Me Arié Alimi, avocat des trois filles de Geneviève Legay, militante blessée lors d'une manifestation interdite le 23 mars, a sollicité le dépaysement dans un autre tribunal que Nice, justifié selon lui par un manque d'objectivité du parquet local dans ce dossier "particulièrement sensible".
Le parquet général d'Aix-en-Provence, saisi par l'avocat des filles de la manifestante de 73 ans blessée dans une charge de police samedi dernier à Nice, statuera rapidement sur sa demande de dépaysement du dossier quand elle lui sera parvenue, a-t-on appris de source judiciaire.
"A compter de la réception de cette demande, il peut être envisagé une décision sous huitaine", a indiqué le parquet général à l'AFP. Les textes n'imposent aucun délai particulier.
Le parquet de Nice a ouvert dès samedi une enquête pour rechercher les causes des blessures, toujours en cours. Geneviève Legay, 73 ans, manifestait place Garibaldi samedi avec une cinquantaine de personnes qui contestaient l'interdiction de manifester dans une grande partie de Nice, à la veille de la visite officielle du président chinois Xi Jinping.
Le procureur "en faveur des forces de l'ordre" ?
"Le préfet des Alpes-Maritimes (06) est visé par la plainte, le parquet s'est positionné dans les médias en faveur des forces de l'ordre visées par la plainte et n'est donc plus objectif dans le cadre de sa mission de mise en oeuvre de l'action publique", expose Me Arié Alimi dans sa demande, dont l'AFP a eu copie.
Nous pouvons désormais affirmer que Genevieve a été poussée délibérement par un membre des forces de securisation. Contrairement aux déclarations de @EmmanuelMacron @cestrosi @prefet06. Nous demandons la démission de #procureurdelarepubliquedeNice immédiate https://t.co/p9lQmDcVbt
— Arié Alimi Avocats (@AA_Avocats) 26 mars 2019
"Enfin, la subornation de témoin dénoncée dans la plainte vise les policiers enquêteurs", dit-il.
Lundi, le procureur de la République de Nice Jean-Michel Prêtre avait exclu que la manifestante ait été poussée par un policier, lors d'un point presse tenu avant une manifestation de soutien à Geneviève Legay à Nice, comme le montre cet extrait vidéo :
Plusieurs centaines de personnes avaient défilé dans le calme, issues du monde associatif et de la gauche niçoise.
Les trois filles de Mme Legay ont déposé plainte lundi contre X pour violences volontaires commises en réunion par personne dépositaire de l'autorité publique, avec usage d'une arme, et sur personne vulnérable" et "subornation de témoin". Attac a déposé une plainte identique.
Les trois filles de Mme Legay visent aussi le préfet pour "complicité de violences volontaires aggravées".
Toujours hospitalisée, la septuagénaire souffre de multiples fractures du crâne et les médecins lui ont découvert mardi cinq côtes fracturées, repoussant l'éventualité d'une sortie de l'hôpital où elle avait été admise avec un pronostic réservé.