Le tribunal administratif de Nice, saisi par une association de défense de l'environnement, décidera vendredi si l'autorisation de vente de deux nouveaux pesticides du fabricant américain Dow doit être suspendue dans toute la France en raison des risques pour la santé des abeilles.
"Il y a un doute, un doute sérieux et urgence", a plaidé à l'audience jeudi Me François Lafforgue, l'avocat de l'association Générations Futures qui a attaqué en référé l'autorisation de mise sur le marché délivrée le 27 septembre par l'Anses, l'agence nationale de sécurité sanitaire.Ce matin notre avocat Maitre Lafforgue nous représentait dans le cadre de notre recours en référé suspension d'insecticides à base de #sufloxaflor. Face à lui 2 avocats de Dow, 2 de ses représentants & 3 représentants de l’ANSES. La décision est attendue demain, vendredi 24/11 pic.twitter.com/wfUisgttWS
— Générations Futures (@genefutures) 23 novembre 2017
Les deux pesticides visés, le Transform et le Closer, servent à traiter contre les pucerons les cultures de grands champs et les fruits et légumes grâce à une substance active, le "sulfoxaflor", que le fabricant recommande d'épandre à raison d'une seule dose par an, et pas moins de cinq jours avant la floraison.
"Il y a un doute, un doute sérieux et urgence", a plaidé à l'audience jeudi Me François Lafforgue, l'avocat de l'association Générations Futures.
L'avocat de Générations Futures, après avoir rappelé le déclin alarmant des abeilles depuis vingt ans, dû notamment aux néonicotinoïdes, a plaidé pour le principe de précaution. Les néonicotinoïdes, en passe d'être interdits, avaient été présentés dans les années 1990 comme des substituts inoffensifs aux pesticides précédents, et il a appelé à pas "reproduire les mêmes erreurs".
Deux pesticides visés
Le Transform et le Closer "ne sont que des néonicotinoïdes d'une nouvelle génération", a-t-il souligné. Un "amalgame" dénoncé ensuite par les avocats du fabricant, Mes Julien Moiroux et Éric Nigri qui ont rappelé que le sufoxaflor était autorisé dans 41 pays, dont le Canada, les États-Unis et l'Afrique du Sud.
Pour l'association, Me Lafforgue a aussi mis en doute le mode d'emploi rédigé par Dow pour limiter le risque pour les abeilles, "des mesures pas suffisantes et inapplicables" selon lui: "Qui détermine quand est la floraison? Quelle est la floraison des cultures? (...) Est-ce qu'on peut faire un contrôle efficace ?".
"Nous sommes tous préoccupés du sort des abeilles et la façon dont nous délivrons les autorisations de mises sur le marché visent à réduire le risque", a répondu la directrice générale adjointe de l'Anses, Françoise Weber, venue défendre en personne les autorisations signées de sa main en septembre.
L'audience se déroulait au tribunal administratif de Nice en raison de la localisation géographique du siège social de Dow Agrosciences: la branche phytosanitaire du groupe Dow Chemicals en cours de fusion avec l'autre géant américain Dupont est basée dans la technopole de Sophia Antipolis.