La tempête Alex a peut-être sauvé le "train des Merveilles" dans la Vallée de la Roya

Ce lundi 30 novembre, une commission intergouvernementale franco-italienne a eu lieu. En plus des travaux d'urgence, la Convention d'exploitation qui date de 1970 a été entièrement revue et de nouveaux investissements ont été envisagés pour pérenniser la ligne Nice-Cuneo-Vintimille.

C'est un accord en passe de devenir historique. La convention du 24 juin 1970 imposant à l'Italie d'entretenir seule la partie Breil-Tende du Train des Merveilles, héritage de la seconde Guerre mondiale, va être remplacée par une nouvelle convention d'exploitation.
Ce texte devra être ratifié par les parlements italien et français dans l'année pour une mise en application début 2022.


Une bonne nouvelle pour l'avenir de la vallée car le texte de l'après-guerre freinait depuis plusieurs années les investissements et l'entretien de cette ligne, critiquée pour son manque de rentabilité.

Désormais, ce seront donc les régions (Ligurie, Piémont et PACA) qui financeront l'entretien de la ligne de chemin-de-fer en fonction du nombre de trains en circulation.
 

220 millions d'investissements

Par ailleurs, ce 30 novembre, lors de cette commission intergouvernementale entre la France et l'Italie, près de 220 millions d'euros d'investissements à court terme ont été décidés pour redynamiser l'axe Nice-Tende-Cunéo-Vintimille, inauguré il y a bientôt un siècle.
 
  • Sur l'axe Nice-Breil, la région PACA "prendra à sa charge 100% de l'investissement, évalué entre 50 et 60 millions d'euros, sur les dix prochaines années", indique Philippe Tabarot, vice-président de la région PACA en charge des transports.
  • Sur l'axe Breil-Tende, l'investissement de 160 millions d'euros sera partagé à égalité entre les deux pays.

La tempête Alex : un "hydrochoc" ?

Au lendemain des intempéries, le Train des Merveilles a répondu présent pour acheminer vivres, matériels, habitants et bénévoles depuis la côte jusqu'à Fontan, puis Tende (via un quai provisoire en amont de la gare de Saint-Dalmas-de-Tende).
Il est le "salut" de la Vallée, répète Jean-Pierre Vassallo, le maire de Tende.
 

Alors, avec ces nouveaux investissements, le Train des Merveilles va-t-il retrouver son lustre d'antan ? "Tout le monde a compris la gravité de la situation", assure Philippe Tabarot. Car, pour la vallée de la Roya, ce train n'a pas qu'un rôle touristique, il a aussi un rôle économique.
 

Quand j'ai accepté de venir travailler sur Tende il y a 27 ans, c'est parce que la ligne fonctionnait et les trains étaient pleins à craquer !

Patricia Alunno, présidente du Comité franco-italien pour la sauvegarde de la ligne Nice-Cunéo-Vintimille

Comme Patricia Alunno, des familles et des entreprises se sont installées le long de cette voie. Mais ces dernières années, cette "ligne de vie", comme l'appelle les habitants, a souffert d'un gros manque d'investissements, notamment à cause de la convention de 1970.
"Notre objectif, c'est d'avoir de nouveau dix allers-retours par jour, de 6h à 20h, pour lutter contre la désertification de la vallée", enchaîne-t-elle.
 

Corridor européen

Les présidents des régions PACA, Ligurie et Piémont ont demandé l'inscription de cette ligne au réseau transeuropéen pour intégrer le corridor européen, jusqu'à Turin. "L'Europe, c'est le deuxième échelon pour demander des fonds et permettre réellement de faire transiter un nombre suffisant de passagers et de marchandises entre Nice et Turin", approuve Laurence Sarfati, membre du Comité franco-italien pour la sauvegarde de la ligne.
 

Signe que l'attachement à ce chemin-de-fer n'est pas franco-français : en Italie, le Nice-Cuneo-Vintimille a été inscrit au concours des "Lieux du cœur" du Fondo Ambiante Italiano (FAI).
Depuis 1975, cet organisme à but non-lucratif met en avant et sauvegarde le patrimoine italien. Le train des Merveilles bataille avec un édifice de la région de Florence pour la première place.
Les internautes ont jusqu'au 15 décembre pour voter ; les trois lieux les plus plébiscités recevront entre 30 et 50.000 euros de subventions.  

Travaux d'urgence

En attendant tous ces investissements, l'heure est à la réparation de la ligne endommagée par la tempête Alex. Des travaux d'urgence de consolidation ont lieu entre Fontan et Tende. Un "mur à arcatures" doit être conforté au nord de Fontan.
 

L'ouvrage est encore en mouvement. On espère pouvoir stabiliser les déplacements de l'ouvrage d'ici le 15 décembre

Karim Touati, directeur territorial SNCF Réseau PACA


D'autres travaux se déroulent entre le quai provisoire et la gare de Saint-Dalmas-de-Tende : "un clouage au droit d'un viaduc dont les terrains ont été emportés par la tempête Alex, le comblement d'un trou sous la voie et le renouvellement de la voie", poursuit Karim Touati.

Ces travaux d'urgence, chiffrés à 20 millions d'euros seront pris en charge :
  • par l'Etat (10 millions)
  • la région PACA (8 millions) 
  • le département des Alpes-Maritimes (2 millions).
Il restera ensuite à réparer l'axe Breil/Vintimille, estimé à 2,5 millions d'euros.
 

"La première chose à faire quand la ligne fonctionnera de nouveau, ce sera de remettre des trains de marchandises, du fret", continue Patricia Alunno.
"Plus que jamais, le train va avoir un vrai sens pour désenclaver des villages et permettre de nouveau une attractivité touristique et économique", conclut Philippe Tabarot.

L'objectif est de remettre en service l'axe Nice-Tende d'ici le 18 janvier prochain. 

 
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