L'espoir de clore enfin ce dossier douloureux. Des familles de victimes de l'attentat du 14 juillet à Nice ont un rendez-vous crucial et difficile ce mardi 12 décembre. Les résultats des tests ADN réalisés sur les organes prélevés sur les victimes leurs seront révélés.
Cinq familles de victimes de l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice qui attendent toujours la restitution des organes prélevés sur leurs proches lors des autopsies ont rendez-vous ce mardi à Paris.
Le parquet antiterroriste délivrera aux proches concernés le résultat des analyses génétiques sur les organes prélevés sur le corps de leurs proches décédés et conservés sans plus d'informations depuis 7 ans.
Une étape douloureuse et cruciale, qui nécessitera sans doute de nouvelles inhumations.
Dans les jours qui ont suivi l'attentat perpétré sur la Promenade des Anglais, le parquet national antiterroriste (PNAT) avait autorisé des autopsies sur les corps de quatorze victimes.
En tout, 173 organes ont ainsi été prélevés... et placés sous scellés, sans forcément en informer les proches.
Le premier combat de certaines familles aura été d'obtenir la restitution de ces organes. Mais pour une partie d'entre elles, un terrible doute persistait : les organes qu'on allait leur restituer seraient-ils bien ceux de leurs défunts ?
J'ai pleuré pendant le procès, lorsqu'on nous a annoncé la restitution des organes. Je me suis dit : ça y est, on est au bout, c'est fini. Mais c'était il y a plus d'un an, et ça n'est toujours pas fini.
Thierry Vimal, père d'Amie âgée de 12 ans, tuée le 14 juillet 2016France 3 Côte d'Azur.
De petits échantillons des organes aurait suffi
Lors du procès, l'ancien procureur antiterroriste François Molins avait expliqué que ces autopsies visaient à établir les causes du décès quand elles n'étaient pas évidentes, ou encore à écarter toute suspicion de négligence médicale ou d'atteinte par balle.
Mais il avait reconnu que prélever de petits échantillons des organes aurait suffi et il s'était déclaré favorable à des tests ADN.
Lors de son témoignage devant la cour, François Mollins avait rappellé que la loi stipule qu'une autopsie peut être ordonnée par le procureur dans le cadre d'une enquête et que le médecin légal procède aux prélèvements biologiques nécessaires aux besoins de l'enquête.
Le prélèvement des organes entiers ne se fait "que dans des situations très particulières". "Voilà dans notre esprit ce qui va se passer lorsque nous prenons nos réquisitions", martèle-t-il devant la cour le 10 octobre 2022.
Ce n'est que "quelques jours plus tard", que le procureur découvre que l'institut médico-légal (IML) a procédé au prélèvement de quasiment tous les organes, en entier, sur chacune des victimes autopsiées. À ce moment-là, le parquet n'est déjà plus en charge de l'enquête.
Il déclare à la barre en 2022.
Quand on a appris ce qui s'était passé, c'était trop tard, le mal était fait.
Lors du procès, l'ancien procureur antiterroriste François Molins.
C'est un laboratoire basé à Nantes qui a été chargé de l'identification des organes. Les familles ont d'abord donné leur ADN.
Au printemps dernier, il a été établi qu'il correspondait au dossier d'autopsie des défunts. Il fallait ensuite comparer ces profils génétiques avec les organes mis sous scellés. Le processus a duré plus longtemps que prévu.
Le 10 décembre prochain, le laboratoire communiquera les résultats définitifs au parquet antiterroriste, qui laisse le choix aux familles de le recevoir par correspondance ou d'assister à une réunion ce 12 décembre 2023.