catastrophe naturelle, "y compris pour les mouvements de terrain".

Période d'urgence étendue et culture du risque

Avec cette mission "flash", Alexandra Masson et Philippe Pradal souhaitent que leurs préconisations soient prises en compte dans des propositions de loi ou des amendements en cas de nouvelle catastrophe climatique. Il s'agit notamment d'"alléger les procédures administratives en étendant notamment la période d'urgence entre 24 et 36 mois".

Avec cette notion de "travaux d'urgence", le code de l’environnement permet d'entreprendre, en cas de danger grave et immédiat, des travaux "en dehors du cadre légal d’autorisation et de déclaration, dès lors que le préfet en est informé".

Deuxième recommandation : améliorer et renforcer la culture du risque en amont. À travers une "journée du risque et de la résilience" ou la mise en place d'une "réserve communale de sécurité civile" ou d'interventions en milieu scolaire.

Chaque enfant devrait avoir, à chaque niveau, au moins un cycle de formation à la gestion du risque : en CM2, en Troisième et en Première ou Terminale. Ces moments seraient animés par des pompiers, des forces de l'ordre ou la réserve communale pour leur expliquer les risques attentats, inondations et séismes…

Philippe Pradal, député

Enfin, cette culture du risque devrait amener à "ne pas indemniser les habitants sinistrés pour reconstruire au même endroit car ça n’a pas de sens si cet endroit est dans une zone à risques", conclue Alexandra Masson.

La tempête en quelques chiffres

Dans la nuit du 2 au 3 octobre dernier, 400 à 600 millimètres de pluie, soit l'équivalent de trois mois de précipitations, sont tombés sur les villages des vallées de la Vésubie, de la Roya et de la Tinée. Cela a entraîné une crue torrentielle de plusieurs cours d'eau, emportant des ponts, des routes et des maisons et anéantissant les réseaux de communication et d'électricité. Certaines communes dans la vallée de la Roya ont ainsi été coupées du monde pendant 48 heures.

Au total, dix personnes sont décédées et huit sont portées disparues. Les dégâts causés par les intempéries ont été chiffrés à un milliard d'euros. Le fonds de prévention des risques naturels, dit fonds Barnier, a été mobilisé à une hauteur jamais atteinte : environ 120 millions d’euros. C'est la plus grande catastrophe connue par la France depuis la seconde Guerre mondiale.

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