"Elle appartient à tous les Français" : à Nice, la statue de Jeanne d'Arc sera déboulonnée, le maire répond à la controverse par une souscription

Le tribunal administratif de Nice a annulé le contrat de 170 000 euros entre la métropole et l'atelier Missor pour une statue monumentale de Jeanne d'Arc, suite à un recours du préfet. La décision, basée sur l'absence de mise en concurrence, oblige la ville à démonter l'œuvre.

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À la suite à une requête du préfet des Alpes-Maritimes, le tribunal ordonne l'annulation du contrat liant la métropole niçoise à l'atelier Missor, un collectif d'artistes. La municipalité se voit désormais dans l'obligation de procéder au démantèlement de l'œuvre.

La statue monumentale de la célèbre héroïne française, qui trônait dans la ville, devra finalement être retirée de son emplacement actuel. Retour sur cette affaire aux contours judiciaires, politiques... et idéologiques.

Un contrat de 170 000 euros... aux règles d'attribution douteuses 

L'œuvre monumentale trône fièrement sur la place portant le nom de l'héroïne française. La statue de Jeanne d'Arc a été réalisée par l'atelier Missor, un collectif d'artistes niçois.

Placée au-dessus d'un nouveau parking souterrain près de l'église Sainte-Jeanne d'Arc, elle représente la paysanne sauveuse de la France à cheval, brandissant une épée. Cependant, ce qui devait être une acquisition prestigieuse s'est transformé en un boulet politique et judiciaire pour la ville de Nice. 

La Régie métropolitaine des parcs de stationnement (Parcs d'Azur) a choisi l'atelier Missor sans lancer d'appel d'offres ni mettre en concurrence d'autres artistes. Cette décision a été vivement contestée par le préfet des Alpes-Maritimes, représentant de l'Etat, qui y a vu une violation des règles de la commande publique. Le tribunal administratif de Nice a donné raison au préfet, annulant le contrat et ordonnant le démontage de la statue.

Interviewé ce jeudi 16 janvier par France 3 Côte d'Azur, le préfet Hugues Moutouh nous éclaire sur cette décision : "À partir du moment où j'ai des indices, des présomptions d'illégalité, j'ai le devoir de transmettre à la juridiction administrative les actes qui me semblent illégaux, à charge ensuite à la juridiction de dire le droit. (...) On est là pour appliquer la loi et les décisions de Justice. On ne se substitue pas aux magistrats."

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L'affaire a également pris une tournure politique, avec l'opposition municipale critiquant l'attribution directe du contrat. Un élu écologiste a même déposé un signalement pour soupçons de favoritisme, entraînant l'ouverture d'une enquête. 

L'Atelier Missor : un choix politique de Christian Estrosi ?

La réalisation de la statue a été confiée à l'Atelier Missor, un collectif d'artisans installé à Nice depuis 2020. Ce choix questionne pour plusieurs raisons. L'atelier est connu pour ses créations de bustes de figures historiques appréciées des milieux conservateurs, telles que Napoléon Bonaparte ou Jeanne d'Arc. Le fondateur de l'atelier, surnommé "Missor", revendique quant à lui son anti-modernité, notamment à travers les vidéos postées sur la chaîne YouTube du collectif.

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Au Figaro, il expliquait notamment son opposition aux mouvements visant à déboulonner les statues de figures historiques controversées.

Quand j'ai vu qu'il y avait un mouvement pour déboulonner des statues, je me suis dit que j'allais en faire.

Missor, sculpteur à la tête de l'atelier niçois

L'atelier et son fondateur revendiquent une vision traditionaliste de l'Histoire, bien loin de la volonté de remettre en question certains éléments historiques. "Ça me semble comme une évidence qu'il faut redonner Napoléon à notre époque, explique Missor au Figaro. Avec nos statues, on affirme une pérennité."

Et quand on lui demande qui il voudrait représenter de son vivant, la réponse est sans détours : "Elon Musk", très proche de Donald Trump affichant son soutien à des figures de l'extrême droite, comme récemment en Allemagne avec l'AfD. L'AfD est connu pour son opposition à l'Union européenne et à l'immigration en Allemagne.

Dans l'ordonnance rendue mardi, la Justice a considéré que la régie Parcs d'Azur n'avait pas établi "des raisons artistiques particulières (qui) auraient exigé que cette commande d'une sculpture monumentale de Jeanne d'Arc (...) soit confiée exclusivement à l'Atelier Missor".

La régie a indiqué faire appel de cette décision, se disant "surprise", dans la mesure où le même tribunal, saisi en référé, avait adopté une position inverse dans une décision rendue le 23 février.

Lancement d’une souscription populaire

Ce jeudi après-midi, le maire de Nice a annoncé lancer une "une souscription populaire pour sauver la statue de Jeanne d’Arc."

Christian Estrosi dit prendre acte de la décision et "d’Azur s’y conformera, mais contestera en appel cette décision. (...) Pour sauver la statue, je me réjouis du lancement d’une souscription populaire visant à prendre en charge son financement et son maintien devant l’église Sainte-Jeanne d’Arc. Je remercie mon ami André Barthe, ancien adjoint à la culture et personnellement lié à ce quartier Jeanne d’arc et le prince Joachim Murat, dont la famille incarne une grande partie de l’histoire de notre nation, qui en portent l’initiative.
Nous appelons tous les citoyens de Nice et d’ailleurs qui le souhaitent à y participer.

Et d'ajouter : "Comme Jacques Chirac l’a si justement dit, Jeanne d’Arc « appartient à tous les Français".

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