Après 18 mois de conflit, grève en haute saison à la SNCM

Les syndicats de la compagnie maritime en difficulté SNCM ont entamé mardi une grève qui s'annonce dure, au démarrage de la saison touristique vers la Corse, pour protester contre les menaces pesant sur leur entreprise.

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Avec cet arrêt de travail, tous les navires de la SNCM sont à quai mardi pour une durée indéterminée, interrompant les traversées vers le Maghreb et la Corse, à une semaine de la haute saison dans l'île de Beauté. 
Tous les syndicats, CGT - SAMMM - FO - CFE-CGC - CFDT - CFTC, ont appelé au mouvement, reconductible toutes les 24 heures, à l'exception du Syndicat des travailleurs corses (STC).

Hostile à la grève, l'Office des transports de Corse a d'ores et déjà organisé un service de substitution, avec le concours de Corsica Ferries, pour limiter l'impact du mouvement, notamment au niveau du fret.

"Je ne suis pas là pour briser des grèves, c'est un droit constitutionnel. J'utilise à mon tour des moyens légaux pour pallier ce sabotage", justifie son président Paul-Marie Bartoli.

Le début de cette 3ème grève depuis le début de l'année devait initialement correspondre à la tenue de l'assemblée générale des actionnaires, qui doit entériner la reprise en main de la société par son actionnaire majoritaire Transdev (66%) avec la nomination d'un nouveau président du conseil de surveillance. 
L'AG a été reportée au 3 juillet, mais la grève, elle, a été maintenue. Une manière pour les syndicats de laisser une petite chance à "une grève rapide" et de sauver la saison d'été.

Un conseil de surveillance, qui s'est tenu vendredi à la demande des représentants salariés et actionnaires salariés (9%), n'a pas permis de lever les inquiétudes des salariés, malgré les paroles rassurantes du nouveau patron de la compagnie Olivier Diehl, qui a dit dans la presse "croire en l'avenir de cette compagnie".

Craintes de démantèlement :

"Nous ne pouvons pas attendre septembre pour dénoncer les mensonges et les reniements de l'Etat", justifie le délégué CFE-CGC des officiers Pierre Maupoint de Vandeul, qui craint, à l'instar des autres syndicats, un "démantèlement après la saison estivale".
Choisi par Transdev avec l'appui de l'Etat, M. Diehl déplore évidemment le moment de la grève et met en garde contre un mouvement qui pourrait conduire l'entreprise tout droit au tribunal de commerce.
"Nous pouvons verser à tout moment dans une situation préjudiciable. (...) Je pense que le timing n'est pas le bon", a-t-il déclaré à la Provence mercredi, annonçant une activité "en recul de 10,8% et de 13% sur la Corse" depuis le début de l'année.
Un argument balayé par Frédéric Alpozzo, représentant de la CGT Marins (majoritaire) : "ses patrons (ceux d'Olivier Diehl, NDLR) ont mis la SNCM dans toutes les pages des journaux pour la salir, c'est lamentable".
Mais dans leurs préavis, les syndicats s'en prennent surtout à l'Etat, coupable à leurs yeux de toutes les trahisons.
"Nous réclamons que les actionnaires, dont l'Etat (25%, ndlr), respecte (nt) leurs engagements (...) La grève, si elle se tient, sera de l'entière responsabilité du gouvernement", poursuit M. Alpozzo.
Car depuis 18 mois, estiment les syndicats, l'ancienne direction avaient mis l'entreprise sur de bons rails avec un plan industriel de relance.
Ce plan, longtemps soutenu par le gouvernement, prévoyait un pacte social avec 500 suppressions de postes (sur 2.600), l'augmentation du temps de travail et, en face, la commande de quatre navires plus performants, avec à la clef des gains de productivité.
Si le pacte social a bien été enclenché, la commande de bateaux a été arrêtée net lors de nomination de M. Diehl, justifié par l'état des finances de la compagnie et la lourde de sanction de l'Union européenne, qui demande à la compagnie de rembourser 440 millions d'euros d'aides publiques jugées illégales. 
Dans leurs préavis, les syndicats demandent le traitement simultané des contentieux européens, des financements des navires et du changement d'actionnariat, Transdev souhaitant sortir du capital de la SNCM.
Ils ont écrit aux élus de l'Assemblée de Corse pour qu'ils se tournent "vers le gouvernement", afin "d'éviter une nouvelle grève qui pénaliserait les
salariés comme les entreprises et les usagers du service public de continuité territoriale
".
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