Climat. 2022 a été l'année la plus chaude enregistrée, "nous sommes dans l'urgence" redit une spécialiste

Canicules, sécheresse, feux de forêts…La hausse des températures a marqué l'année 2022 avec des phénomènes météorologiques extrêmes, conséquences manifestes du dérèglement climatique.

L'année 2022 restera dans les annales, mais pas pour de bonnes raisons. Avec une température moyenne qui devrait dépasser 14 °C et être ainsi plus de 1,1 °C au-dessus de la normale (moyenne de référence entre 1991 et 2020), elle détrônerait l'année 2020 au premier rang des années les plus chaudes jamais enregistrées depuis le début des mesures de Météo France.

Toujours selon l'institut de prévisions météorologiques national, les températures ont été supérieures à la normale la majeure partie de l’année, de 1 à 3 °C en moyenne, selon les régions. Seul le mois de janvier a été inférieur à la normale.

L'année a été jalonnée d’épisodes de chaleur et de douceur remarquables, avec notamment une période de chaleur très précoce en mai, trois vagues de chaleur durant l’été et un épisode tardif exceptionnel durant la seconde partie du mois d'octobre.

L'été 2022, le plus chaud jamais enregistré en Europe 

Si l'année 2022 bat un record de chaleur historique, c'est en grande partie à cause des températures exceptionnellement élevées de cet été. Une chaleur durable s’est installée sur la France, ponctuée par trois vagues de chaleur du 15 au 19 juin, du 12 au 25 juillet puis du 31 juillet au 13 août. Ces épisodes caniculaires ont marqué les esprits par leur intensité et leur durée.

L'été 2022 n'a pas non plus beaucoup vu la pluie, et tout particulièrement en mai et juillet. Ces deux mois ont été exceptionnellement secs et ensoleillés et ont enregistré un déficit record de précipitations. Le mois de juillet 2022, déficitaire de près de 85 %, se classe même au second rang des mois les plus secs, tous mois confondus depuis 1959. En juin, les orages ont été à l'inverse très nombreux.

À l’échelle de la France et de la saison, la température moyenne de 22,7 °C a été supérieure à la normale de 2,3 °C, ce qui place l’été 2022 au deuxième rang des étés les plus chauds sur la période 1900-2022 derrière l’été 2003 (+2,7 °C) et devant l’été 2018 (+1,5 °C). 

La France n'a pas été le seul pays touché par ces bouleversements liés au réchauffement climatique. À l'échelle européenne, l'été 2022 a été le plus chaud jamais enregistré, selon le programme de l'Union européenne Copernicus.

Les températures moyennes en Europe ont dépassé d'1,3 °C celles de la période 1991-2000.

La région Provence-Alpes-Côte d'Azur pas épargnée

Ces chaleurs extrêmes ont entraîné des phénomènes météorologiques incontrôlés et dévastateurs. Le manque de pluie et la sécheresse ont par exemple considérablement impacté les récoltes agricoles comme celle des olives. On se souviendra également des incendies en Gironde, qui ont mobilisé pendant plusieurs jours des centaines de pompiers et brûlé plus de 30.000 hectares de forêt. 

La région Provence-Alpes-Côte d'Azur n'a pas été épargnée par ces bouleversements liés au changement climatique.

Dans les Alpes-Maritimes, l'assèchement du lac artificiel du Broc, situé dans un parc naturel à une vingtaine de kilomètres de Nice, en est une des conséquences.

Avec un niveau d'eau à moins de 8 mètres, le département a été contraint en août dernier d'y interdire temporairement la pêche, afin de protéger les espèces piscicoles. 

À Nice, la ville a connu, depuis le 30 juin, 56 nuits dites "tropicales" consécutives. Dues en partie à la température élevée de la Méditerranée, ces nuits particulièrement chaudes sont devenues la norme au cœur de l’été 2022.

Et selon Nathalie Hilmi, responsable de la section "économie environnementale" au Centre Scientifique de Monaco, il va falloir s'y habituer :

La mer est censée tempérer et rafraîchir le climat, sauf qu'aujourd'hui, les vagues de chaleur sont également marines et contribuent donc au réchauffement de l'atmosphère. C'est pour cela qu'il fait si chaud.

Nathalie Hilmi, responsable de la section "économie environnementale" au Centre Scientifique de Monaco

"Avec la montée des eaux, l'érosion côtière, la dégradation de l'écosystème marin, le risque d'inondation, c'est toute la côte qui est en péril", poursuit celle qui est aussi auteure du rapport du  Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). "S'il n'y avait que ça... Mais de l'autre côté, la montagne est tout autant impactée ! La fonte des glaces complique l'accès à l'eau pour l'agriculture, par exemple".

Nathalie Hilmi affirme en outre que le dérèglement climatique présente un réel danger pour l'économie locale. En effet, qui ira au ski s'il n'y a pas de neige ? Ou à la plage s'il fait trop chaud ? "Sur la Côte d'Azur, tous les phénomènes sont regroupés", résume-t-elle.

L'année 2023 commence avec de nouveaux records de chaleur

Sur la journée du 1er janvier 2023, les températures ont été en moyenne supérieures de 7 degrés par rapport aux normales de saison. "Cela fait de cette journée la quatrième la plus chaude depuis 1947 sur la période allant du 15 décembre au 15 janvier", souligne Christine Berne, prévisionniste chez Météo France.

Localement, de nombreux records ont été battus dimanche 1er janvier, avec notamment 24 degrés à Dax, 23 degrés à Biscarrosse. Des villes situées plus au nord-est ont également connu leur température la plus chaude depuis 1918, comme Besançon (18,6 degrés), ou 1945, comme Dijon (16,8 degrés).

Météo France alerte sur le fait que de telles températures pourraient correspondre à la norme en milieu de siècle, sauf en cas de réduction massive et immédiate des émissions de gaz à effet de serre. "Nous sommes dans l'urgence", alerte Nathalie Hilmi, "c'est maintenant que ça se joue". 

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