Alors qu'il présentait son programme pour un deuxième quinquennat en tant que président de la République, Emmanuel Macron a émis l'idée d'une fusion entre la Métropole Nice Côte d'Azur et le département des Alpes-Maritimes. Une idée qui plait peu à ses opposants locaux.
Emmanuel Macron sait comment faire parler de sa candidature dans le sud de la France... Lors de la conférence de presse qu'il a donné ce jeudi 17 mars à Aubervilliers, le Président et candidat à sa succession, a annoncé qu'une fusion entre la Métropole Nice Côte d'Azur et le département des Alpes-Maritimes était possible.
Qu'a dit Emmanuel Macron ?
Il parlait de l'éventualité où des métropoles voudraient "construire de nouveaux équilibres avec le reste de leur territoire". "Je suis attaché au principe de différenciation qui permet d'avoir des libertés locales un peu différentes", a-t-il déclaré. Et de poursuivre :
Peut-être que la Métropole de Nice a vocation à fusionner avec le département. C'est un projet qui est loin d'être inintéressant. C'est d'ailleurs porté par le président de la métropole. S'il arrive à convaincre un ou deux de ses collègues, c'est un vrai projet de simplification.
Emmanuel Macron
Concrètement, qu'est-ce qu'une fusion ?
Pour illustrer la faisabilité de ce projet, le candidat de La République en Marche (LREM) a rappelé l'exemple de la communauté urbaine de Lyon, qui a fusionné en 2015 avec le département du Rhône.
La fusion des services et des projets départementaux se ferait uniquement sur le périmètre de la métropole. Pour rappel, celle-ci regroupe 51 communes qui représentent la moitié de la population des Alpes-Maritimes et près d'un tiers de la superficie de ce territoire.
La métropole récupérerait donc les compétences du département soit :
- l'action sociale,
- la gestion des collèges,
- la voirie départementale ou encore les pompiers.
Mais en dehors du territoire de la métropole, ce serait toujours le département des Alpes-Maritimes qui gérerait ces sujets.
Qu'en pensent les politiques locaux ?
Le premier concerné, le président du Conseil départemental des Alpes-Maritimes Charles-Ange Ginesy n'a pas tardé à faire connaître son désaccord après l'annonce du président. "Les Alpes-Maritimes ne sont toujours pas à vendre", écrit-il dans un communiqué.
Emmanuel Macron est décidément incorrigible ! (...) Une fois de plus, il administre ainsi la preuve de sa profonde méconnaissance de la France des territoires.
Charles-Ange Ginesy, président du Conseil départemental.
Selon lui, cette fusion n'apporterait "rien, si ce n’est de fragiliser d’autres intercommunalités qui fonctionnent parfaitement, soutenues par le Conseil départemental". La République tient grâce au "couple communes-départements", d'après Charles-Ange Ginesy, il en est "le fondement le plus solide, le seul à résister au désamour démocratique". Il accuse ce projet d'être "projet déconnecté, bureaucratique et parisien".
Eric Ciotti, notamment concerné en tant que vice-président du département, a lui aussi été très virulent. Dans un tweet, il annonce que "l'avenir des Alpes-Maritimes ne se jouera pas au bonneteau* macronien sur fond de tambouille politicienne où l'on récompense la trahison. Ceux qui ont ce sombre dessein me trouveront devant eux !".
* Le bonneteau est un jeu d'argent, un jeu de dupes de l'ordre de l'escroquerie NDLR.
Christian Estrosi, président de la métropole Nice Côte d’Azur, n'a pas réagi directement.
En revanche, au moment où Emmanuel Macron faisait cette annonce, il répétait son soutien au candidat LREM, appelant les Niçois à s'engager "plus que jamais pour la réélection d'Emmanuel Macron".
Pour le moment, rien ne permet d'affirmer que cette fusion est un projet bien concret.
Toutefois, sa mention lors de la présentation du programme et le rapprochement entre Christian Estrosi et Emmanuel Macron amènent à penser que c'est un sujet dont ils ont déjà discuté. Eux, que l'on sait déjà si proche.