Le procès de Patrick Postillon s'ouvre ce lundi 23 octobre à Nice. Il est accusé de blanchiment aggravé, d'escroquerie, d'emplois fictifs et d'abus de confiance. Cet ancien magna du notariat était à la tête d'une des plus importantes études de France située en plein cœur de Nice.
Il est aujourd'hui âgé de 69 ans, Patrick Postillon était l'image de la réussite avant sa déchéance... En 2009, après différents litiges entre associés, il annonce son départ de la société.
Multiples mises en examen
Patrick Postillon était à la tête de la SCP Postillon et associés, l'une des plus importantes études de France, située quartier des musiciens à Nice. À son apogée, près de 90 personnes y travaillaient. L'affaire date de 2010, où il est mis en examen pour abus de confiance concernant des emplois fictifs au profit de sa compagne et de deux autres personnes. Déchu de son titre de notaire, son patrimoine estimé à 20 millions d'euros est saisi en 2013.
Il est ensuite mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale, escroquerie et abus de confiance. Il lui est notamment reproché d'avoir blanchi 1,6 million d'euros.
Il y a des associés, qui à un moment, peut-être par jalousie ont voulu tuer le « père », une fois qu’ils l’ont tué, ils se sont aperçus que père était celui qui manageait tout ça. Et qu’il avait permis que cette étude fût ce qu’elle était.
Me Gérard Baudoux, avocat de Patrick Postillon
Pour Me Baudoux, avocat du prévenu, les dépenses reprochées à son client ont toujours été justifiées et nécessaires pour le compte de la société.
Une guerre entre associés
En 2010, les différents associés se reprochent mutuellement leurs dépenses. Après sa mise en examen, Patrick Postillon porte plainte contre six de ses anciens associés pour abus de confiance et faux en écriture, la plainte sera classée sans suite.
Aujourd'hui, c'est bien lui qui est derrière la barre, et ces anciens associés se sont constitués parties civiles. Ce passionné de course automobile et de pur-sang aimait se déplacer à bord de son jet privé. Il aurait recruté un ancien militaire reconverti comme pilote d'hélicoptère, avec un contrat de "clerc de notaire". Des dépenses, décrites dans la procédure comme : "inconsidérées liées à un avion, de nombreuses voitures de société, très haut de gamme".
M. Postillon qui était notaire, en réalité ne l'était plus. Il était agent immobilier, marchand de biens, homme d'affaires, tout sauf notaire. Et il s'est livré à un véritable pillage au détriment de ses associés et de la société.
Me Philippe Soussi, avocat des parties civiles.
Pour Philippe Soussi, la somme détournée est très compliquée à estimer : "cela faisait des années que Postillon finançait l'ensemble de ses dépenses personnelles au préjudice de la SCP. Par exemple, ce haras en région parisienne, financé par la société" explique-t-il.
L'audience doit durer deux semaines.