L'écrivain niçois Jean-Marie Gustave Le Clézio estime que les "trois assassins", auteurs des attaques la semaine dernière à Paris, "nés et grandis en France", "ne sont pas des barbares", mais qu'ils "sont tels qu'on peut en croiser tous les jours".
"A un certain point de leur vie, ils ont basculé dans la délinquance, parce qu'ils ont eu de mauvaises fréquentations, parce qu'ils ont été mis en échec à l'école, parce que la vie autour d'eux ne leur offrait rien qu'un monde fermé où ils n'avaient pas leur place, croyaient-ils", écrit le Prix Nobel de littérature dans un texte intitulé "Lettre à ma fille au lendemain du 11 janvier 2015". Comme lui, une quinzaine d'écrivains s'expriment sur les tueries de la semaine dernière dans le supplément littéraire du Monde."Trois assassins, nés et grandis en France, ont horrifié le monde par la barbarie de leur crime. Mais ils ne sont pas des barbares. Ils sont tels qu'on peut en croiser tous les jours, à chaque instant, au lycée, dans le métro, dans la vie quotidienne", affirme-t-il, appelant à "briser les ghettos, ouvrir les portes".
"J'entends dire qu'il s'agit d'une guerre. Sans doute, l'esprit du mal est présent partout (...)", écrit encore Le Clézio.
Aux côtés de Jean-Marie Gustave Le Clézio, Jakuta Alikavazovic, Christine Angot, Russell Banks, Hoda Barakat, Luc Boltanski, Antoine Compagnon,"Mais c'est une autre guerre dont il sera question: une guerre contre l'injustice, contre l'abandon de certains jeunes, contre l'oubli tactique dans lequel on tient une partie de la population (en France, mais aussi dans le monde)", poursuit-il.
Ismail Kadaré, Kamel Daoud, Camille Laurens, Sabri Louatah, François Morel, Amélie Nothomb, Olivier Rolin, Lydie Salvayre, Abdellah Taïa et Karine Tuil ont confié au Monde "leurs sentiments, leurs espoirs et leurs craintes" après ces tueries. (Avec AFP)