La pétition va bon train. plus de 150 signatures ce vendredi 14 juin. Des riverains fermement opposés à un projet de centre d'accueil dans le sous-sol de l'église Notre-Dame de Fatima, située dans le quartier du Borrigo à Menton. La mairie dit n'être au courant de rien et ne pas avoir été consultée pour ce projet.
À l'heure de la sortie de l'école, dans le quartier populaire du Borrigo à Menton (Alpes-Maritimes), les discussions ne tournent qu'autour de cela. Face à l'établissement, voici l'église Notre-Dame de Fatima, une grande chapelle coincée entre plusieurs immeubles, plutôt discrète depuis cette rue passante.
Il y a quelques jours, une rumeur a circulé selon laquelle une partie de l'église servirait à accueillir des personnes dans le besoin, sans plus de précision. Très vite, chacun se met à imaginer ce que cela signifie, accueil de migrants ou de mineurs isolés...
Il n'en fallait pas plus pour qu'une pétition soit lancée.
Une pétition qui n'y va pas par quatre chemins. En préambule, les signataires évoquent le lieu sacré et historique pour "notre communauté". Ajoutant qu'il faut "protéger la sécurité des élèves", évoquant enfin les "nuisances des futurs occupants" qui devraient bientôt arriver.
Accueillir des gens de la rue
Joint au téléphone par France 3 Côte d'Azur, l'un d'eux pointe la démarche obscure qui entoure ce projet. "C'est en mars que nous avons eu vent de cela", précise cet habitant qui préfère garder l'anonymat. Il s'agissait de "redynamiser le quartier en s'abstenant de demander toute subvention. Nous avons trouvé l'approche étrange".
L'initiateur du projet, le père Régis Peillon, prêtre de la paroisse, explique alors aux habitants qu'il aura besoin de bénévoles. Est alors avancée l'idée d'un centre pour accueillir des gens de la rue.
"Mais qu'adviendra-t-il de ces gens quand le centre sera fermé ?" Une crainte en effet pèse sur le dispositif si le nombre de bénévoles pour encadrer la structure n'est pas obtenu : "on va retrouver les gens dans le quartier, certains seront peut-être alcoolisés, c'est un vrai danger pour nos enfants !"
Beaucoup ont en mémoire le projet d'accueil de mineurs isolés à Menton présenté par le département des Alpes-Maritimes et enterré depuis, après l'opposition soulevée par les habitants.
Fantasmes et craintes
Interrogé sur ce projet, le père Régis Peillon dit être très surpris par l'hostilité généralisée face à une chose qui est en gestation, mais en rien finalisée. Il tient à remettre les pendules à l'heure : "il n'est pas question d'accueillir des migrants ou des mineurs isolés mais seulement, de façon ponctuelle, une à deux personnes en réinsertion".
C'est la charité qui m'anime dans ce projet.
Père Régis Peillon, prêtre de la paroisse Notre-Dame de Fatima de Mentonà France 3 Côte d'Azur
Un peu sonné par la polémique, l'homme d'Église ajoute : "je gère 14 clochers et, à aucun moment, je ne cherche à être dans l'illégalité".
S'il y a un risque d'insécurité, je renoncerais au projet.
Père Régis Peillon, prêtre de la paroisse Notre-Dame de Fatima de Mentonà France 3 Côte d'Azur
Le père Peillon dit être très investi dans ce quartier populaire de Menton. "On fait de multiples activités", précise-t-il, "des activités ouvertes en marge de l'école". Au-delà, il vient en aide à des migrants ukrainiens dans une autre église de la ville.
Je suis fermement opposé à ce projet pour lequel nous n'avons pas été consultés.
Yves Juhel, maire de Mentondans un communiqué
La ville qui, justement, a fortement réagi à ce projet. Dans un communiqué, son maire (DVD), Yves Juhel, exprime sa colère et son mécontentement. Le premier édile précise : "la municipalité n’a reçu aucune demande d’autorisation et aucun dossier concernant la sécurité ou la conformité de cet espace pour accueillir du public n’a été déposé".
"J'ai été choqué"
Une réaction totalement surréaliste pour le père Peillon, et mensongère selon ses dires. Certes, il y a bien un projet mais, à aucun moment, il n'a été caché ou fait en douce. "Nous avons présenté les choses publiquement lors d'une réunion début juin où plusieurs élus de la mairie de Menton étaient présents."
La pétition, puis la réaction de la mairie, troublent l'homme d'Église : "je me sens empêché dans ma foi, j'ai été choqué".
Dans le quartier du Borrigo, à Menton, les habitants parlent volontiers de leurs craintes. "Vous savez", explique Gérard, "les choses ne sont pas claires, le curé m'a confié qu'il voulait accueillir des défavorisés, mais il n'a pas voulu préciser, alors on imagine tout ! Ici, c'est un quartier tranquille, on veut juste éviter les ennuis". Cet habitant a déjà signé la pétition.