Dans la vallée du Caïros sur la commune de Saorge, les habitants toujours coupés du monde

Le passage de la tempête Alex a emporté une partie de la route départementale 40 qui serpente dans la Vallée du Caïros. Depuis plus de deux semaines, quinze habitants continuent d'y vivre, coupés du monde et ravitaillés par hélicoptères.

"On habite à 50-60 m de la rivière et en hauteur mais, cette nuit-là, on n'a pas arrêté de l'entendre. Des rochers de plusieurs tonnes roulaient comme des galets et l'eau rentrait partout dans la maison. On avait l'impression d'être sur un bateau, isolés, perdus."
Cette nuit-là, Yves Albou s'en souviendra longtemps. Au matin du 3 octobre : un paysage dévasté, eau, électricité et réseau téléphonique coupés.
 
La vallée du Caïros, c'est l'une des entrées du Parc du Mercantour. Ici, les intempéries ont emporté une maison (ses occupants n'étaient pas présents) et une partie de la RD 40 sur plusieurs centaines de mètres, coupant cette vallée en deux.

Des habitants tentent de revenir dans la Vallée du Caïros, dimanche 18 octobre

Dans la partie haute, désormais inaccessible, vit une trentaine de personnes. La moitié a été rapatriée sur la côte, comme Yves.

Toujours coupés du monde

17 jours plus tard, l'eau potable et l'électricité sont revenues dans la Vallée du Caïros, qui dépend de la commune de Saorge (Alpes-Maritimes). Le réseau téléphonique est toujours hors-service.

C'est un peu pénible parce que je ne peux pas appeler les miens

Jackie Schmitt, habitante de la Vallée du Caïros (Saorge)

Alors, pour retrouver un peu de réconfort et un lien vers l'extérieur, elle va chez son cousin, Eric Martini. Lui non plus n'a pas retrouvé de téléphone, mais il a Internet. "Tous les jours, on se rassemble pour se donner la main, s'entraider", explique-t-il.

C'est d'ailleurs grâce à une application de messagerie que nous avons réussi à les contacter. Eric, un Saorgien de 54 ans, doit venir à côté de sa box pour pouvoir nous répondre.

On n'a plus de route, la piste forestière est tombée et la route départementale 40 est partie au niveau du pont du diable. Il y a environ 400m de route à recréer dans le lit de la rivière.

Eric Martini, habitant de la  Vallée du Caïros (Saorge)

Résilience et patience

Dans la voix de ces deux habitants, pas de colère, plutôt de la résilience et des remerciements. "Dans votre article, vous pouvez mettre un mot pour les agents d'Enedis, la protection civile et tous les bénévoles qui sont venus nous aider ?", demande Eric. "Faut pas demander trop, faut être patient, je me contente de ce qu'il y a, c'est déjà pas mal", poursuit Jackie.

Cette retraitée de 72 ans a pourtant perdu des terrains et un "cabanon" avec plusieurs outils d'électroménager. Elle craint maintenant pour sa maison, qui n'est plus qu'à "4,20 mètres du trou creusé par les intempéries".
 

S'il pleut de nouveau, j'ai peur que le terrain ne rebouge et que ma maison parte avec...

Jackie Schmitt


D'autres sont plus remontés. Notamment quand ils entendent que "l'accès aux stations de sports d'hiver sera assuré" dans la Tinée et la Vésubie.

Quand on se bat contre la Vésubie et la Tinée où y a toutes les routes de ski, c'est difficile de ramener la couverture chez nous. On est à 700m, la neige va arriver, il va geler. Tous les efforts se portent sur la Vésubie et la Tinée et nous, on ne voit rien venir, on récolte des miettes !

Yves Albou, membre du Collectif de la Vallée du Caïros

 

Des travaux qui commencent

Le collectif de la Vallée du Caïros voudrait "faire venir un gros bulldozer et une grosse pelle pour déblayer les gorges du pont du diable et refaire une piste carrossable pour rouvrir l'accès à la vallée", poursuit Yves Albou. Une demande qui a été entendue.
 

Aujourd'hui, un bulldozer et une pelle arrivent dans le bas de la Vallée pour refaire un bout de piste dans le lit du Caïros. Deux autres engins de Force 06 tentent un autre passage par le haut de la Vallée, via Breil-sur-Roya et La Maglia.

Brigitte Bresc, maire de Saorge


Difficile pour la maire de dire combien de temps cela prendra. Ni si les premières neiges et le gel arriveront en premier. Se posera alors la question d'évacuer ou non la vallée.

"Les habitants veulent rester", continue Brigitte Bresc. "On verra à ce moment-là. On ne peut pas non plus évacuer toute une vallée, car il y aurait des risques de pillages et certains habitants ne reviendraient pas."
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